CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Nov 21

Comment priait-on à la synagogue à l’époque de Jésus?

Dans le livre des Actes, Luc nous décrit les grandes étapes d’un service un matin de sabbat à la synagogue d’Antioche de Pisidie : «Après la lecture de la Loi et des prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : “Frères, si vous avez quelque parole d’encouragement à dire au peuple, parlez.” Paul alors se leva, fit signe de la main et dit : “Hommes d’Israël et vous qui craignez Dieu, écoutez : (…)”» (Ac 13, 15-16).

Ce passage est fort intéressant puisqu’il évoque tous les éléments essentiels de la liturgie synagogale : la lecture de la Torah suivie de celle des Prophètes et enfin le commentaire ou l’homélie. Les chefs de synagogue dont il est question dans le passage des Actes, sont en fait les archisynagogues dont il est plusieurs fois mention dans le Nouveau Testament, ainsi Jaïre (cf. Mc 5, 22.35-38) ou encore Crispus et Sosthène (cf. Ac 18, 8.17). L’archisynagogue était le gardien du lieu du rassemblement du sabbat. Il surveillait le service, faisait respecter l’ordre et désignait le lecteur ou le prédicateur. Plus tard, après le deuxième siècle de notre ère, c’est lui qui présidait la prière. Selon ce passage, le culte synagogal à l’époque qui nous intéresse, se caractérisait, à l’image du bâtiment qui l’abritait par une grande sobriété. En d’autres termes, il se résumait à la lecture de textes bibliques et à leur commentaire.

Les lectures bibliques avaient lieu en deux temps. On commençait par le un passage de la Torah (Pentateuque), c’est-à-dire de l’un des cinq premiers livres de la Bible. La Torah, dont la tradition attribue la rédaction à Moïse, constitue ce que l’on appelle la Loi juive et a donc une valeur normative. Une seconde lecture, la Hapthara, tiré des écrits dits prophétiques (livres historiques et prophétiques) était ensuite choisie en fonction de sa proximité thématique avec le passage de la Torah. Les lectures se faisaient en hébreu et étaient traduites par groupe de quelques versets dans la langue du pays, soit en araméen dans la Galilée. Tout juif mâle âgé de douze ans au moins pouvait être désigné en tant que lecteur. A l’époque de Jésus, il n’y avait pas encore de plan de lecture fixe ou imposé. La prédication intervenait en principe après la seconde lecture, parfois juste avant. Tout juif adulte pouvait également la prononcer. Le Nouveau Testament nous livre deux modèles de ces prédications ou commentaires, celle de Jésus à la synagogue de Nazareth (cf. Lc 4, 16-30) et celle de Paul à Antioche de Pisidie, (cf. Ac 13, 16-41). L’office s’achevait par ce commentaire. La prière à la synagogue ne contenant aucun élément sacrificiel, il n’y avait pas besoin de prêtre pour la présider.

Après la destruction du Temple, certaines coutumes autrefois liées à ce lieu saint furent intégrées à la synagogue. Ainsi, par exemple, on intégra la récitation du Shema avant la lecture des passages de la Torah. Cette prière est composée de trois passages bibliques (Dt 6, 4-9 ; Dt 11, 13-21 ; Nb 15, 37-41) constitue la profession de foi juive. Shema correspond au premier mot du texte récité et signifie “écoute”. De même, lorsque le Nouvel-An, coïncidait avec le sabbat, on se mit à y sonner le shofar, instrument à vent en forme de corne, qui selon le livre de Josué fut utilisé par les Hébreux pour faire s’effondrer les murailles de Jéricho (cf. Jos 6, 1-27).

Père Ludovic Nobel