CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Oct 20

Création et écologie dans les écrits de Paul

Depuis quelques années, la conscience écologique s’est aiguisée au sein de la société. En 2015, le pape François publiait l’encyclique Laudato si, dans laquelle il invitait les catholiques du monde entier à se convertir à l’écologie intégrale qui intègre les aspect sociaux, économiques et sociaux de l’écologie. 

A l’époque de Paul, la préservation et la sauvegarde de la création n’étaient bien sûr pas des thèmes d’actualité. Néanmoins, essayons de découvrir comment Paul, à travers ses épîtres, nous parle de la création.

 

La création, œuvre de Dieu qui révèle son créateur

Paul n’a pas consacré de longs développements à la création et de ce fait, rares sont les passages qui en parlent. Toutefois, pour lui, il est évident que Dieu en est l’auteur. «Bien qu’il y ait en effet, au ciel et sur la terre, ce qu’on appelle des dieux – et il y a une quantité de « dieux » et de « seigneurs » –, pour nous, au contraire, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous allons ; et un seul Seigneur, Jésus Christ, par qui tout vient et par qui nous vivons.» (1 Co 8, 5-6). Dans ce passage, Paul rappelle, qu’à la différence des divinités du monde gréco-romain, Dieu ne se confond pas avec la création. L’homme, qui «vient de la terre» en fait également partie, même s’il s’en distingue (1 Co 15, 47). Reprenant l’enseignement de la Genèse, Paul souligne ainsi que l’homme fait partie de la nature et que Dieu la lui a confiée pour qu’il la soumette et la fasse fructifier (Gn 1, 28). Par sa beauté, sa force et sa grandeur, la création conduit l’homme à celui qui l’a créée. Ainsi, la nature manifeste Dieu à tous les hommes, y compris les païens : «En effet, ce que l’on peut connaître de Dieu est clair pour eux, car Dieu le leur a montré clairement. Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité.» (Rm 1, 19-20). Pour Paul, en admirant la création, tout homme devrait parvenir à la conclusion qu’une telle beauté ne peut venir que de Dieu.

L’homme et le cosmos (Rm 8, 20-21)

20 Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. 21 Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu.

Dans ce passage, Paul nous apprend que la création a été soumise au “pouvoir du néant” et à “l’esclavage de la dégradation”. Cette soumission ne vient pas de son plein gré, mais en raison d’un acte commis par quelqu’un d’autre. Aussi, aspire-t-elle à la libération. Plusieurs aspects pouvant éclairer ce passage méritent d’être relevés.

Quand Paul dit que la création a été soumise au “pouvoir du néant”, il ne faut pas comprendre, comme l’annoncent certains scientifiques, qu’elle est appelée à disparaître après la désintégration du soleil. Le “pouvoir du néant”, c’est la vanité de l’homme qui refuse de rendre gloire à Dieu et de reconnaître en lui le créateur de toutes choses. Une telle attitude est dangereuse car elle peut conduire à l’idolâtrie de la création. De même, quand il parle de “l’esclavage de la dégradation”, il ne faut pas l’interpréter comme une condamnation de la soumission de la création par l’homme.

En effet, cette soumission fait partie du plan de Dieu selon la Genèse : «Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la.» (Gn 1, 28). Toutefois, cette soumission a pour but de la faire fructifier et non de la réduire en esclavage. Ainsi, quand l’homme abuse de la liberté offerte par Dieu, son péché affecte la création, qui est ainsi indirectement elle aussi touchée par le mal commis par l’homme. En effet bien qu’elle-même n’ait pas péché, elle en subit et supporte néanmoins les conséquences. Bien que Paul ne pense pas à l’écologie en écrivant ces lignes, elles peuvent toutefois éclairer notre réflexion sur ce sujet. Selon le projet de Dieu, une solidarité de destin existe en l’homme et la nature. Cette affirmation rejoint le constat de l’écologie contemporaine. Quand l’homme oublie qu’il fait lui aussi partie de la création, qu’il ne se montre plus solidaire avec elle, mais qu’il l’asservit à ses propres intérêts, il renie sa propre vocation et blesse immanquablement la nature. S’il a reçu la domination sur la création, c’est pour la faire fructifier, la préserver, en prendre soin et en découvrir les fonctionnements. Il est urgent que l’homme se réconcilie avec la création et qu’il vive dans une solidarité saine et équilibrée avec elle.

Père Ludovic Nobel