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Société missionnaire de Bethléem
CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Déc 07
Enfantine attente : quand la joie simple ouvre un chemin pour Dieu

Enfantine attente : quand la joie simple ouvre un chemin pour Dieu

Il y a, dans l’Avent, quelque chose de très proche du monde de l’enfance. Un climat fait d’attente, de frémissement, d’un presque-rien qui met en mouvement tout le cœur. Comme si Dieu profitait de ce temps pour nous réapprendre doucement l’art d’attendre… non pas avec tension ou inquiétude, mais avec cette fraîcheur intérieure que seuls les enfants savent garder. L’Évangile nous rejoint aujourd’hui avec ce cri de Jean le Baptiste qui traverse les siècles : « Préparez le chemin du Seigneur. » Mais comment préparer ? Et avec quel regard ?

Lorsque l’on écoute la première lecture du prophète Isaïe, on se rend compte que son peuple n’attend plus grand-chose. Il a connu l’exil, l’humiliation, la lenteur des retours, les promesses qui semblent tarder… Et voilà que du fond de ce paysage un peu brisé, Isaïe ose raconter une histoire de renaissance. Il parle d’une souche coupée, morte en apparence… et il dit qu’un rameau va en sortir. Il décrit un monde où le loup habite avec l’agneau, où la terre, épuisée, recommence à porter du fruit. Ce n’est pas une vision naïve : c’est la manière d’Isaïe d’annoncer que Dieu, même dans nos hivers, prépare quelque chose. Que nos petites espérances ne sont jamais ridicules aux yeux du Créateur. Que le cœur humain peut se relever plus souvent qu’il ne croit.

Paul, lui, dans sa lettre aux Romains, résume tout cela d’une phrase simple : « Tout ce qui a été écrit l’a été pour nourrir notre espérance. » Comme si les Écritures n’étaient pas d’abord des récits anciens, mais des semences d’espérance plantées dans notre aujourd’hui.

Et puis l’Évangile nous emmène au désert. Jean le Baptiste n’est pas un personnage facile : il dérange, il secoue, il n’arrondit rien. Pourtant, derrière son austérité, il porte une joie secrète : celle de savoir que Quelqu’un vient. Il voit déjà la lumière qui s’avance, et il voudrait juste que personne ne passe à côté. Alors il crie. Il invite. Il appelle. Il demande que les chemins soient redressés, non pas pour correspondre à une règle, mais pour que le cœur soit prêt à reconnaître Celui qui approche.

Autour de lui, les foules affluent. Les pécheurs, les simples, les blessés, les gens qui cherchent. Ils viennent se laisser baptiser parce qu’ils pressentent qu’un changement est possible. Et au milieu de cette humanité en quête, certains pourtant restent figés : les pharisiens, les sadducéens. Ils pensent qu’avoir Abraham pour père suffira. Ils n’attendent plus vraiment. Ils se sont installés. Et Jean les secoue pour les réveiller : « Produisez du fruit ! » Autrement dit : laissez la vie circuler à nouveau en vous.

Ce qui frappe dans ce passage, c’est que Jean ne parle jamais d’un délai précis. Il ne dit pas : « Dans trois jours » ou « Au prochain sabbat ». Il dit simplement : « Il vient. » Le temps de Dieu est un temps qui se laisse approcher par ceux qui l’attendent de tout leur cœur.

Et c’est ici qu’entre en scène cette analogie si belle avec la neige. Il y a ceux qui attendent en redoutant — craignant le froid, la gêne, les routes glissantes. Il y a ceux qui attendent en calculant — pensant aux bénéfices, au rendement, à ce que cela leur apportera. Et il y a les enfants. Ceux qui, dès le matin, collent leur front contre la fenêtre pour vérifier si un flocon est tombé. Ceux qui préparent déjà les gants, les projets, les jeux. Ceux qui espèrent avant de voir.

Cette manière d’attendre est exactement celle que Jean nous propose pour la venue du Christ. Une attente joyeuse. Une attente active. Une attente qui prépare déjà le terrain pour que la grâce puisse entrer.

Bethléem, finalement, nous enseigne la même chose. Dieu vient dans notre monde non pas comme un juge ou un roi imposant, mais comme un enfant fragile, dépendant, offert. Un enfant que l’on ne peut accueillir qu’avec un cœur simple. Ceux qui attendaient Dieu sous la forme de la puissance ne l’ont pas reconnu. Ceux qui savaient encore s’émerveiller l’ont aperçu dans une mangeoire.

Notre Avent, peut-être, se joue là : retrouver en nous cette capacité d’enfance. Cette légèreté qui permet de s’émerveiller. Cette joie discrète qui prépare la place. Cette disponibilité qui ouvre la porte avant même d’entendre frapper. Et alors, la venue du Christ ne sera pas un événement lointain ou abstrait : elle prendra racine dans notre vie, dans nos gestes, dans notre manière d’aimer.

Prière du jour

Seigneur Jésus,
toi qui viens sans bruit,
ravive en nous un cœur d’enfant.

Libère-nous des peurs qui rétrécissent l’attente,
des calculs qui l’abîment,
des fatigues qui l’assombrissent.

Enfant de Bethléem,
toi qui fais naître la lumière dans la pauvreté d’une étable,
apprends-nous à espérer comme les enfants espèrent la neige :
avec une joie simple,
un cœur ouvert,
et des mains déjà prêtes à accueillir ta venue.

Fais de notre Avent un temps où tout recommence,
un temps où ton pas se fait entendre,
un temps où nos chemins deviennent enfin droits
pour que tu puisses venir jusqu’à nous.

Amen.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ces jours-là,
paraît Jean le Baptiste,
qui proclame dans le désert de Judée :
    « Convertissez-vous,
car le royaume des Cieux est tout proche. »
    Jean est celui que désignait la parole
prononcée par le prophète Isaïe :
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.

    Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau,
et une ceinture de cuir autour des reins ;
il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage.
    Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain
se rendaient auprès de lui,
    et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain
en reconnaissant leurs péchés.
    Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens
se présenter à son baptême,
il leur dit :
« Engeance de vipères !
Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
    Produisez donc un fruit digne de la conversion.
    N’allez pas dire en vous-mêmes :
‘Nous avons Abraham pour père’ ;
car, je vous le dis :
des pierres que voici,
Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
    Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres :
tout arbre qui ne produit pas de bons fruits
va être coupé et jeté au feu.

    Moi, je vous baptise dans l’eau,
en vue de la conversion.
Mais celui qui vient derrière moi
est plus fort que moi,
et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient dans sa main la pelle à vanner,
il va nettoyer son aire à battre le blé,
et il amassera son grain dans le grenier ;
quant à la paille,
il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 7 décembre 2025.


Références bibliques

  • Is 11, 1-10
  • Rm 15, 4-9
  • Mt 3, 1-12