CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Déc 19

La naissance de Jésus selon les évangiles

L’aspect biographique n’étant pas primordial pour les évangiles, ils ne nous permettent pas de restituer la vie de Jésus de Nazareth dans tous ses détails. De plus, seuls deux d’entre eux nous parlent de la naissance, de l’enfance et de la jeunesse de Jésus, à savoir Matthieu et Luc. Marc et Jean débutent leurs récits au moment où Jésus se prépare à son ministère public, alors qu’il est âgé d’une trentaine d’années. Quant aux deux évangiles qui nous livrent des récits dits de l’enfance, ils diffèrent, d’un point de vue biographique, passablement l’un de l’autre. Toutefois, en regroupant les informations, nous pouvons établir avec plus ou moins de certitudes les éléments suivants.

Matthieu et Luc s’accordent à dire que c’est à Bethléem en Judée qu’est né Jésus. Cette ville dont le nom signifie traduit en français “maison du pain”, n’est pas sans importance puisque c’est la ville de David, le fils de Jessé qui y fut consacré par une onction d’huile roi d’Israël par le prophète Samuel
(cf. 1 S 16, 13). David est une figure incontournable de l’histoire d’Israël, parce que, selon la tradition, il est à l’origine du grand royaume d’Israël, reliant l’Égypte à l’Euphrate. Aux cours des périodes difficiles où Israël fut en péril, naquit l’espérance d’un Messie descendant de David qui viendrait restaurer le royaume déchu (Is 11, 1). Le prophète Michée présenta ainsi Bethléem comme la patrie du futur Messie : «Et toi, Bethléem, le moindre des clans de Juda, c’est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël.» (Mi 5, 1). Dans son récit de la nativité, Luc nous présente Jésus comme ce Messie tant attendu en le rattachant à la descendance de David : «Joseph, aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la lignée de David» (Lc 2, 4).


D’après Matthieu, Jésus naquit sous Hérode le Grand (Mt 2,1). Dans son évangile, Luc met la naissance de Jésus en lien avec le recensement organisé par Quirinius, gouverneur de Syrie (Lc 2,1-2). Si ce recensement eut bien lieu, il se situe toutefois dix ans après la mort d’Hérode. En effet, Quirinius était légat de Syrie, au moment où Archélaüs le fils d’Hérode fut déposé en l’an 6 ap. J.-C. La Judée devint alors une province romaine de 3ème classe, dirigée par un procurateur, mais qui en certains points dépendait aussi du légat de la province romaine impériale de Syrie. C’est à cette occasion que Quirinius vint en Judée et effectua le recensement avec le procurateur de Judée Coponius. Ce recensement est donc trop tardif pour correspondre avec la naissance de Jésus.

Notons encore que si la fête de Pâques a très tôt été célébrée par les chrétiens, il n’en est pas de même pour Noël. Dans, l’Antiquité, on ignorait d’ailleurs le jour précis de la naissance de la plupart des personnes. Ce n’est ainsi qu’à partir de l’an 354 de notre ère que l’on trouve la trace d’une célébration de la nativité. Les chrétiens choisirent alors de la célébrer un 25 décembre. Ce faisant, ils christianisèrent une fête païenne, la fête latine du Sol invictus, qui marquait la remontée du soleil dans le ciel après le solstice d’hiver.

Père Ludovic Nobel