Lectures du dimanche 15 mai 2022
«Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.» (Jn 13, 34)
Notre insatiable quête de nouveautés nous entraîne souvent en longues migrations de week-ends et de vacances que l’on voudrait pleines d’aventures extraordinaires. En ce début de printemps où la nature se fait neuve, la liturgie vient elle aussi nous parler de nouveauté.
Dans l’Apocalypse, Jean nous parle d’un «ciel nouveau» et d’une «terre nouvelle» (Ap 21, 1). Pour bien comprendre la vision décrite dans l’apocalypse, il convient de la resituer dans son contexte. À l’époque de la rédaction de ces lignes, la toute jeune communauté chrétienne était persécutée, car ses membres ne voulaient pas rendre un culte au tout puissant empereur romain. Devant la menace et la pression exercée par l’Empire romain, les chrétiens étaient démunis, impuissants… Que pouvaient-ils donc faire ?
Dans les situations angoissantes ou déprimantes, il est souvent bon de se projeter dans un avenir meilleur. Effectivement, saint Jean rêve dans son apocalypse, d’un monde nouveau dans lequel règnent justice et paix, monde dans lequel Dieu habite au milieu de son peuple afin de prendre soin de lui.
Depuis la rédaction de ces lignes, nombreux éléments ont changé : il n’y a plus d’empereur dirigeant l’Europe et les chrétiens n’ont plus à craindre son joug. Pourtant, nous avons encore de bonnes raisons de rêver d’un monde nouveau. Nous connaissons d’autres difficultés, d’autres épreuves, qui peuvent s’apparenter à la persécution. L’Église vit depuis de nombreuses années une période de crise et remise en cause profonde, qui pourrait pousser ses membres à rêver d’une Église nouvelle, plus jeune, avec plus de vocations et de personnes engagées, et dont les ministres soient vraiment des témoins fidèles de la Bonne Nouvelle de l’Évangile.
Outre l’Église, nombreux de nos contemporains, empreints au doute quant à leur avenir professionnel, éprouvés par la maladie et le deuil ou encore recherchant le sens perdu de leur existence, semblent espérer l’avènement d’un monde nouveau.
L’Évangile d’aujourd’hui nous enseigne que la réponse à cette aspiration universelle ne provient pas d’un apport extérieur mais d’un renouvellement intérieur du cœur de l’homme. C’est le sens profond du commandement de l’amour souhaité par le Christ. Certains rétorqueront que ce commandement n’a rien de nouveau : les hommes n’avaient pas attendu Jésus pour s’aimer. Ce qui est neuf, c’est que cet amour est signe de l’amour de Dieu pour tous les hommes. La nouveauté réside ainsi dans le regard qui découvre Dieu vivant dans le visage de l’autre. Libéré de la peur de la mort, le renouvellement de notre joie nous offre aussi l’émerveillement de nous découvrir instruments du Seigneur dans son amour de la Création.
Ac 14, 21b-27 / Ap 21, 1-5a / Jn 13, 31-33a.34-35
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