Étoile de Bethléem SMB
Société missionnaire de Bethléem
CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Nov 21
Quand la Parole parle du Temple : restaurer la demeure de Dieu

Quand la Parole parle du Temple : restaurer la demeure de Dieu

Il existe des colères qui détruisent… et d’autres que Dieu traverse pour faire naître la paix. Les lectures d’aujourd’hui nous montrent un Temple profané, puis purifié ; des gestes violents, puis des gestes de grâce ; un combat humain, puis un combat de Dieu. Et au cœur de cette tension, la liturgie nous fait célébrer la Présentation de la Vierge Marie : une enfant offerte au Seigneur, toute douceur, toute disponibilité, toute paix. Aujourd’hui, la Parole nous invite à relire nos propres colères à la lumière de Marie, cette humble qui laisse Dieu habiter tout ce qui pourrait s’agiter en elle.

La première lecture (1 M 4,36-59) raconte un moment déterminant de l’histoire d’Israël : la restauration du Temple après la profanation d’Antiochus Épiphane. Judas Maccabée et ses frères, après avoir résisté, combattu, et risqué leur vie, reprennent Jérusalem. Le Temple souillé est réouvert. On purifie l’autel, on rétablit les objets sacrés, on offre des sacrifices, on chante, on danse, on célèbre. Le cœur du peuple revit.

Ce récit n’est pas un encouragement à la violence ; il dit plutôt l’urgence spirituelle de redonner à Dieu la place qui lui revient. Le Temple ne pouvait rester profané : il représentait le cœur même du peuple, son identité, sa communion avec le Dieu vivant. Restaurer le Temple, c’était restaurer la relation. Judas agit non par goût du combat, mais par passion pour la sainteté de Dieu.

Lorsque nous passons à l’Évangile selon saint Luc (19,45-48), nous retrouvons la même scène, mais sous un autre visage. Jésus vient d’entrer à Jérusalem. Comme Judas autrefois, il va droit au Temple. Mais son geste surprend : il chasse les vendeurs, renverse les pratiques commerciales, fustige l’injustice. « Ma maison sera une maison de prière, mais vous, vous en avez fait une caverne de bandits. »

Jésus n’est pas en train de se mettre en colère comme nous. Sa réaction est pure, sans rancœur, sans aigreur. Elle est la manifestation d’un amour blessé.

Car lorsque Dieu se met en colère, ce n’est jamais contre les personnes, mais contre ce qui les éloigne de lui. Sa “colère” est l’expression extrême de sa passion pour notre liberté. Elle n’a rien à voir avec nos colères crispées : elle est toujours au service de la vie, toujours ordonnée à la paix. Et après ce geste vigoureux, Jésus enseigne. Le bruit retombe. Le Temple respire. La foule, suspendue à ses lèvres, écoute. La colère de Dieu débouche sur une paix nouvelle.

Comment tenir ensemble Judas Maccabée qui tranche, Jésus qui renverse des tables… et Marie que nous célébrons aujourd’hui, enfant présentée au Temple dans la douceur et la lumière ? La Présentation de la Vierge Marie est l’icône opposée à toutes les violences humaines : une enfant offerte, un cœur pur, un oui silencieux, une vie entière ouverte à Dieu. Et pourtant, c’est elle qui nous aide à comprendre les textes du jour. Car ce que Dieu cherche dans le Temple extérieur, il le cherche aussi dans le Temple intérieur : notre cœur.

En Marie, il trouve enfin un sanctuaire qui ne résiste pas. Un lieu sans bruit, sans marchandage, sans agitation. Un espace qui accueille Dieu sans défense, sans calcul, sans peur.

Ainsi, la fête d’aujourd’hui devient une clé de lecture : Dieu purifie le Temple non par désir de punir, mais pour y établir la paix. Et Marie est le modèle parfait de ce cœur devenu Temple de Dieu.

Nous avons aussi nos tempêtes intérieures : nos irritations, nos injustices subies, nos luttes, nos résistances. Nous avons des colères qui nous traversent, parfois légitimes, parfois confuses. Ce que nous préférerions cacher à Dieu, il veut y entrer. Les textes du jour nous disent une chose étonnante : Dieu ne fuit pas nos conflits — il vient y demeurer. Il ne bénit pas la violence. Il ne cautionne pas l’agressivité. Mais il traverse nos tempêtes pour y planter sa paix. La Présentation de Marie nous dit comment : en laissant Dieu purifier, trier, apaiser, convertir ce qui bouillonne en nous.

Dans notre spiritualité, tout converge vers la crèche. Là, Dieu n’entre pas dans le monde en chassant, en criant ou en renversant. Il entre comme un Enfant. Désarmé. Déposé. Amoureux. Là où Judas reconstruit le Temple par le combat, là où Jésus purifie le Temple par un geste prophétique, l’Enfant de Bethléem construit et purifie le Temple de notre cœur par sa seule présence.

Il n’y a plus de violence.
Il n’y a plus d’épée.
Il n’y a plus de tables renversées.
Il n’y a que la lumière douce qui entre dans la nuit.

C’est cette lumière que Marie a reçue dès son enfance, dès sa présentation. C’est cette lumière qu’elle nous invite à accueillir aujourd’hui.

Prière du jour

Seigneur Jésus,
Toi qui purifies le Temple
et qui entres dans nos vies avec passion et tendresse,
viens habiter nos colères,
viens apaiser nos combats intérieurs.
Par l’intercession de la Vierge Marie,
présentée aujourd’hui dans la maison du Père,
apprends-nous la douceur et la paix.
Fais de notre cœur un sanctuaire où tu puisses demeurer,
un Temple ouvert à ta lumière,
une maison où l’Enfant de Bethléem trouve sa place.
Amen.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    entré dans le Temple,
Jésus se mit à en expulser les vendeurs.
Il leur déclarait :
    « Il est écrit :
Ma maison sera une maison de prière.
Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. »
    Et il était chaque jour dans le Temple pour enseigner.
Les grands prêtres et les scribes, ainsi que les notables,
cherchaient à le faire mourir,
    mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire ;
en effet, le peuple tout entier,
suspendu à ses lèvres, l’écoutait.

Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 21 novembre 2025.


Références bibliques

  • 1 M 4, 36-37.52-59
  • Lc 19, 45-48

 

 

Pour méditer

  • Quelles sont les colères ou les tensions intérieures que nous cachons à Dieu ?
  • Comment laisser Marie nous apprendre une paix qui ne fuit pas le combat mais le traverse avec douceur ?
  • De quelle manière l’Enfant de Bethléem peut-il purifier aujourd’hui le Temple de notre cœur ?