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CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Déc 17
La généalogie du Christ — quand Dieu inscrit son salut dans la chair de notre histoire

La généalogie du Christ — quand Dieu inscrit son salut dans la chair de notre histoire

À première vue, la généalogie de Jésus peut sembler longue, répétitive, presque aride. Et pourtant, en ce temps où Noël approche, elle se révèle comme l’un des textes les plus bouleversants de l’Évangile. Car à travers cette liste de noms, c’est toute l’histoire humaine que Dieu assume pour la conduire vers la vie.

Dans la lecture de l’Ancien Testament, nous entendons la bénédiction de Jacob sur ses fils, et particulièrement sur Juda : « Le sceptre ne s’éloignera pas de Juda… jusqu’à ce que vienne celui à qui il appartient » (Gn 49,10). Déjà, dans ces paroles anciennes, se dessine une attente : celle d’un roi, d’un Messie, issu d’une lignée bien concrète, traversée par des conflits, des fautes, des fidélités et des ruptures. L’espérance biblique n’est jamais abstraite. Elle s’enracine dans une histoire réelle, parfois chaotique, mais toujours habitée par la promesse de Dieu.

C’est dans cet esprit que Matthieu ouvre son Évangile par la généalogie de Jésus. À nos yeux modernes, cette longue succession d’engendrements peut sembler fastidieuse. Mais pour les contemporains de Matthieu, elle était essentielle : elle situait une personne dans un tissu historique, social et spirituel. Elle disait d’où l’on vient pour comprendre qui l’on est.

En répétant trente-neuf fois le verbe « engendrer », Matthieu déroule devant nous toute l’histoire d’Israël : Abraham et la promesse, David et la royauté, l’exil et la rupture, puis l’attente silencieuse… Une histoire faite de lumière et d’ombre, de fidélités et d’infidélités, de grandeur et de chutes. Et c’est là que surgit l’inattendu : « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ » (Mt 1,16).

Dieu ne contourne pas cette histoire. Il y entre. Le Fils de Dieu accepte d’être inscrit dans une lignée blessée, marquée par le péché, pour la porter à son accomplissement. En Jésus, Dieu ne sauve pas l’homme de l’extérieur : il se rend solidaire de son histoire pour la transformer de l’intérieur.

Cette généalogie est déjà une annonce de Noël. Elle nous dit que Dieu ne choisit pas une humanité idéale, mais réelle. Il ne naît pas dans une histoire parfaite, mais dans une histoire humaine, fragile, parfois compromise. Matthieu rappelle ainsi à ses lecteurs juifs que le Messie attendu n’est pas seulement glorieux et triomphant. Il est aussi, selon la prophétie d’Isaïe, le Serviteur souffrant, sans éclat pour attirer le regard (cf. Is 53,2-3).

Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, cette vérité est centrale. L’Enfant de la crèche ne vient pas effacer notre passé, mais l’assumer. Il ne renie pas notre histoire personnelle, même marquée par la faute ou l’échec : il la rejoint. Dieu se fait proche non des héros, mais de la vie ordinaire. Il vient habiter notre quotidien, aussi modeste soit-il, pour y faire naître un sens nouveau.

La généalogie du Christ devient alors notre propre histoire relue avec Dieu. Elle nous rappelle que rien de ce que nous sommes n’est étranger au salut. Même ce qui nous semble inutile, bancal ou honteux peut devenir, en Christ, un lieu de grâce.

En contemplant la généalogie de Jésus, nous pouvons accueillir une invitation simple et profonde : laisser Dieu entrer dans notre histoire telle qu’elle est. Ne pas attendre d’être « parfaits » pour lui ouvrir la porte. Lui offrir nos racines, nos liens, nos blessures, nos fidélités fragiles. Car Dieu sait faire naître la vie là où nous ne voyons parfois que des répétitions sans sens.

Noël approche. Et avec lui cette certitude paisible : notre histoire, même humble, peut devenir une histoire habitée par Dieu.

Prière du jour

Enfant de Bethléem,
toi qui as choisi d’entrer dans l’histoire des hommes,
viens habiter la nôtre.
Accueille ce que nous sommes,
nos racines, nos fragilités, nos détours.
Donne-nous de croire que rien n’est perdu
lorsque tu viens y naître.
Fais de notre histoire un lieu de ta lumière
et de notre quotidien une terre de salut.
Amen.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Généalogie de Jésus, Christ,
fils de David, fils d’Abraham.

    Abraham engendra Isaac,
Isaac engendra Jacob,
Jacob engendra Juda et ses frères,
    Juda, de son union avec Thamar, engendra Pharès et Zara,
Pharès engendra Esrom,
Esrom engendra Aram,
    Aram engendra Aminadab,
Aminadab engendra Naassone,
Naassone engendra Salmone,
    Salmone, de son union avec Rahab, engendra Booz,
Booz, de son union avec Ruth, engendra Jobed,
Jobed engendra Jessé,
    Jessé engendra le roi David.

David, de son union avec la femme d’Ourias, engendra Salomon,
    Salomon engendra Roboam,
Roboam engendra Abia,
Abia engendra Asa,
    Asa engendra Josaphat,
Josaphat engendra Joram,
Joram engendra Ozias,
    Ozias engendra Joatham,
Joatham engendra Acaz,
Acaz engendra Ézékias,
    Ézékias engendra Manassé,
Manassé engendra Amone,
Amone engendra Josias,
    Josias engendra Jékonias et ses frères
à l’époque de l’exil à Babylone.

    Après l’exil à Babylone,
Jékonias engendra Salathiel,
Salathiel engendra Zorobabel,
    Zorobabel engendra Abioud,
Abioud engendra Éliakim,
Éliakim engendra Azor,
    Azor engendra Sadok,
Sadok engendra Akim,
Akim engendra Élioud,
    Élioud engendra Éléazar,
Éléazar engendra Mattane,
Mattane engendra Jacob,
    Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie,
de laquelle fut engendré Jésus,
que l’on appelle Christ.

    Le nombre total des générations est donc :
depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations ;
depuis David jusqu’à l’exil à Babylone, quatorze générations ;
depuis l’exil à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.


Références bibliques

  • Gn 49, 1-2.8-10
  • Mt 1, 1-17