Lectures du dimanche 20 juin 2021
«Désormais nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine : si nous avons connu le Christ de cette manière, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi.» (2 Co 5, 16)
Le récit de la tempête apaisée qui nous est proposé aujourd’hui a une valeur exemplaire. Il éclaire, en effet, une réalité actuelle. C’est encore aujourd’hui que l’Église navigue dans une tempête et que nous sommes affrontés aux puissances de la mort. Les apôtres ont vécu là, on s’en doute, une expérience importante ; et cette expérience peut éclairer notre conduite lorsque l’épreuve nous surprend et nous accable.
Nous venons de voir, l’aventure des apôtres débute par une invitation de Jésus : «Passez sur l’autre rive !» (Mc 4, 35) Il ne s’agit pas simplement de passer d’un lieu à un autre mais de vivre un événement qui leur permettra de grandir dans la foi ; cependant, ils ignorent ce qui les attend… Tout comme eux, il nous arrive parfois de nous trouver, nous aussi, face à un appel de Dieu : appel au dépassement, à vivre plus intensément notre vie chrétienne, à un nouvel engagement… Si nous répondons oui à l’invitation du Seigneur, nous ne savons pourtant pas à l’avance ce qui va arriver ni jusqu’où cela peut nous mener.
Sans hésitations, les apôtres ont accepté de passer sur l’autre rive ; ils ont même pris l’initiative des préparatifs. Au départ tout se déroule sans problème ; le lac est calme, ils sont bon rameurs, Jésus peut sans autre s’endormir au fond de la barque… Or soudain, le vent se lève, la tempête se déchaîne, les disciples s’affolent… Devant le danger, ils n’ont plus qu’un seul recours : se tourner vers Jésus : «Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ?» (Mc 4, 38)
Le résultat est étonnant : Le Christ commande à la mer et les eaux se calment. Puis vient le reproche à peine voilé : «Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?» (Mc 4, 40) La réaction des disciples n’est pas un acte de foi ardent mais plutôt un étonnement craintif : «Qui est-il donc pour que même le vent et la mer lui obéissent ?» (Mc 4, 41) C’est vrai : on n’accède pas à une foi ferme et profonde du jour au lendemain. Il faut du temps. Il faut vivre plusieurs expériences au plan chrétien pour y parvenir.
Cela vaut aussi pour nous. La mise en pratique de ce qui nous est demandé s’avère souvent plus difficile et plus exigeant que nous l’avions imaginé. Des difficultés surviennent, des contretemps, des imprévus… Et pour cause ! Nous vivons dans le monde, une mer agitée ; et il n’est pas facile de grandir chrétiennement dans ce milieu qui proclame tout autre chose que le message du Christ et nous attire sur des chemins fort éloignés de ceux de l’Évangile. Grande alors est la tentation de tout laisser tomber, de se désengager, de devenir tièdes. On sauve peut-être encore la façade, mais le cœur n’y est plus et on finit bientôt par une plus être croyants que de nom. Comment réagir ?
Nous tourner vers le Seigneur à l’exemple des disciples ! Lui est toujours présent, même s’il paraît dormir. Il saura calmer notre mer agitée et menaçante, apaiser nos peurs, nous redonner force et courage. Avec lui, nous réussirons toujours à passer sur d’autres rives. Lui-même a passé la mort et s’est retrouvé sur la rive d’une vie nouvelle, celle de la résurrection. Soyons-en certains : les petits passages d’une rive à l’autre que nous pouvons accomplir chaque jour nous préparent en définitive au passage ultime, celui de la vie éternelle.
Dès lors, soyons des chrétiens heureux qui, sans minimiser aucunement les dangers intérieurs et extérieurs auxquels ils sont exposés, n’en conservent pas moins un optimisme rayonnant, fondé sur la foi au Christ Jésus. Lui nous aime et demeure avec nous sur la mer de ce monde pour piloter notre frêle embarcation à bon port : «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.» (Mt 28, 20)
Jb 38, 1.8-11 / 2 Co 5, 14-17 / Mc 4, 35-41
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