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Déc 30

La Sainte Famille: modèle pour les familles chrétiennes

Lectures du dimanche 31 décembre 2023

Pour les lectures du jour, consultez AELF – 31 décembre 2023.

« Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,
ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,
rempli de sagesse,
et la grâce de Dieu était sur lui. » (Lc 2, 22.39-40)

À travers l’évangile d’aujourd’hui, nous contemplons, dans son idéal divin, la « Sainte Famille » de Jésus, Marie, et Joseph.

L’essence de la Sainte Famille

Au-delà des détails sociologiques et culturels, bien sûr différents en ce temps-là par rapport à nos familles modernes, il serait bien étonnant que l’évangile ne nous dise rien sur l’essentiel, le profond, le roc solide, de nos familles chrétiennes.

Ce n’est certainement pas par hasard que Luc insiste par cinq fois sur l’accomplissement de la loi.

Bien qu’il soit Fils de Dieu, Jésus, et sa famille, ne se mettent pas à l’écart de la société de leur temps: ce sont des juifs pratiquants, tout simplement, tout humblement.

En « accomplissant les rites de la loi qui le concernaient » et c’était une loi humaine, la loi de Moïse (v. 22), ils avaient conscience d’obéir à quelque chose de beaucoup plus grave, la loi du Seigneur (v. 23).

Ce n’est pas par hasard non plus, que Luc, par trois fois, ici, souligne la présence de l’Esprit Saint dans le milieu vital qui entoure cet enfant, et le reconnaît. Le trait le plus caractéristique de Syméon, c’est bien l’intimité qui existe entre lui et l’Esprit de Dieu: « L’Esprit repose sur lui » (v. 25), « l’Esprit Saint lui a révélé qu’il verrait le Messie » (v. 26), « l’Esprit (encore) a guidé ses pas vers le temple » (v. 27). On a l’impression d’être dans une page des Actes des Apôtres, où l’Esprit vient sur les disciples de Jésus pour leur donner de « reconnaître et de proclamer » le Seigneur ressuscité.

Mais ce même Esprit est présent depuis le premier jour dans l’Annonciation à Marie (Luc 1, 35), comme dans l’Annonciation à Joseph (Matthieu 1, 18). L’Annonciation est le point de départ, le commencement de tout l’itinéraire et du cheminement dans la foi, de Marie.

La foi au coeur de la Famille

Nous croyons trop banalement que la Sainte Famille n’a pas eu d’efforts à faire, que tout lui a été facile. Or, nous constatons, au contraire, que la famille de Jésus a été affrontée aux situations les plus déconcertantes, et a dû s’abandonner, en reconnaissant humblement « combien sont insondables les décrets de Dieu, et incompréhensibles ses voies » (Romains 11, 33).

Dans l’évangile d’aujourd’hui, comme en d’autres passages, il est dit, explicitement que « ses parents s’étonnaient de ce qu’on disait de l’enfant » (v. 33), qu’ils « ne comprirent pas » (v. 50). Oui, Marie et Joseph, comme nos familles chrétiennes, ont souvent à accepter d’avancer dans l’obscurité de la foi, en dépassant totalement les apparences.

Syméon donnait à Jésus des titres prestigieux: « Messie du Seigneur », « Salut préparé à la face des peuples », « Lumière pour éclairer les nations », « Gloire d’Israël ». Eh bien ! il en fallait de la foi à déplacer les montagnes pour croire des choses pareilles devant cet enfant de quelques jours incapable de marcher encore, et qu’on porte dans les bras.

Sans comprendre, Marie « conservait et méditait dans son cœur », elle avançait dans son itinéraire de foi.

La croix et la Sainte Famille

La Sainte Famille fut un foyer marqué par l’épreuve douloureuse du dépouillement de la crèche à l’horreur de la croix. Pour Marie et Joseph les occasions n’ont pas manqué d’être bousculés, provoqués dans une foi héroïque. Marie n’est pas appelée pour rien la « Mère des douleurs »: Elle est une jeune maman de 16 ou 17 ans quand, ce jour-là, on lui annonce que son enfant sera « un signe de contradiction (et) « qu’un glaive de douleur (lui) transpercera l’âme ». Ce que dit Syméon apparaît comme une « seconde annonce à Marie, qui lui montre la dimension historique concrète dans laquelle son Fils accomplira sa mission: dans l’incompréhension et dans la souffrance…

D’autre part une telle annonce lui révèle aussi qu’elle devra vivre l’obéissance de la foi dans la souffrance aux côtés du Sauveur souffrant, et que sa maternité sera obscure et douloureuse » (v. 16).

Marie aura à souffrir par son enfant. Il en est ainsi dans la plupart des familles.

L’offrande de la vie

Comme elle est belle cette démarche racontée aujourd’hui par l’évangile: « Les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le « présenter au Seigneur »… Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur »….

Ce verbe offrir (« parastèsai ») est le même que saint Paul utilise pour dire l’attitude fondamentale du chrétien: « N’offrez plus vos corps au service du péché, mais « offrez-les au service de Dieu » (Romains 6, 13 et 19). « Je vous exhorte à vous offrir vous-mêmes en sacrifice « vivant, saint, agréable à Dieu, ce sera là votre culte spirituel » (Romains 12, 1).

Ainsi, la Sainte Famille de Marie et Joseph vient faire, à l’avance, ce que Jésus lui-même fera à la Cène et à la Croix, et ce que tous les chrétiens sont invités à faire à chaque messe : offrir leur vie…

Une des conséquences de cette offrande de leur enfant à Dieu, c’est que, déjà, il ne leur appartient plus. Ce bébé de 40 jours n’est pas fait pour elle, sa mère, il est promis à un destin qui dépasse leur famille: « Lumière pour les Nations païennes, et gloire d’Israël ». Le repliement familial ou social sur son petit groupe bien chaud n’est pas très chrétien: il faut que nos familles prennent le risque de donner et de se donner pour le monde entier. Offrir son enfant à Dieu, un jour de baptême, cela peut mener loin!

Croître, grandir, progresser

« Ils s’en retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth, et l’enfant croissait et se développait, se remplissant de sagesse: et la grâce de Dieu reposait sur lui. »

C’est tout ce qu’on sait de lui pendant plus de trente ans. Cela n’a l’air de rien, mais nous avons là, certainement, l’une des lois les plus essentielles de toute morale humaine et chrétienne, de toute vie familiale: croître, grandir, progresser.

La loi de croissance est d’ailleurs la loi première de tout vivant.

Le premier péché, c’est de ne pas chercher à avancer, d’en rester au point où on en est. Ne valait-il pas la peine d’écouter ce que la Sainte Famille dit à nos familles? Que Jésus, Marie, et Joseph soient au cœur de nos foyers chrétiens, pour les attirer à la sainteté… c’est-à-dire au bonheur le plus profond.

Références bibliques

Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3 / He 11, 8.11-12.17-19 / Lc 2, 22-40 / Lc 2, 22.39-40