CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Juil 15

Semer la parole

Lectures du dimanche 16 juillet 2023 

«Le semeur sortit pour semer» (Mt 13, 1-23)

Jésus utilisait un langage concret, proche des gens ! Aussi, son enseignement est -nourri d’observations et d’expérience qui rejoignaient les gens ! A l’époque, il s’adressait essentiellement à des gens qui vivaient des fruits de la terre qu’ils cultivaient ! Aujourd’hui, Jésus userait sans doute d’un autre langage…

Une chose remarquable dans l’Évangile d’aujourd’hui est qu’on n’a pas seulement une parabole, mais à la fois la parabole et son interprétation.  Cela est très inhabituel, puisque l’usage classique de la parabole comportait une technique selon laquelle le rabbin ou le maître amenait chaque auditeur à tirer ses propres conclusions de la parabole. Aussi, cette parabole se passerait pourrait très bien se passer de prédication, puisqu’elle nous offre l’interprétation qu’en faisait très certainement l’Eglise primitive.

Cette interprétation reste d’actualité et nous interpelle dans notre façon d’écouter et d’accueillir la parole de Dieu. Adaptée à notre époque, le message de cette parabole serait alors le suivant : les terrains sont les coeurs de ceux qui entendent la parabole. Il y a ceux qui l’entendent sans aucun lendemain, qui, à la première écoute, sourient et s’en débarrassent d’un revers de main : les gens trop sérieux qui n’ont pas de temps à perdre avec des histoires d’enfant…

Il y a ceux qui, après l’avoir entendue, éprouvent le besoin urgent de la réécouter et de s’en imprégner, mais bien vite interpellés et dérangés par elle, ils trouvent plus prudent de l’oublier. Il y a ceux qui comprennent qu’il faut se mettre à l’écouter sans cesse pour être éclairés, transformés, transportés, par elle, mais ils sont tellement accaparés par les choses de la terre qu’ils finissent par la mettre de côté. D’autres enfin ne se lassent pas de s’en nourrir, de s’en abreuver. Grâce à elle, ils se remettent toujours en question, grandissent en humilité, en paix, en foi, en espérance et en charité. Ainsi, pour résumer, cette interprétation de la parabole du semeur, nous invite à accueillir la parole et à nous efforcer de la mettre en pratique !

Toutefois, cette interprétation n’est pas la seule envisageable. La liturgie de ce dimanche en mettant l’évangile en parallèle avec la lecture du livre d’Isaïe, suggère une autre lecture de cette parabole !

Dieu sait, en effet, que, dans le coeur de l’homme, la bonne terre est rare. Tous, nous sommes à notre manière ce bord de chemin où nulle parole ne peut être reçue, ce sol pierreux où nulle herbe ne prend racine, ce buisson d’épines où toute graine est étouffée. Pourtant Isaïe affirme que « la Parole qui sort de la bouche de Dieu ne lui reviendra pas sans avoir accompli sa mission. »Merveilleuse fécondité de la parole de Dieu qui, malgré nos limites, nos faiblesses et notre péché, accomplit son oeuvre dans le coeur des hommes.

Il veut que tous aient accès à la Vie en Christ. Personne n’est exclu ! Là où nous pensons parfois peut-être « semence perdue », Dieu voit « chance donnée » à tous. Semer la Parole à la manière de Dieu est une des tâches prioritaire pour l’Église et cela particulièrement dans nos régions, où cette parole n’est souvent plus écoutée !  « Proposer la foi » aux hommes d’aujourd’hui implique que les  » semeurs  » ne choisissent pas à priori la terre facile, et qu’ils ne recherchent pas le succès immédiat.

Une Église authentiquement missionnaire se porte vers les terres dures et ingrates qui ont tant besoin d’entendre le Message. Certes, 1a « bonne terre » attend aussi la semence divine et il n’est pas interdit de se réjouir de la voir se couvrir de moissons.

Mais notre mission ne s’arrête pas là. Il est temps de « sortir » pour semer !

Is 55, 10-11 / Rm 8, 18-23 / Mt 13, 1-23