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Mai 03

La Mandchourie : les premiers missionnaires et les stations

Avant Andres et Hiltl, ce sont les frères Hugentobler, Schnetzler et Imhof, qui les premiers partirent en direction de la Mandchourie en 1924. Comme tous les missionnaires suivants, ils durent effectuer un stage pour apprendre la langue et les mœurs chinoises, ce qui explique leur arrivée tardive.

En 1926, ils arrivent ainsi à Tsitsikar dans l’une des deux stations mandchoues fondées par la Société des Missions étrangères de Paris. Après avoir été accueillis par un prêtre chinois qui leur montre les us et coutumes locaux, le père Imhof se met rapidement à l’œuvre. Il entreprend un voyage vers le Nord-Est, parcourant 90km à pied. Quoique pénible, cette expédition lui donne la grande consolation d’apporter les sacrements à des indigènes chrétiens qui n’ont plus vu de prêtres depuis cinq, dix, voire quinze ans. Cette longue absence entraîne souvent un relâchement des devoirs religieux, qui peut aller jusqu’à l’apostasie. Cela représente un travail considérable pour les missionnaires car ainsi que le dit un Proverbe : « il est plus facile de convertir dix païens qu’un seul pêcheur ! »

Les années suivantes, les prêtres de la société missionnaire de Bethléem continuent d’affluer en Mandchourie et en 1928 on compte quatorze missionnaires pour autant de stations ! Sur la carte ci-dessous, nous avons retrouvé douze de ces quatorze premières stations: nous laissons au lecteur le soin de rechercher celles de Chaochou et de Ouengouda, qui ont échappé à notre attention. Les douzes autres sont : Changfatoun, Suobétaï, Oelldschen, Tientsaokang, Soungtschen, Antatschen, Antä, Tsitsikar, Païchouan, Nänäntsi et Youngchotoun-Lintien.

Cette démarche illustre bien le déroulement de la mission et de ses différentes étapes : dans un premier temps, les missionnaires cherchent en effet à rassembler les chrétiens et organiser leur vie autour de stations. Ces structures permettent aux pasteurs d’instruire leurs brebis autrement dispersées. L’évangélisation des païens ne se produit pour ainsi dire que dans un second temps, les missionnaires comptant beaucoup sur la réussite et le succès de ces petites unités. Ainsi que le commente un missionnaire : « les stations sont des foyers d’où rayonne la vérité aux yeux des infidèles, par le bon exemple des chrétiens, par le zèle aussi qu’ils mettent à parler à chaque occasion favorable de leur religion dans leur entourage. Grace à cet apostolat laïque, nous pouvons enregistrer chaque année un certain nombre de conversions. » Différentes ministères marquent l’organisation des stations :

  • L’école, il en existe deux types : l’école de religion, où les enfants, les catéchumènes et les personnes âgées apprennent les prières et les vérités de foi et l’école primaire, ouverte aussi aux païens. Celles-ci jouissent d’une bonne réputation et donne aux païens un premier contact positif de la religion chrétienne.

  • Hôpital et lieux de soins, dans lesquels servent les sœurs d’Ingenbohl, qui accompagnèrent les frères de la Société Missionnaire de Bethléem, dès le début des missions. Les nombreuses guérisons qu’elles y opèrent suscitent un grand nombre de conversions.
  • Enfin en 1927, la station de Tsitsikar voit s’achever la construction d’un petit séminaire, destiné à former le futur clergé indigène. Que les chrétiens locaux gagnent en autonomie fait clairement partie des plans initiaux de la mission. C’est ainsi qu’un missionnaire décrit le but de son apostolat en 1929 : « Implanter aussi loin que possible la vie chrétienne d’une manière telle, que si des orages surviennent, elle soit capable d’y résister. »

 

Benoît Dénervaud