CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Juin 08

Les Pharisiens

Après avoir traité des sadducéens, nous poursuivons notre étude des différents partis religieux du judaïsme en examinant cette fois-ci les pharisiens.

Alors que les sadducéens étaient plutôt liés au culte, les pharisiens constituaient un parti lié à la Torah. Leur nom vient d’une racine verbale signifiant « être à part » ou « séparé ». Leur idéal consistait à faire d’Israël un peuple de saints. Pour cela, ils choisirent de vivre séparés – d’où l’origine de leur nom – de ceux qu’ils considéraient comme impurs. Ils s’inscrivaient dans la lignée du prêtre Esdras, qui au 5ème siècle av. J.-C., militait pour que l’on reconstruise avec autant de ferveur que le Temple, une vie spirituelle fondée sur l’étude de la Torah et la prière.

C’est essentiellement parmi les gens du peuple qu’ils recrutaient leurs adeptes. Si de nombreux scribes et lévites formaient leurs rangs, quelques prêtres étaient aussi acquis à leurs idées. Moins influents que les sadducéens sur le plan politique, ils bénéficiaient toutefois d’un large soutien du peuple, tant et si bien que les autorités, craignant des soulèvements populaires, furent contraintes de tenir de plus en plus compte de leur avis.

Ils excellaient dans la connaissance de la Loi, qui pour eux comprenait la Torah à la fois écrite et orale. Cette dernière, donnée également par Dieu au Sinaï, était une interprétation de la Loi écrite. Transmise de génération en génération, elle permettait d’appliquer les commandements aux détails de l’existence quotidienne. Tradition vivante également, elle offrait la possibilité d’ajuster les pratiques religieuses aux conditions de vie nouvelles. Leur religion se voulait légaliste, persuadés que le salut résidait dans la stricte observance de la Loi. C’est de la Torah orale que naquirent leurs principales idées, telles que l’égalité des hommes, la foi en la résurrection des morts ou encore la croyance en la rétribution. Ces enseignements leur valurent la faveur des masses. En effet, pour le peuple, dont la vie quotidienne était marquée de souffrances et de difficultés, les idées de vie après la mort ou de rétribution, c’est-à-dire du jugement selon le mérite, étaient encourageantes. L’espérance messianique les habitait aussi. En respectant la Torah tant écrite qu’orale, ils pensaient pouvoir ainsi acquérir les mérites nécessaires au salut et à l’envoi du Messie qui viendrait établir le Royaume de Dieu. A la différence des sadducéens, ils croyaient à l’existence des anges, qu’ils considéraient comme intermédiaires entre Dieu et les hommes.

Le mouvement pharisien fut le seul à survivre aux événements de la guerre juive et de la destruction du Temple en 70 ap. J.-C. De Yavneh, sous la conduite de Yohanna ben Zakkaï, le pharisaïsme permit une renaissance du judaïsme. Privé de son Temple, la religion juive se redéfinit alors, excluant par là-même de leurs synagogues la jeune église chrétienne.

Les évangiles mentionnent à de nombreuses reprises des pharisiens et de manière le plus souvent négatives. Jésus semble leur reprocher de s’être enfermés dans leur légalisme et d’avoir délaissé la justice et l’amour (Lc 11, 42). Ce portrait dressé par les évangélistes est sans doute trop unilatéral et reflète sans doute davantage les tensions vécues par la communauté chrétienne à l’époque de la rédaction du Nouveau Testament que celles connues par Jésus durant son ministère. En effet, par bien des aspects, la prédication de Jésus était assez proche de celles des pharisiens, tels ses enseignements sur le royaume des cieux, la fin des temps ou sur les anges, la foi en la résurrection des corps ou en l’avènement du Messie.

Père Ludovic Nobel