Il y a des heures où la Parole de Dieu descend sur nous comme une main posée sur l’épaule, légère et forte à la fois. L’Immaculée Conception nous a montré hier une grâce qui prépare l’aube ; aujourd’hui, la liturgie nous conduit vers la consolation, cette visitation intérieure où Dieu rejoint son peuple blessé. C’est l’heure où tout recommence, non par la force, mais par la tendresse.
Dans l’Ancien Testament, nous entendons le début du grand Livre de la Consolation : « Consolez, consolez mon peuple ». L’exil touche à sa fin. Le peuple revient de loin, marqué, fatigué, hésitant. Et dans cette humanité encore déboussolée, Dieu ne prononce pas de reproche. Il prononce une promesse. Une voix s’élève : « Préparez le chemin du Seigneur ». C’est un appel à se relever. Un appel à l’espérance. Un appel à reconnaître que, même quand tout semble perdu, Dieu se met en route vers nous.
Ce passage d’Isaïe était l’un des plus aimés au temps de Jésus, lu et médité dans les milieux juifs qui attendaient ardemment la venue du Messie. À Qumrân, il était appliqué à la communauté des « fils de lumière », et les évangélistes l’attribueront ensuite à Jean-Baptiste, cette voix qui ouvre les chemins du cœur dans le désert. Tout est là déjà : la consolation n’est jamais un vague apaisement ; elle est le signe que Dieu approche.
L’Évangile du jour, même s’il ne cite pas Isaïe, en prolonge profondément l’élan. Jésus raconte la parabole de la brebis perdue. Ce petit récit, si simple, dit pourtant l’essentiel : Dieu ne se résigne jamais. Si l’un de ses petits s’égare, « ne laissera-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf pour partir à la recherche de celle qui s’est perdue ? » Et s’il la retrouve, nous dit Jésus, « il se réjouit pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées ».
Quel Dieu fait cela ? Quel Dieu connaît jusqu’à la fatigue de nos pas, la confusion de nos choix, l’ombre de nos peurs, et pourtant ne cesse de partir à notre recherche ? Jésus répond : un Père. Un Père qui ne veut pas « qu’un seul de ces petits se perde ».
Dans notre spiritualité de l’Enfant de Bethléem, cette image du berger rejoint tout ce que nous contemplons dans la crèche : un Dieu qui ne domine pas mais se penche, un Dieu qui ne s’impose pas mais se rend fragile, un Dieu qui ne tient rien de force mais reçoit tout par amour. L’Enfant de Bethléem, petit et pauvre, est déjà ce berger : celui qui vient nous rejoindre là où nous avons peur de nous reconnaître perdus. Celui qui, sans bruit, nous porte sur ses épaules. Celui qui console avant même de corriger.
Cette heure de la consolation, c’est peut-être celle dont nous avons le plus besoin aujourd’hui. L’heure où nous acceptons de ne plus nous cacher derrière nos forces. L’heure où nous laissons Dieu marcher dans nos déserts. L’heure où nous découvrons que, pour Lui, aucune de nos errances n’est une défaite. Tout peut devenir chemin de retour.
Alors, laissons-nous rejoindre. Laissons le Berger nous trouver. Acceptons d’être portés. La consolation n’est pas une émotion : c’est une visitation. C’est Dieu qui nous redonne notre nom, notre place, notre espérance. C’est l’heure où le cœur se relève.
Prière du jour
Enfant de Bethléem,
toi qui viens chercher ce qui est perdu
et consoler sans jamais accuser,
ouvre en nous un passage pour ta douceur.
Apprends-nous la confiance des petits,
la simplicité de ceux qui se laissent porter.
Fais naître en nous cette paix
que seule ta présence peut donner.
Et lorsque nous nous égarons,
viens nous retrouver avec la tendresse du Berger.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Quel est votre avis ?
Si un homme possède cent brebis
et que l’une d’entre elles s’égare,
ne va-t-il pas laisser les 99 autres
dans la montagne
pour partir à la recherche de la brebis égarée ?
Et, s’il arrive à la retrouver,
amen, je vous le dis :
il se réjouit pour elle
plus que pour les 99
qui ne se sont pas égarées.
Ainsi, votre Père qui est aux cieux
ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 9 décembre 2025.
Références bibliques
- Is 40, 1-11
- Mt 18, 12-14






























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