A plusieurs reprises les évangiles nous parlent des Samaritains. Ainsi, Jésus rencontre une Samaritaine au puits de Jacob (Jn 4, 1-42). L’évangéliste Luc nous relate également la parabole du bon Samaritain qui manifeste de la charité auprès d’un blessé (Lc 10, 25-37) ou encore l’épisode des dix lépreux purifiés, dont seul le Samaritain vient remercier Jésus (Lc 17, 11-19). Mais qui étaient les Samaritains? Où remontent leurs origines? Pour essayer de comprendre cela, il faut remonter le cours de l’histoire.
A la mort de Salomon (931 av. J.-C.), les douze tribus d’Israël se divisèrent en deux royaumes, Juda au sud et Israël au nord, Jérusalem devenant la capitale du sud. Ce fut le roi Omri (885-874 av. J.-C.) qui construisit la capitale du royaume du nord, au cœur du territoire de la tribu d’Ephraïm et qu’il baptisa Samarie (1 R 16, 24). L’origine de la séparation est donc à la base d’ordre politique, puisque c’est un même peuple, ayant une même religion, qui vit dans deux royaumes ou pays différents.
La chute du royaume du nord, balayé par le roi assyrien Sargon II
en 721 av. J.-C., va ajouter une dimension religieuse à cette séparation. En effet, Sargon II déporta en Assyrie une grande partie de la population de Samarie. En remplacement, il y implanta des populations étrangères venues de Babylonie qui s’y installèrent avec leurs dieux respectifs (2 R 17, 19-33). De ce syncrétisme entre la religion israélite et les cultes païens seraient issus les Samaritains.
Un troisième événement vint encore renforcer le ressentiment. En 587 av. J.-C., le royaume du sud chuta à son tour. Nabuchodonosor rasa le Temple de Jérusalem et déporta une grande partie de la population à Babylone. Toutefois, quarante ans plus tard (538 av. J.-C.) Cyrus, successeur de Nabuchodonosor autorisa le retour des populations déportées et la reconstruction du Temple (Esd 1, 1-4). Toujours d’après le livre d’Esdras, les habitants de Samarie qui voulurent contribuer à la reconstruction du Temple furent rejetés (Esd 4, 1-3). C’est alors que les Samaritains décidèrent de construire leur propre Temple au sommet du Mont Garizim surplombant l’antique ville de Sichem. La séparation entre ces deux peuples cousins semblait dès lors définitivement consommée. Ainsi, à l’époque de Jésus, les Samaritains étaient considérés comme des étrangers, idolâtres, mésestimés plus encore que les païens. En effet, même par conversion, l’accès au judaïsme leur était devenu interdit.
Père Ludovic Nobel
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