Il existe des moments où nos forces s’épuisent, où le poids des jours devient trop lourd, où le cœur peine à avancer. La Parole de Dieu aujourd’hui vient se poser là, dans cette zone fragile où nous vacillons. Elle ne nie pas le poids du fardeau ; elle nous montre comment marcher avec lui sans nous briser. C’est une leçon d’endurance non pas physique, mais intérieure, celle qui fait tenir les jours et garder la joie.
Dans la première lecture, le prophète Isaïe contemple une humanité à bout de souffle : « Les jeunes gens se fatiguent, les athlètes s’effondrent » (Is 40, 30). L’exil a pesé, la route a été éprouvante, et le peuple revient meurtri. Isaïe ne leur demande pas d’être plus forts : il leur révèle un secret. « Ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leur force, ils prennent leur envol comme des aigles ; ils courent sans se lasser, ils marchent sans faiblir » (Is 40, 31). Voilà la clé. La force ne vient pas de nous. Elle vient d’un Autre. L’endurance n’est pas une performance intérieure, mais un appui : celui de Dieu qui soutient, qui stabilise, qui console.
L’Évangile prolonge cette parole avec une douceur saisissante. Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28). Il ne dit pas : « déposez votre fardeau », mais : « Prenez sur vous mon joug ». Dans la culture de son temps, le joug n’était pas un instrument d’oppression : il servait à répartir le poids, à préserver le dos, à permettre de parcourir une longue distance sans s’épuiser. Le poids reste le même, mais tout devient différent parce que nous ne le portons plus seuls. Le joug de Jésus, c’est son cœur : « doux et humble ». C’est sa manière de marcher, de regarder, d’aimer. C’est sa force qui se dépose dans nos faiblesses.
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, ce mystère devient encore plus concret. L’Enfant n’a rien pour porter le poids du monde—et pourtant, il en porte la lumière. Il ne force rien, mais il soutient tout. Il ne s’impose pas, mais il éclaire la route. Endurer spirituellement, c’est entrer dans cette simplicité : accepter d’être petit, dépendant, conduit. L’endurance chrétienne n’est pas une armure ; c’est une confiance. Elle ne durcit pas le cœur ; elle l’ouvre. Elle ne nous isole pas ; elle nous attache à Celui qui marche avec nous.
Alors, aujourd’hui, peut-être sommes-nous appelés à poser un geste intérieur très simple : remettre notre force entre les mains du Christ. Ne plus avancer par nous-mêmes. Chercher son souffle plutôt que le nôtre. C’est là que l’endurance renaît. Car celui qui espère dans le Seigneur ne s’arrête plus à ses limites : il s’appuie sur la fidélité de Dieu. Celui qui prend le joug du Christ ne porte plus seul son histoire : il la partage avec Celui qui connaît le poids de nos jours et sait comment les traverser.
C’est ainsi que nos fardeaux deviennent des chemins, et que notre fatigue devient un lieu de rencontre. Le Christ ne nous enlève pas ce que nous portons ; il nous apprend comment le porter. Alors la route s’ouvre. Et nos pas se relèvent.
Prière du jour
Enfant de Bethléem,
toi dont la douceur soutient les cœurs fatigués,
mets en nous la force tranquille de ton amour.
Apprends-nous à marcher avec ton joug,
non par obligation, mais par confiance.
Dépose ta paix au creux de nos lassitudes,
et fais de notre faiblesse un lieu de ta lumière.
Que ton humble présence
nous aide à tenir, avancer, espérer.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus prit la parole :
« Venez à moi,
vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug,
devenez mes disciples,
car je suis doux et humble de cœur,
et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter,
et mon fardeau, léger. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 10 décembre 2025.
Références bibliques
- Is 40, 25-31
- Mt 11, 28-30





























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