La parabole du gérant malhonnête étonne : pourquoi Jésus loue-t-il un homme rusé, voire corrompu ? Ce n’est pourtant pas une approbation de la fraude, mais une leçon spirituelle sur l’intelligence du cœur. Jésus nous appelle à la vigilance, à la fidélité, à une gestion avisée de notre vie, en choisissant résolument le Royaume.
Dénonciation et justice (Am 8, 4-7)
Le prophète Amos, dans la première lecture, fustige les injustices sociales de son temps. Il dénonce sans détour ceux qui « écrasent les pauvres », « faussent les balances » et « achètent les indigents pour une paire de sandales ». La violence du langage souligne une réalité : l’exploitation de l’homme par l’homme est incompatible avec l’alliance divine. Dieu n’oubliera jamais les actes commis contre les plus faibles (Am 8, 7).
Cette dénonciation prophétique trouve un écho dans notre monde d’aujourd’hui, où l’économie est parfois guidée par le profit au détriment de la dignité humaine. La spiritualité de l’Enfant de Bethléem, enracinée dans la pauvreté de la crèche et la simplicité de la vie cachée, nous invite à regarder les pauvres comme les véritables héritiers du Royaume.
Un appel universel à la prière et à la paix (1 Tm 2, 1-8)
Dans sa lettre à Timothée, Paul exhorte à prier pour tous, y compris pour les autorités, afin que la paix règne. Il insiste : Dieu veut que tous soient sauvés. L’appel est clair : nous devons être des intercesseurs, porteurs de paix, de justice et de fraternité.
Paul trace ici le portrait d’un vrai disciple : priant, pacifique, tourné vers l’universalité du salut.
À travers cette lecture, nous découvrons que vivre en fils de lumière, c’est adopter un regard large, miséricordieux, solidaire. C’est aussi, comme les bergers de Bethléem, apprendre à contempler en silence et à porter dans la prière le monde entier.
La parabole du gérant : une pédagogie du choix (Lc 16, 1-13)
Le cœur de l’évangile de ce jour est cette parabole déroutante. Un gérant, sur le point d’être congédié, agit avec ruse pour se garantir un avenir. Ce n’est pas sa malhonnêteté que Jésus loue, mais sa capacité à réagir face à une situation critique. Il sait que son avenir est en jeu et il agit sans tarder.
Jésus nous interpelle ainsi : et nous, savons-nous discerner ce qui est urgent pour notre vie éternelle ? Savons-nous faire preuve d’intelligence spirituelle ? « Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière » (Lc 16, 8). Cette parole sonne comme un reproche.
Le message est clair : notre vie est un don, mais aussi une responsabilité. Nous sommes appelés à être des gestionnaires fidèles du trésor qu’est la Parole, du temps qui nous est donné, des biens que nous possédons. Jésus nous invite à faire de tout cela un usage évangélique.
Et il ajoute : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » (Lc 16, 13). Il ne s’agit pas de mépriser les biens matériels, mais de ne pas en faire une idole. Dans l’esprit de Bethléem, où Dieu s’est fait pauvre parmi les pauvres, l’argent ne peut être qu’un moyen — jamais un maître.
Vivre en fils de lumière : dans l’humilité et la foi
Choisir Dieu, c’est entrer dans une logique opposée à celle du monde. C’est apprendre à voir avec le cœur, à aimer dans le secret, à donner sans attendre en retour. Comme les petits de la crèche, les disciples sont appelés à la confiance totale, à l’abandon joyeux entre les mains du Père.
Dans notre quotidien, cela signifie :
- utiliser nos talents pour servir le Royaume ;
- gérer nos ressources avec justice et partage ;
- poser chaque choix en fonction de l’Évangile.
Le véritable habile n’est pas celui qui s’assure une sécurité terrestre, mais celui qui prépare son cœur pour accueillir le Christ. Le fils de lumière ne fuit pas les responsabilités, mais il les vit sous le regard de Dieu.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui nous appelles à être des fils de la lumière,
Donne-nous un cœur libre des idoles,
Une intelligence éveillée,
Et une foi qui s’exprime dans des gestes concrets.Apprends-nous à gérer notre vie selon ta volonté,
À être fidèles dans les petites choses,
Et à chercher, comme l’Enfant de Bethléem,
Ce qui plaît au Père plutôt qu’au monde.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Un homme riche avait un gérant
qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens.
Il le convoqua et lui dit :
‘Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ?
Rends-moi les comptes de ta gestion,
car tu ne peux plus être mon gérant.’
Le gérant se dit en lui-même :
‘Que vais-je faire,
puisque mon maître me retire la gestion ?
Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force.
Mendier ? J’aurais honte.
Je sais ce que je vais faire,
pour qu’une fois renvoyé de ma gérance,
des gens m’accueillent chez eux.’
Il fit alors venir, un par un,
ceux qui avaient des dettes envers son maître.
Il demanda au premier :
‘Combien dois-tu à mon maître ?’
Il répondit :
‘Cent barils d’huile.’
Le gérant lui dit :
‘Voici ton reçu ;
vite, assieds-toi et écris cinquante.’
Puis il demanda à un autre :
‘Et toi, combien dois-tu ?’
Il répondit :
‘Cent sacs de blé.’
Le gérant lui dit :
‘Voici ton reçu, écris 80’.
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête
car il avait agi avec habileté ;
en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux
que les fils de la lumière.
Eh bien moi, je vous le dis :
Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête,
afin que, le jour où il ne sera plus là,
ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose
est digne de confiance aussi dans une grande.
Celui qui est malhonnête dans la moindre chose
est malhonnête aussi dans une grande.
Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête,
qui vous confiera le bien véritable ?
Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance,
ce qui vous revient, qui vous le donnera ?
Aucun domestique ne peut servir deux maîtres :
ou bien il haïra l’un et aimera l’autre,
ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre.
Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 21 septembre 2025.
Références bibliques
- Am 8, 4-7
- 1 Tm 2, 1-8
- Lc 16, 1-13
Pour méditer
- Quelles sont les « richesses » que nous sommes appelés à gérer ?
- Sommes-nous prêts à choisir Dieu plutôt que les sécurités humaines ?
- En quoi la simplicité de Bethléem nous inspire-t-elle dans notre vie quotidienne ?
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