Le temps du Carême nous renvoie aux quarante jours passés par Jésus au désert où il fut tenté par Satan après avoir reçu le baptême de Jean-Baptiste au Jourdain. La tradition situe cet épisode non loin du site du baptême, au Mont de la Quarantaine à Jéricho où commence le désert de Juda. Trois évangiles nous en parlent : si Marc ne fait que le mentionner (Mc 1, 12-13), Matthieu (4, 1-11) et Luc (Lc 4, 1-13) le développent en trois scènes ayant trait à la convoitise, la recherche de pouvoir, l’idolâtrie et la confiance en Dieu.
De nombreux spécialistes ont remis en cause l’historicité de ces trois tentations les reléguant à de la pure mythologie. Sans nous arrêter plus longtemps sur cette question, il nous paraît opportun de relever quelques éléments en lien avec le temps fort qu’est le Carême.
Tout d’abord, il convient de rappeler l’importance du chiffre 40 dans la Bible. Ainsi, lors de la création la pluie tomba sur terre 40 jours et 40 nuits (Gn 7,12). Moïse demeura 40 jours et 40 nuits sans manger sur le Mont Sinaï (Ex 24, 18). Le prophète Elie marcha 40 jours et quarante nuits jusqu’à la montagne Horeb (1 R 19.8). Enfin, et c’est sans doute l’évènement le plus important, les Hébreux errèrent durant 40 ans dans le désert au temps de l’exode (Ex 16, 35). Dans chacun de ces épisodes, cette quarantaine constitue une sorte de préparation à un évènement majeur à venir. N’est-ce pas là un des sens du carême, temps privilégié qui nous prépare à la fête de la Résurrection du Christ ?
Notons encore que Jésus répond à chacune des trois tentations de Satan par une citation issue du livre du Deutéronome. Dans sa première réponse, il fait allusion aux épreuves vécues par Israël au désert et à la tentation de l’idolâtrie (Cf. Dt 8,3). Quant aux deux autres citations, elle se réfèrent à la profession de foi israélite (Cf. Dt 6, 3-13). Les tentations du Christ au désert sont donc à lire à la lumière du livre du Deutéronome et en parallèle avec l’histoire du peuple d’Israël tenté au désert. De cette lecture ressort que le désert est le lieu théologique de la mise à l’épreuve. Mais, le parallélisme est aussi antithétique, puisqu’à la différence d’Israël qui cédera à la tentation, Jésus en ressort vainqueur. Victorieux, car il repousse Satan mais aussi car il vient mettre en acte des principes posés par l’Ecriture elle-même. Que la lecture de l’Ecriture nous accompagne nous aussi durant ce Carême.
Père Ludovic Nobel
Comments are closed.