Le Christ ne nous appelle pas à la peur, mais à la confiance. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus parle du “jour du Fils de l’homme” — un jour imprévisible, comparable aux temps de Noé ou de Loth, où les hommes vivaient sans se douter de rien. Ce passage, souvent perçu comme une menace, est en réalité une invitation à une vigilance paisible, une veille du cœur éclairée par l’amour et la foi.
La première lecture, tirée du Livre de la Sagesse (Sg 13, 1-9), nous rappelle que Dieu se révèle dans la beauté et l’harmonie du monde : « S’ils sont capables d’avoir une idée sur le cours éternel des choses, comment n’ont-ils pas découvert Celui qui en est le Maître ? » Autrement dit, les merveilles de la création devraient nous conduire à contempler le Créateur.
Pourtant, l’humanité s’attarde souvent à admirer les œuvres sans remonter à leur source. Cette tentation de se laisser absorber par le visible, le matériel, ou l’immédiat, est la même que celle dénoncée par Jésus : un monde distrait, oublieux de Dieu, vivant “comme si” rien n’allait jamais changer. Mais la foi du disciple voit au-delà des apparences. Elle lit dans les événements, même les plus ordinaires, les signes de la présence divine.
Dans l’Évangile selon saint Luc (Lc 17, 26-37), Jésus rappelle deux récits bibliques — ceux de Noé et de Loth. Les hommes, absorbés par leur vie quotidienne, furent surpris par la catastrophe. Jésus ne cherche pas à faire peur, mais à nous réveiller à la vérité essentielle : tout ce qui est terrestre est passager, et seul l’amour demeure : « Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera. » Le message est clair : il ne s’agit pas de fuir le monde, mais de l’habiter en gardant le cœur libre, prêt à tout remettre entre les mains de Dieu. La vigilance chrétienne n’est pas une angoisse, mais une attente habitée. Elle ne guette pas la fin du monde, mais la venue du Christ, déjà présent au cœur de l’histoire.
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, cette vigilance prend le visage de la paix. Dieu ne vient pas avec le fracas du tonnerre, mais dans la douceur d’un enfant couché dans une mangeoire. Être prêt à accueillir le Seigneur, c’est vivre chaque jour dans la lumière de son amour, en cultivant la simplicité, la miséricorde et la confiance. Le contraire de la vigilance chrétienne, ce n’est pas la distraction, mais la peur. L’angoisse paralyse, alors que la foi veille dans la paix. L’Enfant de la crèche nous enseigne à attendre Dieu dans la confiance des pauvres — ceux qui n’ont rien à perdre parce qu’ils ont déjà tout donné.
Le Royaume de Dieu ne se construit pas dans la peur d’une fin, mais dans l’espérance d’un commencement. Chaque acte d’amour, chaque pardon offert, chaque geste de service prépare la venue du Christ. Être vigilant, c’est vivre le présent comme un lieu de rencontre avec Dieu, sans nostalgie du passé ni crainte de l’avenir. Ainsi, la véritable vigilance est celle du cœur aimant : celle qui prie, qui espère et qui bâtit. La fin du monde, pour le croyant, n’est pas un effondrement mais une naissance.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui viens à l’improviste dans le silence du quotidien,
apprends-nous à t’attendre sans peur.
Fais grandir en nous la vigilance de l’amour,
celle qui espère ton retour dans la paix.
Délivre-nous de l’angoisse du lendemain,
et donne-nous de vivre chaque jour comme un don.
Que ton Esprit fasse de nos cœurs des Bethléems vivants,
ouverts à ta présence et à ta lumière.Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Comme cela s’est passé dans les jours de Noé,
ainsi en sera-t-il dans les jours du Fils de l’homme.
On mangeait, on buvait, on prenait femme, on prenait mari,
jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche
et où survint le déluge qui les fit tous périr.
Il en était de même dans les jours de Loth :
on mangeait, on buvait,
on achetait, on vendait,
on plantait, on bâtissait ;
mais le jour où Loth sortit de Sodome,
du ciel tomba une pluie de feu et de soufre
qui les fit tous périr ;
cela se passera de la même manière
le jour où le Fils de l’homme se révélera.
En ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse,
et aura ses affaires dans sa maison,
qu’il ne descende pas pour les emporter ;
et de même celui qui sera dans son champ,
qu’il ne retourne pas en arrière.
Rappelez-vous la femme de Loth.
Qui cherchera à conserver sa vie la perdra.
Et qui la perdra la sauvegardera.
Je vous le dis :
Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit :
l’une sera prise, l’autre laissée.
Deux femmes seront ensemble en train de moudre du grain :
l’une sera prise, l’autre laissée. »
Prenant alors la parole, les disciples lui demandèrent :
« Où donc, Seigneur ? »
Il leur répondit :
« Là où sera le corps,
là aussi se rassembleront les vautours. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 14 novembre 2025.
Références bibliques
- Sg 13, 1-9
- Lc 17, 26-37






























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