Il y a des moments où la Parole de Dieu nous rejoint avec une douceur particulière. Comme si, au cœur de l’Avent, Dieu voulait nous redire l’essentiel : tu n’es jamais abandonné ; je marche vers toi ; je viens te sauver. La lecture d’Isaïe et l’Évangile du jour se répondent comme deux battements du même cœur : un Dieu qui écoute le cri de son peuple et un Christ qui se penche sur les foules, égarées et fatiguées, pour leur rendre la vie. L’Avent n’est pas seulement une attente : c’est la découverte quotidienne d’un Dieu qui s’approche.
Dans la première lecture, Isaïe parle à un peuple qui ne sait plus très bien où se tenir. Beaucoup sont partis, d’autres se sont dispersés, et ceux qui restent – un « petit reste » – avancent avec un courage fragile. La parole du prophète tombe alors comme une eau fraîche : « Tu n’auras plus à pleurer. Dès qu’il t’entendra, il te répondra. » Isaïe ne contourne pas la peine, les blessures ou les pertes ; il en parle avec réalisme. Mais il affirme une vérité plus forte encore : Dieu se laisse toucher par le cri. Dieu répond. Dieu reconstruit. Là où tout semblait stérile, il promet la pluie, l’abondance, la lumière. C’est un texte de relèvement, un texte qui dit que Dieu ne désespère jamais de son peuple, même quand nous avons du mal à croire encore en nous-mêmes.
Et voilà que l’Évangile reprend cette dynamique de salut sous les pas de Jésus. Matthieu nous montre un Christ en marche, traversant villes et villages, enseignant, guérissant, consolant. Il ne choisit pas les lieux faciles ni les foules dociles : il va partout. Et lorsque ses yeux se posent sur les gens qui l’entourent, son cœur se brise de compassion. « Elles étaient désemparées et abattues, comme des brebis sans berger. » C’est ainsi que Dieu regarde l’humanité : non pas avec reproche, mais avec une tendresse bouleversée.
Puis Jésus prononce ces mots qui résonnent encore aujourd’hui : « La moisson est abondante… » Il ne parle pas d’un futur vague ; il parle de maintenant. Le monde est mûr pour la grâce. Le monde attend des cœurs disponibles. Alors il appelle les Douze, les rapproche de Lui, leur confie son autorité pour guérir, purifier, libérer. Et il leur donne la grande règle du Royaume : « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, ces textes prennent une lumière nouvelle. Car le Sauveur annoncé par Isaïe, celui qui guérit et rassemble, celui que Jésus révèle, commence sa mission dans la fragilité d’une crèche. Dieu sauve en se faisant proche. Il répond aux blessures en se faisant vulnérable. Il rejoint le petit reste en devenant lui-même petit. À Bethléem, Dieu inaugure un salut qui n’est pas celui de la force, mais celui de la douceur ; non pas celui de la domination, mais celui de la présence.
Ainsi l’Avent nous invite à laisser Dieu nous sauver comme il l’a toujours fait : en nous rejoignant dans nos fragilités, en réveillant en nous une confiance nouvelle, en nous donnant de participer à son œuvre. Ce salut n’est pas d’abord pour les autres : il commence en nous. Dans nos zones sèches, dans nos lassitudes, dans nos « petits restes » intérieurs. Et, une fois relevés, il nous envoie vers d’autres, pour leur offrir ce que nous avons reçu.
Alors aujourd’hui, nous pouvons laisser monter une prière simple : Seigneur, rends nos cœurs disponibles à ta compassion. Fais de nous des porteurs de lumière. Que ce que nous recevons de toi se transmette sans calcul. Donne-nous d’être, à notre tour, des signes vivants de ton salut.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui parcours nos vies comme un berger patient,
viens relever ce qui est blessé en nous.Rassemble nos forces dispersées,
apaise nos inquiétudes,
et dépose dans nos cœurs ton regard de compassion.Enfant de Bethléem,
toi la douceur qui sauve,
fais de nos mains des mains qui bénissent,
de nos paroles des paroles qui relèvent,
de nos gestes des gestes qui guérissent.Tu nous as tout donné gratuitement :
apprends-nous à donner comme toi.Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages,
enseignant dans leurs synagogues,
proclamant l’Évangile du Royaume
et guérissant toute maladie et toute infirmité.
Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles
parce qu’elles étaient désemparées et abattues
comme des brebis sans berger.
Il dit alors à ses disciples :
« La moisson est abondante,
mais les ouvriers sont peu nombreux.
Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Alors Jésus appela ses douze disciples
et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs
et de guérir toute maladie et toute infirmité.
Ces douze, Jésus les envoya en mission
avec les instructions suivantes :
« Allez vers les brebis perdues de la maison d’Israël.
Sur votre route,
proclamez que le royaume des Cieux est tout proche.
Guérissez les malades, ressuscitez les morts,
purifiez les lépreux, expulsez les démons.
Vous avez reçu gratuitement :
donnez gratuitement. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 6 décembre 2025.
Références bibliques
- Is 30, 19-21.23-26
- Mt 9, 35 – 10, 1.5a.6-8
Pour méditer
- Dieu écoute le cri du peuple : où avons-nous encore besoin de croire qu’il entend le nôtre ?
- Jésus voit les foules avec compassion : osons-nous regarder ainsi ceux qui nous entourent ?
- « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » : comment cette parole peut-elle orienter notre journée ?





























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