Dans un échange très concret sur l’impôt du Temple, Jésus ouvre une brèche lumineuse : si nous sommes enfants, nous sommes libres. Mais cette liberté n’est pas un prétexte ; elle est service, douceur et discrétion, à l’école de l’Enfant de Bethléem. Aujourd’hui, la Parole nous apprend à vivre une fidélité créative : ne pas scandaliser, tout en avançant comme des fils et des filles confiants.
Dans l’Ancien Testament aujourd’hui : marcher humblement comme des fils
Moïse rappelle au peuple le cœur de l’Alliance : craindre le Seigneur, marcher dans ses voies, l’aimer, le servir, garder ses commandements, « pour ton bonheur » (Dt 10, 12). Il élargit l’horizon : « Au Seigneur appartiennent les cieux, les cieux des cieux, la terre et tout ce qu’elle contient » (Dt 10, 14), et pourtant ce Dieu immense « s’est attaché à vos pères » (Dt 10, 15). D’où l’appel : « Circoncisez votre cœur » (Dt 10, 16), pratiquez la justice pour l’orphelin et la veuve, aimez l’étranger (Dt 10, 18-19).
Dans la lumière de l’Enfant de Bethléem, cette « circoncision du cœur » prend la forme d’une simplicité filiale : un cœur petit, libre de toute dureté, disponible pour aimer concrètement.
Dans l’Évangile : libres comme des fils, serviteurs par charité
Jésus annonce d’abord sa Pâque : « Le Fils de l’homme va être livré… ils le tueront… le troisième jour, il ressuscitera » (Mt 17, 22-23). Au seuil de Capharnaüm, surgit alors la question de la taxe du Temple. Jésus conduit Pierre à raisonner : « Les rois… perçoivent-ils l’impôt de leurs fils ou des autres ? — Des autres. — Donc, les fils sont libres. » (Mt 17, 25-26).
La pointe évangélique est double : en Christ, nous sommes réellement fils ; mais pour ne pas scandaliser, Jésus commande à Pierre l’obéissance humble d’un signe discret : une pièce trouvée « dans la bouche du premier poisson » payera pour Jésus et pour Pierre (Mt 17, 27). Liberté de fils, et délicatesse de l’amour.
La liberté filiale… qui se fait petite
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Libres parce qu’aimés. La résurrection annoncée éclaire tout : si le Fils se donne jusqu’au bout, c’est pour nous introduire dans sa propre relation au Père. « Donc, les fils sont libres » (Mt 17, 26). À Bethléem déjà, Dieu se fait enfant : la souveraine liberté de Dieu s’exprime en petitesse, proximité, pauvreté.
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La liberté qui n’humilie pas. Jésus ne revendique pas ; il évite le scandale par un geste de délicatesse. Notre liberté chrétienne n’écrase pas, n’humilie pas, ne provoque pas ; elle construit la communion.
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La pièce et le poisson. Tout vient du Père : même ce qui règle « les affaires » vient de sa Providence. Notre zèle missionnaire (SMB) s’enracine dans cette confiance : nous agissons, mais Dieu pourvoit.
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Devenir ce que nous sommes. Par le baptême, nous sommes déjà fils et filles ; le chemin consiste à laisser l’Esprit “circoncire” notre cœur (cf. Dt 10, 16), pour vivre une liberté sobre, joyeuse, servante.
Aujourd’hui, posons un acte de liberté filiale et de charité discrète :
- choisir la vérité sans agressivité ;
- éviter délibérément un motif de scandale inutile ;
- confier à Dieu une situation « très terre-à-terre » et attendre de lui la « pièce » dont nous avons besoin, en faisant notre part.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi, le Fils fait Enfant à Bethléem,
délivre nos cœurs de toute dureté.
Apprends-nous la liberté des fils,
sobres dans nos droits, ardents dans l’amour.
Donne-nous d’avancer sans peur,
de ne scandaliser personne,
et de servir avec ta douceur.
Que l’Esprit nous façonne à ta ressemblance,
pour que, dans les petites choses comme dans les grandes,
nous devenions vraiment ce que nous sommes :
enfants du Père, souverainement libres.
Amen.
Références bibliques
- Dt 10, 12-22
- Mt 17, 22-27
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
comme Jésus et les disciples étaient réunis en Galilée,
il leur dit :
« Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ;
ils le tueront
et, le troisième jour, il ressuscitera. »
Et ils furent profondément attristés.
Comme ils arrivaient à Capharnaüm,
ceux qui perçoivent la redevance des deux drachmes pour le Temple
vinnent trouver Pierre et lui dirent :
« Votre maître paye bien les deux drachmes, n’est-ce pas ? »
Il répondit :
« Oui. »
Quand Pierre entra dans la maison,
Jésus prit la parole le premier :
« Simon, quel est ton avis ?
Les rois de la terre,
de qui perçoivent-ils les taxes ou l’impôt ?
De leurs fils, ou des autres personnes ? »
Pierre lui répondit :
« Des autres. »
Et Jésus reprit :
« Donc, les fils sont libres.
Mais, pour ne pas scandaliser les gens,
va donc jusqu’à la mer,
jette l’hameçon,
et saisis le premier poisson qui mordra ;
ouvre-lui la bouche,
et tu y trouveras une pièce de quatre drachmes.
Prends-la, tu la donneras pour moi et pour toi. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 11 août 2025.
Pour méditer
- Quelle situation concrète puis-je vivre aujourd’hui dans une liberté qui n’humilie pas ?
- Quel pas de confiance poserai-je pour laisser Dieu « pourvoir » au nécessaire ?
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