Dans la vie chrétienne, il ne suffit pas d’avoir été libérés du péché : il faut encore consentir à devenir « serviteurs de la justice ». L’Apôtre Paul nous rappelle que notre baptême nous fait passer d’une servitude à une autre, celle de l’amour. Le Christ, par sa grâce, nous rend libres pour servir Dieu et nos frères, dans l’humilité et la fidélité du cœur.
Libérés du péché pour vivre en enfants de Dieu
Dans la première lecture, saint Paul développe l’un des passages les plus forts de sa lettre aux Romains : « Ne laissez pas le péché régner dans votre corps mortel pour vous faire obéir à ses convoitises. […] Présentez-vous à Dieu comme des vivants revenus d’entre les morts. » (Rm 6, 12-13)
Par le baptême, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ. Cette immersion signifie un véritable passage : de l’esclavage du péché à la liberté de la grâce. Paul emploie un langage paradoxal — celui de l’“esclavage de la justice” — pour signifier que la vraie liberté n’est pas l’indépendance absolue, mais la dépendance d’amour à Dieu. Celui qui se laisse guider par l’Esprit devient un être nouveau : non plus esclave du mal, mais serviteur du bien.
Pour Paul, la grâce de Dieu n’est pas une idée, mais une réalité agissante : elle transforme, purifie, redresse. Elle fait de nous des “vivants revenus d’entre les morts”, capables d’aimer, de pardonner et de choisir le bien.
Veiller dans la fidélité du serviteur
L’évangile de ce jour (Lc 12, 39-48) prolonge ce même appel à la fidélité et à la vigilance. Jésus y raconte la parabole du maître et de l’intendant : « Heureux ce serviteur que le maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! » (Lc 12, 43)
Pierre s’interroge : cette parole s’adresse-t-elle aux apôtres ou à tous ? Jésus ne répond pas directement, car sa parole vise chaque disciple. Chacun, à la mesure de ce qu’il a reçu, est appelé à servir fidèlement. « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. » (Lc 12, 48)
Dans cette perspective, le disciple n’est pas un employé du Royaume, mais un intendant du cœur de Dieu. Il agit non par peur du châtiment, mais par amour reconnaissant. Le Christ nous apprend à veiller non dans l’angoisse, mais dans la paix du cœur, sûrs que le Maître reviendra et nous fera asseoir à sa table pour nous servir lui-même (cf. Lc 12, 37).
La grâce du service et la vigilance du cœur
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, être « serviteur de la justice » signifie participer à la manière du Christ à l’œuvre du salut. Comme lui, nous sommes appelés à vivre la petitesse, la disponibilité et la confiance filiale. Le vrai service ne se réduit pas à une série d’actions, mais devient un état du cœur : un “oui” permanent à Dieu dans les choses ordinaires.
Dieu ne cherche pas des serviteurs parfaits, mais des cœurs fidèles. Chaque jour, nous pouvons renouveler ce choix : ne pas nous laisser asservir par le péché, mais accueillir la grâce qui nous rend libres pour aimer. Travailler à la justice, c’est vivre déjà du Royaume, dans la simplicité et la miséricorde.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Tu nous as libérés du péché pour que nous vivions dans ta lumière.
Fais de nous des serviteurs fidèles, attentifs à ta Parole et vigilants dans l’amour.
Que la grâce de ton Esprit nous affermisse dans la justice et la vérité,
afin que, lorsqu’avec confiance tu reviendras,
tu nous trouves debout, dans la joie et la paix.
Amen.
Références bibliques
- Rm 6, 12-18
- Lc 12, 39-48
Pour méditer
- Quelle part de moi résiste encore à devenir « serviteur de la justice » ?
- Ma vigilance spirituelle est-elle nourrie par la confiance ou par la peur ?
- Comment puis-je manifester concrètement ma fidélité au Christ aujourd’hui ?






























Comments are closed.