CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Oct 22

Arrogance et conversion

Lectures du dimanche 23 octobre 2022

«Il est proche du coeur brisé, il sauve l’esprit abattu. Le Seigneur rachètera ses serviteurs : pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.» (Ps 33, 19.23)

Pour nous aider à mieux percevoir la Parole de Dieu en ce dimanche, il est intéressant de relever un paradoxe entre l’évangile de saint Luc et la seconde lecture, la lettre de saint Paul à Timothée. Dans le passage de l’évangile, nous entendons Jésus fustiger l’attitude du pharisien. Voilà un homme, un homme de prière qui se vante, s’admire et calcule tout ce qu’il fait pour Dieu. Il en tire orgueil, satisfaction, sentiment de supériorité. Nous le comprenons aisément, Jésus dénonce ce comportement. Il n’est pas rendu juste par ses œuvres, aussi bonnes et nécessaires soient-elles.

Le problème qui nous est posé aujourd’hui, c’est le paradoxe de la deuxième lecture. En effet, saint Paul semble s’apparenter lui aussi au Pharisien. Il parle de lui et explique «J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice.» (2 Tm 4, 7-8) Bref, il se juge lui-même digne de recevoir la récompense. Cette fierté de st Paul, n’est-elle pas elle aussi ambiguë et ne nous place-t-elle pas en face d’une contradiction ?

La question de l’initiative nous aide à faire la différence dans ces lectures entre le saint et l’orgueilleux. Comme chrétiens, nous sommes invités à agir, à être généreux et à mener une vie de prière. Reconnaissons humblement que l’attitude du pharisien a de quoi nous inspirer un certain respect. Qui parmi nous peut affirmer qu’il jeûne régulièrement ou qu’il verse le dixième de son salaire ? Pourtant la sévérité de Jésus est là. Nous sommes tiraillés entre le désir de devenir des justes, et la recherche de la bonne attitude intérieure. Saint Paul n’explique pas sa sainteté d’abord par tout ce qu’il a pu faire de lui-même mais, par tout ce qu’il a permis à Dieu de faire en lui, à travers ces expressions notamment «Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force (…) Il me sauvera (…) À lui la gloire pour les siècles des siècles.»
(2 Tm 4, 17-18)

Ce renversement opéré par Paul est celui de toute conversion. Savoir passer du “Qu’est-ce que je peux faire pour Dieu ?” au “Comment permettre à Dieu de faire en moi ce qu’il désire ?” est un chemin de décentrement et de reconnaissance de la primauté de l’initiative de Dieu. Cette conversion passe bien souvent par la découverte de notre misère, ainsi que l’illustre l’humble prière du publicain : «Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !» (Lc 18, 13)

Si 35, 15b-17.20-22a / 2 Tm 4, 6-8.16-18 / Lc 18, 9-14