« Dans le baptême, vous avez été mis au tombeau avec lui et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. » (Col 2, 12)
Les apôtres, ayant souvent contemplé Jésus en prière, L’interrogent : « Seigneur, apprends‑nous à prier » (Lc 11, 1). Plutôt qu’un long discours ou des formules figées, Jésus leur révèle que la prière est l’expression d’une vie intérieure, d’un état d’âme : un souffle de filiation et de service, où se vit la condition d’« enfant de Dieu et frère de ses semblables ».
Le geste filiale : « Père », mot clé de toute prière (Lc 11, 2)
Jésus introduit le Notre Père par un mot inédit : « Père ». Nul avant Lui n’avait osé cette intimité. En l’invoquant, nous proclamons :
« Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne. » (Lc 11, 2)
Cette familiarité suppose aussi l’adoration : faire en nous toute la place à Dieu, pour que son nom soit reconnu par tous et que son Œuvre de Salut, son Royaume, s’étende sur la terre.
Une prière qui engage tout l’être (Lc 11, 3‑4)
La demande filiale précède et fonde toute supplication. Saint Luc la résume en trois requêtes, fruits d’un cœur configuré à la volonté divine :
- Le pain quotidien : matériel et spirituel, signe du Pain eucharistique (Jn 6, 51) et de la Parole vivante qui nourrit l’âme.
- Le pardon des offenses : condition de l’harmonie entre hommes et avec Dieu, reflet du pardon qui nous est accordé.
- La protection dans la tentation : non pour fuir l’épreuve, mais pour la traverser en force, sous le regard du Père.
Ces demandes révèlent un désir d’accomplir la volonté divine avant toute chose. La prière devient alors acte de conformité à ce que le Seigneur attend de nous.
Pain, pardon, protection : contenu de la vie
Comme les Pères de l’Église l’enseignent, le pain incarne toutes nos nourritures : du pain de chaque jour au pain de la Parole. Le pardon manifeste la vocation au rassemblement de tous dans l’intimité du Père. La protection confère le courage de surmonter épreuves et tentations, façonnant notre âme à la résurrection qu’on nous promet.
« Moi, je suis le pain vivant… qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » (Jn 6, 51)
Persévérer et obtenir : exemple de l’ami importun (Lc 11, 5‑8)
Pour illustrer la ténacité de la prière, Jésus raconte l’ami réveillé à minuit :
« Frappant, on lui ouvrira ! » (Lc 11, 9) Cette insistance n’est pas un défaut, mais le signe d’une confiance obstinée. Obtenir l’Esprit Saint demande la même audace, car le Père veut le donner à ceux qui le lui demandent.
La prière : respiration de l’âme
Au-delà des mots, la prière est mode de vie, souffle continuel de l’Esprit :
- Méditer chaque matin le Notre Père, laissant ses paroles habiter mes actions.
- Persévérer quand Dieu se tait, apprenant la foi silencieuse.
- Offrir mon souffle pour les âmes souffrantes, portant leur détresse à l’oreille du Père.
Si nous acceptons de laisser ces paroles façonner notre pensée, la prière deviendra la respiration même de notre âme.
Prière du jour
Père de tendresse,
c’est toi que j’invoque en toute confiance :
enseigne-moi l’audace de l’enfant
qui frappe sans relâche à ta porte.
Que ton nom soit mon humble adoration,
que ton règne guide mes pas,
et que ta volonté devienne le pain qui soutient mes jours.
Amen.
Références bibliques
- Genèse 24, 20-32
- Colossiens 2, 12-14
- Luc 11, 1-13
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.
Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit :
« Quand vous priez, dites :
‘Père,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne.
Donne-nous le pain
dont nous avons besoin pour chaque jour
Pardonne-nous nos péchés,
car nous-mêmes, nous pardonnons aussi
à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Jésus leur dit encore :
« Imaginez que l’un de vous ait un ami
et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :
‘Mon ami, prête-moi trois pains,
car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,
et je n’ai rien à lui offrir.’
Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :
‘Ne viens pas m’importuner !
La porte est déjà fermée ;
mes enfants et moi, nous sommes couchés.
Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’.
Eh bien ! je vous le dis :
même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,
il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,
et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Moi, je vous dis :
Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ;
à qui frappe, on ouvrira.
Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,
lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
ou lui donnera un scorpion
quand il demande un œuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais,
vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint
à ceux qui le lui demandent ! »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 27 juillet 2025.
Pour méditer
- Comment vis‑je aujourd’hui ma filiation à Dieu en priant « Père » ?
- En quoi mes demandes (pain, pardon, protection) révèlent-elles mon ouverture à la vie de l’Esprit ?
- Quel pas de persévérance oserai-je faire pour que ma prière devienne respiration de mon âme ?
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