Jésus ne se laisse jamais enfermer dans une lecture rigide de la Loi. En guérissant un malade un jour de sabbat, il nous révèle la hiérarchie du Royaume : avant toute règle, il y a la charité. La vraie sainteté ne se mesure pas à la conformité extérieure, mais à la capacité d’aimer en tout temps.
Le Christ, Maître du sabbat et de la miséricorde
Dans l’évangile de ce jour (Lc 14, 1–6), Jésus est invité à un repas chez un chef des pharisiens. C’est un jour de sabbat, et ses adversaires l’observent attentivement, espérant le prendre en défaut. Devant lui se tient un homme atteint d’hydropisie — une maladie qui provoque des gonflements douloureux.
Jésus, voyant la souffrance de cet homme, pose une question désarmante :
« Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? »
Face au silence gêné des docteurs de la Loi, Jésus agit. Il prend le malade, le guérit, et le renvoie libre. Par ce geste, il révèle la véritable intention du sabbat : non pas suspendre la vie, mais la servir. Le repos du sabbat n’est pas indifférence, mais participation à l’œuvre créatrice de Dieu, qui veut que l’homme vive.
L’amour du prochain, loi suprême de Dieu
Le légalisme pharisien avait fini par transformer la Loi en carcan. Jésus la remet à sa juste place : la Loi existe pour l’homme, non l’homme pour la Loi.
« Si l’un de vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer, même le jour du sabbat ? »
Par cette parole, Jésus touche le cœur du problème : nos priorités. Ce qui importe avant tout, c’est l’amour concret du prochain, surtout de celui qui souffre. Guérir un malade, tendre la main à celui qui tombe, consoler celui qui pleure — voilà le vrai culte qui plaît à Dieu.
Saint Paul, dans la première lecture (Rm 9, 1–5), contemple ce mystère de la fidélité de Dieu envers son peuple. Il se rappelle les dons que Dieu a faits à Israël : l’adoption, l’alliance, les promesses. Et il confesse avec émotion :
« De leur race est issu le Christ, Dieu, qui est au-dessus de tout, béni pour les siècles. »
Le Christ, né du peuple d’Israël, accomplit toutes les promesses en révélant le visage miséricordieux du Père. En lui, la Loi devient chair, tendresse, compassion. Il ne détruit pas la Loi — il la transfigure.
Dans la lumière de Bethléem : la charité avant tout
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, cette scène prend un relief particulier. Le Dieu tout-puissant se fait petit, vulnérable, proche des blessés. Il vient guérir non pas seulement les corps, mais les cœurs courbés par la peur et la culpabilité.
Jésus ne sépare jamais la prière du service, ni la foi de la charité. En lui, le sabbat devient un espace de miséricorde, un temps où l’amour se rend visible. Suivre Jésus, c’est refuser le confort d’une religion qui observe sans aimer, qui se protège au lieu de se pencher. C’est choisir la liberté intérieure de celui qui se laisse guider par la compassion divine.
Et nous, que faisons-nous lorsque la souffrance croise notre chemin ? Nous arrive-t-il de laisser passer l’occasion d’aimer au nom d’un “règlement”, d’une “fatigue”, d’un “ce n’est pas le moment” ?
Le Christ nous invite à ne jamais congédier la charité, même quand tout semble nous justifier. Car chaque jour est le bon jour pour aimer. Chaque rencontre est un sabbat à vivre dans la lumière de Dieu.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui vois la souffrance cachée et les cœurs courbés,
donne-nous ton regard de compassion.
Apprends-nous à ne jamais opposer la Loi à l’amour,
ni la prière au service.Que nos mains se fassent légères pour guérir,
nos paroles simples pour consoler,
et nos cœurs ouverts pour accueillir.Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Un jour de sabbat,
Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens
pour y prendre son repas,
et ces derniers l’observaient.
    Or voici qu’il y avait devant lui
un homme atteint d’hydropisie.
    Prenant la parole,
Jésus s’adressa aux docteurs de la Loi et aux pharisiens
pour leur demander :
« Est-il permis, oui ou non,
de faire une guérison le jour du sabbat ? »
    Ils gardèrent le silence.
Tenant alors le malade, Jésus le guérit et le laissa aller.
    Puis il leur dit :
« Si l’un de vous a un fils ou un bœuf
qui tombe dans un puits,
ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer,
même le jour du sabbat ? »
    Et ils furent incapables de trouver une réponse.
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 31 octobre 2025.
Références bibliques
- Rm 9, 1–5
 - Lc 14, 1–6
 
                    




























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