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Oct 09

Libres pour Dieu

Lectures du dimanche 10 octobre 2021

«Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : “Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi.”» (Mc 10, 21)

Un jeune égyptien de Kom entendit jadis ces mêmes paroles et en fut profondément bouleversé. Possédant quelques richesses, il appliqua l’évangile à la lettre : il vendit ses possessions et mena une vie d’ascèse dans le désert. Devenant un modèle pour beaucoup, Saint-Antoine donna ainsi naissance au monachisme chrétien, en l’an 270 de notre ère.

Cette histoire nous pose cette difficile question : pouvons-nous aspirer au Salut, si, après la lecture de cet évangile, nous ne nous débarrassons pas de nos logements, de nos revenus et de tous nos biens ?

En effet, l’évangile ne précise-t-il pas qu’«il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu» (Mc 10, 25) ? Cette sentence sans équivoque, est-elle une condamnation pure et simple de ceux et celles qui possèdent quelque chose, ou alors, faut-il interpréter différemment cette courte phrase ? Tâchons de replacer ce passage d’évangile dans le contexte de l’époque !

Le “trou d’une aiguille” dans le discours de Jésus désigne certainement l’une des nombreuses portes de la ville de Jérusalem. À cette époque, les murailles des villes comptaient plusieurs portes, que l’on fermait le soir tombé jusqu’au matin pour des raisons de sécurité. Celui qui n’avait pas regagné la ville après le couvre-feu, devait dormir à l’extérieur. Toutefois, à Jérusalem, demeurait ouverte jour et nuit, une porte si petite, que seul un homme recroquevillé et sans aucun bagage pouvait la franchir. Cette petite porte était surnommée, dans le langage populaire, le trou d’une aiguille.

Cet arrière-fond illumine ainsi notre compréhension de la sentence de Jésus. Par exemple, si un riche marchand avec sa caravane n’avait pas rejoint suffisamment tôt la ville de Jérusalem, pour se réfugier et mettre à l’abri ses richesses à l’intérieur des murs, il devait opérer un choix. “Vais-je passer la nuit à l’extérieur avec mes chameaux et toute la marchandise qu’ils transportent et courir le risque d’être attaqué ? Ou alors vais-je privilégier ma vie à mes richesses et passer par le trou d’une aiguille, laissant seuls mes chameaux, mes richesses, trop encombrantes pour passer à travers la minuscule porte ?”

Ainsi l’injonction du Christ nous oblige à déterminer ce qui est essentiel dans notre vie. Dans ce cas concret, préserver sa vie signifie renoncer et laisser dehors tout ce qui n’est pas absolument nécessaire ou essentiel ! Ainsi, Jésus ne condamne pas les riches de manière absolue, mais un rapport désordonné à la richesse. En effet, l’homme sujet à un attachement excessif aux biens matériels met véritablement sa vie et son âme en péril !

Sg 7, 7-11 / He 4, 12-13 / Mc 10, 17-30