Notre-Dame du Rosaire

Lectures du samedi 7 octobre 2023

«Noblesse et beauté dans ses actions : à jamais se maintiendra sa justice. De ses merveilles il a laissé un mémorial ; le Seigneur est tendresse et pitié.»
(Ps 110 (111), 3-4)

Le peuple chrétien n’est pas à l’abri des paradoxes. Plusieurs croyants et croyantes souhaiteraient aujourd’hui encore une Église puissante, autoritaire et triomphaliste. La fête de Notre-Dame du Rosaire célèbre justement un triomphe guerrier des catholiques contre l’ennemi turc à Lépante dans le golfe de Corinthe en 1571. L’intercession de la Vierge du Rosaire aurait contribué à cette victoire. Le pape Pie V inscrira cette solennité au calendrier de l’Église pour remercier Marie. De ce point de vue, la mémoire d’aujourd’hui nous ramène à une vision de l’Église qui entend répandre la vérité d’une manière forte.

Les mentalités ont cependant évolué et, de nos jours, nombre de catholiques préfèrent une Église plus humble qui propage la Bonne Nouvelle avec douceur. L’existence du Rosaire témoigne de cette approche ecclésiale. Au Moyen-Âge, peu de personnes savaient lire. Les gens ne pouvaient donc pas prier avec les psaumes et étaient privés de cette forme de piété. Au XVe siècle, l’ordre des Cartusiens et, par la suite, celui des Dominicains ont structuré et diffusé un exercice religieux où chaque psaume est remplacé par un “Je vous salue Marie”. Cette manifestation de piété pour les plus démunis se conforme à la volonté du Christ, soucieux des plus pauvres. Humilité et orgueil se côtoient donc dans l’Église. La mémoire de Notre-Dame du Rosaire exprime dans une certaine mesure ce paradoxe. Les membres des diverses assemblées chrétiennes ont donc l’occasion aujourd’hui de méditer avec la Vierge, sur le ton de leur propre témoignage chrétien. Marie saura certainement éclairer tous les cœurs.

Ba 4, 5-12.27-29 / Lc 11, 15-26