CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Oct 08

La vigne du Seigneur

Lectures du Dimanche 8 octobre 2023

«La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël» (Is 5, 1-7)

Chers frères et sœurs, N’est-ce pas une histoire quelque peu étrange est surréaliste que l’évangile de ce dimanche nous donne à méditer ! Un père sensé enverrait-il sont fils auprès d’hommes qui ont déjà tués plusieurs de ses émissaires !

Instinctivement, nous serions je pense toutes et tous tenter de dire non ! Ce père a pris des risques démesurées, voire inconscients ! On n’envoie pas son enfant ou même n’importe qui que ce soit entre les pattes de brigands ou de petits criminels ! Alors pourquoi Jésus nous raconte-t-il cette histoire ?

Tout d’abord, il faut préciser que ce récit appartient au genre littéraire dit des paraboles. Jésus a souvent recours aux paraboles, ces récits imagés dont les contemporains de Jésus étaient friands. Ces petites histoires banales, souvent issues de la vie quotidienne, ont toutefois, sur les lèvres de Jésus, la particularité de parler de Dieu sans le nommer. Quand Jésus raconte une parabole, c’est qu’il veut faire passer un enseignement sur Dieu ou sur notre manière de vivre notre relation à Dieu.

Alors, pour en revenir à notre parabole des vignerons homicides, nous pouvons nous demander quel est le message qu’elle veut nous transmettre. Comme souvent, la première lecture nous offre les clés d’interprétations nécessaires à la compréhension de l’évangile De fait, il est même rare de trouver deux textes qui soient si proches l’un de l’autre, comme le sont cette lecture tirée du livre d’Isaïe et notre évangile.

En effet, à peu de choses près, ils nous racontent la même histoire ! Pour exprimer de Dieu, face à son peuple, Isaïe compose ce champ de la vigne. La vigne bien aimée, représente Israël, le peuple élu et choisi par Dieu. Dieu avait choisi son peuple, il l’avait entouré de la clôture de son affection. Mais, malgré tous les soins prodigués à sa vigne, celle-ci n’a donné que de mauvais fruits. Malgré toutes les attentions du Seigneur pour son peuple, celui-ci s’est souvent détourner de Dieu et lui a été infidèle. Déçue de sa vigne bien-aimée, le Seigneur va la détruire. C’est donc la colère et la déception de Dieu que ce chant d’Isaïe exprime.

8 siècles plus tard, Jésus va reprendre à peu de choses près la même histoire, pour une nouvelle fois exprimer la déception de Dieu ! Mais, sur les lèvres de Jésus, cette parabole résonne comme un dernier avertissement lancé à son peuple. Depuis des siècles, Dieu, le propriétaire envoie ses serviteurs, les prophètes, pour récolter les fruits de sa vigne. Mais, les vignerons homicides, c’est-à-dire les hommes au cœur endurci, refusent à chaque fois d’écouter la voix des prophètes et les font mourir. En Jésus, son fils bien-aimé, Dieu envoie un dernier avertissement à son peuple pour qu’il se convertisse.

Pour nous qui lisons cette parabole à la lumière de Pâques, elle prend une signification nouvelle. Le Fils de la Parabole, c’est bien le Jésus-Christ, le Fils du Père, mit à mort hors de la vigne, c’est-à-dire hors de Jérusalem. Mais, rejeté, ce Fils est devenu la pierre angulaire, celui par qui le salut est donné !

Désormais, c’est à un autre peuple qu’est confié le fermage, un peuple formé de tous ceux qui croient au Christ ! Comme nous le constatons, cette parabole, d’apparence si banale, résume toute l’histoire biblique des relations entre Dieu et son peuple. Et, elle nous délivre un message fort : nous, chrétiens, disciples du Christ Jésus : nous sommes la nouvelle vigne bien aimée du Seigneur. C’est nous qu’il a entourés de la clôture de son affection.

Toutefois, bientôt 2000 ans se sont écoulés depuis la rédaction de ce texte. Pour nous, aussi, il est aujourd’hui temps de dresser un bilan. Nous sommes-nous montrés dignes de l’attention du Seigneur portée à notre égard, avons-nous portés de bons et de beaux fruits ? Ou alors, devons-nous plutôt craindre que la vigne chrétienne sera bientôt louée à d’autres ?

En transposant légèrement la parabole, nous nous trouvons dans une situation analogue à celle des Juifs de l’époque de Jésus, du moins ici en Europe ! Nos Eglises jouissent encore d’un certain prestige, mais nous sommes autorisés à nous demander si nos sociétés surévoluées n’ont pas non plus rejetés la pierre angulaire qu’est le Christ. Les débats acharnés sur la laïcité en France, Fille aînée de l’Eglise, peuvent nous laisser songeurs ! Et en Suisse, n’avons-nous pas délaissé à bien des reprises les enseignements du Christ : le dimanche comme jour du Seigneur est de moins en moins respecté et de plus en plus de pressions sont faites pour que les commerces soient ouverts le dimanche ? On ne considère plus Dieu comme le maître de la vie, c’est-à-dire celui qui donne et reprend la vie. L’avortement s’est banalisé et de plus en plus de personnes adhèrent à des associations sordides d’aide au suicide.

Toutefois, comme nous le savons bien, ce n’est pas à coup de paroles et de discours que nous parviendrons à changer ou à améliorer le monde et la société. En effet, rien ne changera sur la terre des hommes, si la justice, la vérité et l’amour ne s’enracinent d’abord en chacun de nos cœurs ! Aussi, c’est aussi et avant à une prise de conscience personnelle du cadeau exceptionnel qui nous est fait de pouvoir porter le nom de chrétiens, que cet évangile devrait nous inviter.

Chacun de nous, moi personnellement, je suis la vigne du Seigneur ! Il m’a choisi, entouré de son amour. En moi, il a creusé le pressoir à jus des sacrements. Il est lui-même la tour de garde qui veille sur moi avec affection.

Aussi, chers frères et sœurs, montrons-nous dignes de tant de prévenances et d’amour ! En ce temps, de vendanges, si quelques parasites ou quelques raisins fanés risquaient de compromettre notre récolte, et bien n’hésitons pas à les couper avant qu’ils ne finissent par gagner tous les sarments. Car, nous sommes la vigne du Seigneur ! Et toute notre fierté doit être de porter de beaux et de bons fruits. Amen !

Is 5, 1-7 / Ph 4, 6-9 / Mt 21, 33-43