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Juin 01

Les partis religieux au sein du judaïsme — les Sadducéens

Si tous les Juifs confessaient la foi du Shema Israël et se croyaient héritiers de l’alliance, si, à l’exception des Samaritains, ils considéraient Jérusalem comme la ville sainte où demeure l’Éternel, des groupes de tendances spirituelles différentes se constituèrent progressivement au sein d’Israël. Parmi ceux-ci, nous pouvons nommer les sadducéens, les pharisiens, les esséniens ou encore les zélotes. Mais qui étaient-ils vraiment et qu’est-ce qui les différenciait les uns des autres ? Essayons de découvrir cela. Notons toutefois que la majorité des Juifs n’était membre d’aucun parti. Pour ce premier article, nous étudierons tout d’abord le parti sadducéen.

Le terme sadducéen fait sans doute référence à Sadok, établi Grand-prêtre par Salomon vers 505 av. J.-C. (cf. 1 R 2, 35 ; Ez 40, 46). Se considérant comme les seuls descendants légitimes des grands-prêtres, leur parti était avant tout lié au culte et au sacerdoce. Groupe aristocratique aisé qui recrutait essentiellement chez les prêtres, ils étaient selon Flavius Josèphe puissants et jouissaient de « l’appui des riches plutôt que du peuple » (Ant. Juives 12, 10, 6). Au Sanhédrin, leu autorité était grande, voire absolue jusqu’à la mort d’Alexandre Jannée en 76 av. J.-C. Son épouse, Salomé Alexandra y fit alors entrer les pharisiens afin de limiter leur influence.

Conservateurs, ils étaient opposés à tout changement qu’il soit d’ordre cultuel, religieux ou politique. Dans ce sens, et à la différence des pharisiens, ils ne reconnaissaient que la tradition écrite, la Torah, et refusaient toute autorité à la tradition orale. Tout en considérant que les livres prophétiques et sapientiaux faisaient aussi partie du corpus scripturaire, ils attribuaient une valeur clairement prépondérante au Pentateuque. Ils niaient ainsi la résurrection du corps et l’immortalité de l’âme, ne trouvant pas ces doctrines clairement enseignées dans le Pentateuque. La conception traditionnelle de la rétribution immédiate trouvait plus de faveur à leurs yeux, puisqu’ils interprétaient leur richesse et leur pouvoir comme un signe de la bénédiction de Dieu. Se conformant encore à la lettre de la Torah écrite, ils étaient d’avis que les règles de pureté s’appliquaient uniquement dans l’enceinte du Temple et, qu’en conséquence, elles concernaient essentiellement le clergé. Alors que les pharisiens étendaient les règles de pureté à l’ensemble de l’existence et à toutes les couches de la société, les sadducéens soutenaient que le peuple n’était pas tenu de les respecter et qu’il pouvait donc fréquenter des païens. Partisans du libre-arbitre, ils affirmaient la non-intervention de Dieu dans les affaires des hommes, puisqu’il leur avait donné le libre-arbitre nécessaire pour diriger leur vie et régler leurs problèmes.

A l’époque du Nouveau Testament, les sadducéens avaient toutefois perdu de leur prestige et de leur pouvoir politique et religieux. Plus populaires, les pharisiens grignotaient une grande partie de leur autorité y compris dans le domaine cultuel. C’est sans doute la raison pour laquelle les évangiles s’y réfèrent peu. Une seule fois, ils nous relatent une controverse dans laquelle ils viennent interroger Jésus à propos de la résurrection des morts. (Mc 12, 18-27 et parallèles).

Père Ludovic Nobel