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Sep 18

Histoire de l’évangélisation de la Zambézie

A l’occasion des 100 ans de la Société missionnaire de Bethléem (SMB), nous poursuivons notre série sur ses différents engagements missionnaires. Alors que le premier article de ce volet consacré à la Rhodésie méridionale traitait de la géographie de cette région, nous poursuivons notre périple avec l’histoire de son évangélisation, jusqu’à la venue des premiers frères de la SMB…

L’évangélisation de ces contrés s’est effectuée en deux grandes étapes : la première débute en 1559, lorsqu’un roi du Mozambique demande le baptême. Les pères Jésuites qui accompagnaient les portugais y voient la parfaite occasion pour évangéliser ces terres, et plus particulièrement l’intérieur du continent, que trop peu exploré par les colons. Plein d’entrains, «ces pionniers comprirent [cependant] vite que chez les Bantous de l’intérieur du pays, le pouvoir des Portugais était faible et que le seul moyen de christianiser la masse noire était de convertir les souverains indigènes.»

Adoptant la même stratégie, d’autres congrégations rejoignent les jésuites et en 1628, on compte pour toute la région environ 70 religieux (dominicains, jésuites et augustins) et 40 prêtres séculiers. Malgré ces effectifs, l’évangélisation peine à s’implanter durablement, et malgré leur baptême, certains indigènes convertis conservent leurs rites païens, comme par exemple le culte des ancêtres. Différents facteurs expliquent, d’une manière plus générale, cet échec :

  1. d’ordre financier : la présence d’or dans le pays, avait pour conséquence économique, le prix élevé de toute marchandise et ce coût rendait la mission difficile.
  2. d’ordre social : la large pratique de l’esclavage dans ces régions, notamment dans les couvents où l’on trouvait des esclaves chrétiens, dissuadait les indigènes restés libres de s’intéresser à la religion de leurs infortunés congénères.
  3. d’ordre religieux : La mission se trouvait en concurrence avec l’Islam, qui demeurait attractif car il autorisait la polygamie. D’influents conseillers musulmans suscitèrent auprès de leurs rois des intrigues, qui aboutirent par l’empoisonnement de nombreux missionnaires.
  4. d’ordre politique : les guerres avec les rois locaux, mais aussi les troubles en Europe mirent à la présence européenne sur ces terres en 1756.

Il faut attendre un siècle, jusqu’en 1877, pour que reprenne dans une seconde étape l’évangélisation de la Zambézie. Le pape Léon XIII fixe la délimitation géographique de cette mission (Rhodésie, nord du Betschualand et Afrique orientale portugaise). À nouveau, les jésuites reprennent l’ouvrage mais, faisant face aux mêmes difficultés avec les rois locaux, ils ne progressent que très peu.

En 1890, l’arrivée des colons — anglais cette fois-ci !— marque une aide bienvenue : ils fondent Salisbury (futur Harare), la capitale de la Rhodésie méridionale. De nombreux messagers de l’évangile les accompagnent (trappistes, capucins, franciscains conventuels, pères blancs, …etc.) et l’on observe entre les 1900 et 1930, de lents mais constants progrès. En 1931 fut formé le vicariat de Salisbury, divisé en 5 paroisses.

En 1937, le vicaire apostolique Mgr CHICHESTER invite les missionnaires de Bethléem à venir prêter main forte aux jésuites déjà présents. Le supérieur général de la SMB, le P. BONDOLFI lui répond par cette généreuse offre : «J’ose affirmer que nous pouvons envoyer au cours des quinze prochaines années trente prêtres et si vous le désirez soixante même.» En septembre 1938, les premiers missionnaires de Bethléem — le P. WALDISPÜHL et le P. BÖHI — arrivent en Rhodésie méridionale.

Après leur initiation à l’apostolat africain, ils seront chargés, eux et leurs confrères à venir, d’évangéliser dans le pays Machona un territoire plus vaste que la Suisse. Ainsi que commente le père BECKMANN (SMB) :

«Les missions actuelles du Zambèze peuvent envisager l’avenir avec confiance. Les nombreuses années d’épreuves, les sacrifices de tant de missionnaires et de Sœurs, morts à la fleur de l’âge, sont une garantie de bénédiction divine pour l’avenir. (…) Le nombre de chrétiens continuant d’y augmenter, les postes avec école et hôpital y deviendront aussi plus nombreux et établiront un réseau catholique sur tout le pays»

Benoît Dénervaud