CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Sep 29

Jésus et les Samairitains

Que pensait Jésus des Samaritains ? C’est à cette question que nous voulons essayer de répondre dans cet article.

La Samarie n’occupe pas une grande place dans le Nouveau Testament, puisque comme nous l’avons déjà signalé, les habitants de cette région étaient considérés comme des étrangers idolâtres. Dans le fameux dialogue entre Jésus et la Samaritaine, l’évangéliste Jean rappelle ce climat tendu quand il écrit que les « Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains » (Jn 4,9). Plus loin dans son évangile, il nous rappelle également que traiter quelqu’un de samaritain était une insulte du même ordre que l’accusation d’être possédé (Jn 8, 48).

Jésus lui-même semble avoir partagé ces réticences envers cette région et ses habitants puisque selon l’évangéliste Matthieu, il recommanda à ses disciples de ne pas entrer dans les villes des Samaritains (Mt 10, 5-6). Cette animosité entre Juifs et Samaritains n’est d’ailleurs pas absente de l’évangile de Luc puisque les apôtres y demandent à Jésus s’il faut faire descendre un feu du ciel sur un bourg de Samaritains qui ne voulait pas les héberger (Lc 9, 9, 52-54).

Toutefois, Luc nous présente un Jésus plus ouvert aux Samaritains. C’est en effet lui qui nous relate la parabole du bon Samaritain qui manifeste de la charité auprès d’un blessé (Lc 10, 25-37) ou encore l’épisode des dix lépreux purifiés, dont seul le Samaritain vient remercier Jésus (Lc 17, 11-19). Par ces exemples, Luc martèle sa conviction profonde, à savoir que même parmi les étrangers ou les païens se trouvent des hommes de bonne volonté, des témoins de l’amour.

L’évangéliste Jean est le seul à nous parler d’une expérience personnelle de Jésus avec les Samaritains. Alors qu’accompagné de ses disciples, il traversait la Samarie pour retourner en Galilée, Jésus rencontra une samaritaine au puits de Jacob, à Sychar, proche de l’actuelle Naplouse. C’est là qu’il engagea la discussion avec cette femme venue chercher de l’eau. Au terme de ce remarquable dialogue, la femme semblait reconnaitre en lui le messie attendu par son peuple. Plus encore, de nombreux samaritains crurent en lui et l’invitèrent à demeurer chez eux (Jn 4, 1-42).

Ce regard plus positif posé sur les Samaritains correspond sans doute plus à l’époque de la rédaction de l’évangile de Jean (vers 100 ap. J.-C.) qu’à celle du ministère de Jésus. En effet, cette bienveillance envers les Samaritains se retrouve également dans le livre des Actes des Apôtres qui nous parle de la vie de l’église naissante. Après la lapidation d’Etienne et la persécution de la communauté chrétienne à Jérusalem, la Samarie semble être devenue une terre de refuge pour les disciples du Christ (Ac 7, 55 – 8, 2).À cette occasion, Philippe, un membre du groupe des sept, évangélisa cette région avec succès (Ac 8, 4-25). Ayant adhéré à l’évangile, les Samaritains ne devaient plus être considérés comme des ennemis ou des idolâtres, mais comme des hommes et des femmes de bonne foi qui avaient su reconnaître en Jésus le Messie tant attendu.

Père Ludovic Nobel