À travers la parabole du riche et du pauvre Lazare, l’Évangile de ce dimanche nous appelle à la liberté intérieure. Le Christ nous avertit du danger d’un cœur fermé, esclave des biens matériels. Il nous invite à la conversion et à la vraie richesse : celle de l’amour, de la justice et du partage.
L’avertissement du prophète Amos : un confort trompeur
Dans la première lecture (Am 6, 1a.4-7), le prophète Amos s’adresse aux notables de Samarie. Il dénonce l’insouciance et la mollesse de ceux qui vivent dans l’opulence pendant que le peuple souffre. Amos parle d’une société où les puissants se vautrent dans la richesse et l’indifférence. Il annonce une conséquence directe : « C’est pourquoi ils seront les premiers déportés ».
Ce message est une critique du confort égoïste qui anesthésie la conscience. Il résonne puissamment dans nos sociétés d’abondance. À la lumière de l’Enfant de Bethléem, doux et pauvre, nous découvrons la grandeur spirituelle d’une vie simple, ouverte à Dieu et à nos frères.
Paul à Timothée : poursuis la justice, la foi et la douceur
La deuxième lecture (1 Tm 6, 11-16) exhorte à une autre richesse. Paul écrit à son disciple : « Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. » Il parle ici d’un véritable combat spirituel : non pas contre les autres, mais contre nos attachements égoïstes, pour garder le commandement dans l’intégrité.
C’est aussi le chemin proposé par la spiritualité de l’Enfant de Bethléem : celle d’un cœur pur, libre de posséder, prêt à servir, et habité par la joie du don de soi.
La parabole de Lazare et du riche
Dans cette parabole saisissante, Jésus nous présente un contraste radical :
« Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare… »
Le pauvre, malgré ses ulcères et sa misère, reçoit après la mort la consolation éternelle. Le riche, en revanche, qui n’a pas vu ou pas voulu voir, se retrouve dans la souffrance. La parole d’Abraham est terrible :
« Tu as reçu le bonheur pendant ta vie… Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. »
Mais le cœur du message est ailleurs. Il ne s’agit pas d’un simple retournement de situation sociale, mais d’un appel à la liberté spirituelle. Le riche n’est pas condamné pour avoir possédé, mais pour ne pas avoir aimé. Pour avoir fait de sa richesse un mur au lieu d’un pont.
« S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. » (Lc 16, 31)
Cette parole annonce déjà le mystère de la résurrection. Le cœur fermé reste fermé, même devant un miracle.
Le sens spirituel : dans l’esprit de l’Enfant de Bethléem
Cette page d’évangile nous redit qu’un cœur libre, dans l’Évangile, est :
- libre des chaînes de l’égoïsme,
- libre du pouvoir de l’argent,
- libre de se laisser toucher par la souffrance d’autrui,
- libre d’aimer et de recevoir la Parole de Dieu.
À Bethléem, Dieu ne choisit ni un palais ni une ville puissante, mais une grotte. Dans cette petitesse, il manifeste la vraie grandeur : celle de l’amour humble et pauvre. Cette parabole nous invite à entrer dans cette même logique.
Et nous ? Que faisons-nous de ce que nous avons reçu ? Nos biens sont-ils au service de l’amour ou nous enferment-ils dans l’illusion de l’autosuffisance ?
Le riche est exclu non pas pour ses possessions, mais parce qu’il n’a pas su briser le cercle qui l’enfermait dans son égoïsme. Aujourd’hui encore, Dieu vient frapper à la porte de notre cœur. Ouvrons-la.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Libère notre cœur de tout attachement qui nous éloigne de Toi.
Apprends-nous à aimer comme Toi,
À voir en chaque pauvre un frère,
Et à bâtir dès ici-bas le Royaume de justice, de paix et de joie
Que Tu es venu inaugurer à Bethléem.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait aux pharisiens :
« Il y avait un homme riche,
vêtu de pourpre et de lin fin,
qui faisait chaque jour des festins somptueux.
Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare,
qui était couvert d’ulcères.
Il aurait bien voulu se rassasier
de ce qui tombait de la table du riche ;
mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.
Or le pauvre mourut,
et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham.
Le riche mourut aussi,
et on l’enterra.
Au séjour des morts, il était en proie à la torture ;
levant les yeux, il vit Abraham de loin
et Lazare tout près de lui.
Alors il cria :
‘Père Abraham, prends pitié de moi
et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau
pour me rafraîchir la langue,
car je souffre terriblement dans cette fournaise.
– Mon enfant, répondit Abraham,
rappelle-toi :
tu as reçu le bonheur pendant ta vie,
et Lazare, le malheur pendant la sienne.
Maintenant, lui, il trouve ici la consolation,
et toi, la souffrance.
Et en plus de tout cela, un grand abîme
a été établi entre vous et nous,
pour que ceux qui voudraient passer vers vous
ne le puissent pas,
et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.’
Le riche répliqua :
‘Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare
dans la maison de mon père.
En effet, j’ai cinq frères :
qu’il leur porte son témoignage,
de peur qu’eux aussi ne viennent
dans ce lieu de torture !’
Abraham lui dit :
‘Ils ont Moïse et les Prophètes :
qu’ils les écoutent !
– Non, père Abraham, dit-il,
mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver,
ils se convertiront.’
Abraham répondit :
‘S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes,
quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts :
ils ne seront pas convaincus.’ »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 28 septembre 2025.
Références bibliques
- Am 6, 1a.4-7
- 1 Tm 6, 11-16
- Lc 16, 19-31
Pour méditer
- Qu’est-ce qui rend mon cœur aveugle à la souffrance des autres ?
- Est-ce que je vis mes biens comme un don ou comme un droit ?
- Suis-je libre d’aimer comme Jésus aime ?
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