CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Août 09

Luc, le chantre de la Miséricorde

Selon les paroles de Dante, Luc est le chantre de la miséricorde. Que Luc veuille nous faire découvrir le visage d’un Dieu miséricordieux s’explique peut-être par la profession qu’il exerçait. En effet, dès le deuxième siècle, la tradition l’a présenté comme médecin et compagnon de Paul. Confronté à la misère humaine, Luc le médecin aurait eu une prédilection toute particulière pour les pauvres et les petits, les oubliés de tous. Dans son évangile, Luc chante, en effet, la miséricorde du Seigneur en plusieurs endroits.

Nous pouvons tout d’abord citer son chapitre 15 consacré aux paraboles de la miséricorde : celle de la brebis retrouvée (Lc 15, 3-7) que l’on retrouve également chez Matthieu, suivie de deux autres qui lui sont propres, à savoir celle de la pièce retrouvée (Lc 15, 8-10) et enfin celle du fils prodigue
(Lc 15, 11-32), immortalisée par Rembrandt.

Dans chacune de ces paraboles, Luc essaie de nous faire comprendre qu’il n’est jamais trop tard pour se convertir, que Dieu ne juge pas les pécheurs mais qu’il se réjouit chaque fois que l’un de ses enfants perdus décide de revenir à lui. Le même enseignement se retrouve également dans le si bel épisode de Zachée (Lc 19, 1-10), le collecteur d’impôts de Jéricho, scène qui elle aussi ne nous est rapportée que par Luc seul.

La Passion nous dépeint elle aussi un Jésus particulièrement miséricordieux. Ainsi, après le reniement de Pierre dans la maison du Grand Prêtre, Luc et lui seul évoque une rencontre entre Jésus et Pierre : « Le Seigneur se retournant, posa son regard sur Pierre » (Lc 22, 61). Comme tant d’artistes l’ont représenté, ce regard ne pouvait être qu’un regard d’amour qui relève et réchauffe.

Enfin, sur la croix, alors que Marc et Matthieu placent sur les lèvres de Jésus une parole de doute «Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné?» (Mc 15,34 ; Mt 27,46), Luc une fois encore privilégie l’accueil du pécheur : «Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.» (Lc 23, 34). Quelques instants plus tard, il promettra encore le paradis à celui que nous désignons comme le bon larron (Lc 23, 43).

Dante ne s’est donc pas trompé. A sa suite, n’hésitons pas à relire cet évangile qui nous dévoile le visage d’un Dieu d’amour et de miséricorde.

Père Ludovic Nobel