Malgré le ressentiment réciproque qui existait entre Juifs et Samaritains, la foi de ces deux peuples se rejoignait en bien des aspects. Ils respectaient le sabbat, pratiquaient la circoncision et célébraient la Pâque. Toutefois quelques différences significatives les distinguaient des Juifs.
La première concerne l’Écriture sacrée. La bible samaritaine se limitait à la Torah (Pentateuque) et au livre de Josué. Ils ne reconnaissaient en effet pas l’autorité de la deuxième et de la troisième partie du canon juif (Prophètes et Écrits). Les spécialistes recensent environ mille différences entre le Pentateuque samaritain et celui que nous considérons comme canonique. Elles constituent souvent des insertions pro-samaritaines visant à défendre et à affirmer la supériorité de leurs idées sur celles des judéens.
Ensuite, c’est au mont Garizim et non Jérusalem que se trouvait le lieu où YHWH réside. Dominant la ville de Sichem, aujourd’hui appelée Naplouse en Cisjordanie, le Mont Garizim qui culmine à 881 mètres d’altitude est cité à plusieurs reprises dans l’Écriture. C’est en effet de son sommet que YHWH ordonne de bénir le peuple lors de la grande liturgie d’alliance (cf. Dt 11, 29 ;
Dt 27, 12 ; Jos 8, 33). C’est sur ce site sacré que vers le milieu du cinquième siècle av. J.-C., les Samaritains vinrent construire leur temple qui pendant plus de trois siècles concurrença celui de Jérusalem. Les fouilles archéologiques menées sur le site ont permis de localiser un grand parvis dont le plus long côté atteint 97 mètres, le temple à proprement parler ainsi que l’autel des sacrifices.
Agrandi au deuxième siècle avant notre ère, le Temple fut détruit par Jean Hyrcan en 108 av. J.-C. Bien que le sanctuaire ne fut jamais reconstruit, le Mont Garizim est resté le centre religieux et spirituel des Samaritains jusqu’à nos jours. Les quelque 600 ou 700 Samaritains qui subsistent continuent de se rendre chaque année à trois reprises sur le Mont Garizim, pour y célébrer les fêtes religieuses de Pâque, de Pentecôte et des Tentes
Père Ludovic Nobel
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