Ce que la Parole de Dieu nous propose aujourd’hui, c’est un véritable défi spirituel : aimer jusqu’à l’impossible. Le Christ nous invite à vivre une radicalité de l’amour qui va bien au-delà des codes sociaux et moraux habituels. Il s’agit d’un amour qui se manifeste non seulement envers nos proches ou nos bienfaiteurs, mais également envers ceux qui nous blessent, nous calomnient, nous dépossèdent. L’évangile n’est pas une morale tiède : c’est un feu qui consume nos logiques de réciprocité.
La charité, sommet de la vie chrétienne
Saint Paul, dans sa lettre aux Colossiens (Col 3, 12-17), trace les contours d’une vie nouvelle, marquée par la compassion, la bonté, l’humilité, la douceur, la patience. Il insiste avec force : « Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait ».
Cet amour n’est pas sentimentalisme. Il se traduit dans des gestes concrets de pardon, de reconnaissance mutuelle, de paix partagée. Il repose sur le modèle du Christ : « Pardonnez-vous mutuellement, comme le Seigneur vous a pardonné ».
Le pardon est donc le souffle même de cette vie nouvelle.
Une logique renversante
L’enseignement de Jésus dans l’évangile (Lc 6, 27-38) renverse les normes humaines. « Aimez vos ennemis… priez pour ceux qui vous calomnient… Donnez à qui vous demande… ».
À travers ces injonctions, Jésus nous appelle à sortir du cycle de la vengeance et de la méfiance pour entrer dans celui de la gratuité et de la miséricorde. Il ne s’agit pas d’accepter la violence, mais de la désarmer par l’amour.
Ce n’est qu’ainsi que nous deviendrons vraiment « fils du Très-Haut ».
Dans l’esprit de l’Enfant de Bethléem
La spiritualité de l’Enfant de Bethléem nous invite à embrasser la petitesse et la vulnérabilité. Le pardon, dans cette lumière, n’est pas faiblesse mais puissance de Dieu à l’œuvre dans notre misère. Pardonner, c’est donner un espace au Dieu de la crèche, qui s’invite dans nos blessures pour les transformer en lieux de grâce.
Là où le monde réclame justice et compensation, l’Évangile propose la paix et l’abandon confiant. L’enfant de la mangeoire est celui qui, devenu adulte, meurt en disant : « Père, pardonne-leur ».
Sommes-nous prêts à aimer au-delà de nos blessures ? Sommes-nous disposés à laisser Dieu désinstaller nos logiques de revanche pour faire naître en nous un amour libre et miséricordieux ? Aujourd’hui, choisissons le chemin du pardon. Il est le seul qui ouvre à la paix véritable.
C’est en pardonnant que nous serons pardonnés. C’est en donnant que nous recevrons. C’est en aimant que nous deviendrons fils et filles du Très-Haut.
Prier avec la Parole
Seigneur, apprends-nous à aimer comme toi.
Quand nous sommes blessés, donne-nous de ne pas riposter.
Quand nous sommes jugés, mets sur nos lèvres une parole de paix.
Apprends-nous la puissance du pardon,
Et fais de nous des artisans de miséricorde,
Humbles, doux et libres,
Comme l’Enfant de Bethléem.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus déclarait à ses disciples :
« Je vous le dis, à vous qui m’écoutez :
Aimez vos ennemis,
faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent,
priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue,
présente l’autre joue.
À celui qui te prend ton manteau,
ne refuse pas ta tunique.
Donne à quiconque te demande,
et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.
Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous,
faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
Si vous faites du bien à ceux qui vous en font,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs en font autant.
Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs prêtent aux pécheurs
pour qu’on leur rende l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis,
faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour.
Alors votre récompense sera grande,
et vous serez les fils du Très-Haut,
car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux
comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.
Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et on vous donnera :
c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante,
qui sera versée dans le pan de votre vêtement ;
car la mesure dont vous vous servez pour les autres
servira de mesure aussi pour vous. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 11 septembre 2025.
Références bibliques
- Col 3, 12-17
- Lc 6, 27-38
Pour méditer
- Quel pas concret puis-je faire aujourd’hui pour vivre le pardon ?
- En quoi l’attitude de Jésus face à ses ennemis me bouscule-t-elle ?
- Comment faire du pardon un chemin de libération personnelle et communautaire ?
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