Dieu englobe tous les hommes | Père Ludovic Nobel, supérieur général des Missionnaires de Bethléem

Lectures du dimanche 21 janvier 2024

Seigneur, enseigne-moi tes chemins. (Ps 24, 4a)

Pour les lectures du jour, consultez AELF – 21 janvier 2024.

Le récit de Jonas

Il vaut la peine de jeter de temps en temps un coup d’œil à la Bible et à ses livres. Et aujourd’hui, je vous invite à jeter un coup d’œil au livre de Jonas dans l’Ancien Testament.

Le récit de Jonas se rattache au prophète Jonas, qui vivait au 8e siècle avant Jésus-Christ. Jonas reçoit de Dieu la mission de menacer la ville de Ninive du jugement. Il s’enfuit sur un bateau qui navigue vers Tarshish. Il est pris dans une tempête. Jonas est jeté par-dessus bord, avalé par une baleine et recraché trois jours plus tard à l’endroit où il avait commencé sa fuite. Il reçoit à nouveau la mission de menacer Ninive de destruction.

Il le fait (1ère lecture) et le « miracle » se produit: les habitants se repentent; Dieu retire le jugement. Mais le plus important arrive:

Jonas est excessivement irrité par la patience de Dieu et se retire dans le désert.

Dieu fait pousser un buisson de ricin « qui devait donner de l’ombre à sa tête et dissiper sa colère ». Mais un ver ronge l’arbuste et il se dessèche du jour au lendemain. Jonas, qui souffre à nouveau de la chaleur torride, se met en colère et souhaite mourir. Dieu lui dit alors: « Tu es désolé pour le buisson de ricin pour lequel tu n’as pas travaillé et que tu n’as pas élevé. Du jour au lendemain, il est arrivé, du jour au lendemain, il est rentré. Mais je ne devrais pas être désolé pour Ninive, la grande ville où vivent plus de 120 000 personnes qui ne savent même pas distinguer la droite de la gauche… ? »

C’est ainsi que s’interrompt le livre de Jonas…

L’histoire de Jonas, un récit biblique écrit avec beaucoup de soin et d’attention aux détails, pour autant que l’on ait envie de les découvrir. Je vous invite à le lire vous-même. Il n’y a que quatre chapitres, alors n’hésitez pas à essayer. Mais venons-en à l’enseignement qui nous est proposé aujourd’hui dans le livre de Jonas: pour moi, trois points sont importants.

Jonas est le modèle de l’Israélite pieux

Jonas est le modèle de l’Israélite pieux qui veut que le salut soit limité au peuple élu. En ce sens, Jonas est aussi une partie de nous-mêmes.

Mais le livre de Jonas nous dit que le message de Dieu ne s’arrête pas aux frontières d’Israël, mais qu’il englobe tous les hommes.

Cet enseignement a été accepté par Vatican II, qui n’a cessé de souligner la volonté salvatrice universelle de Dieu et de reconnaître les graines de la vérité dans les autres religions également.

Accepter la réalité

Cela aurait probablement été plus facile pour Jonas si les habitants de Ninivé avaient été différents de ce qu’ils étaient réellement, si l’on avait pu distinguer clairement le faux du vrai, le bien du mal. Mais ce n’est pas le cas. Les gens sont ce qu’ils sont, le monde est ce qu’il est, la réalité est ce qu’elle est, ni tout à fait bonne ni tout à fait mauvaise. Mais c’est la réalité dans laquelle nous vivons, ce sont les gens avec lesquels nous vivons, c’est le monde que nous avons.

Accepter le monde tel qu’il est nous rend libres, car cela nous libère des fausses conditions.

Résister à une culture de la résignation

On remarque que Jonas refuse toujours de faire ce qu’on lui demande. Il se dit: ça ne vaut pas la peine. Tout se passera autrement. Le peu de choses qui sont encore valables ne le sont déjà plus. Qu’est-ce qui me reste?

Nous nous faisons du souci, des soucis justifiés pour beaucoup de choses, comme par exemple pour notre propre santé. Mais nous avons aussi beaucoup de possibilités et de forces en nous, des forces et des possibilités insoupçonnées de Dieu avec nous.

Nous pouvons également y faire confiance.

L’histoire de Jonas est une histoire de mouvement avec beaucoup de hauts et de bas. C’est une histoire qui ne s’arrête pas là, qui nous met au défi.

Oui, au milieu de cette semaine d’unité, la bonté souveraine, la générosité et l’ouverture de notre Dieu doivent toujours nous interpeller. Que la joie de ce Dieu soit notre force dans nos efforts pour l’unité. Amen.

Références bibliques

Jon 3, 1-5.10 / 1 Co 7, 29-31 / Mc 1, 14-20