La Croix. À l’époque de Jésus, c’était le supplice le plus atroce et le plus honteux, réservé aux pires criminels. Jamais un citoyen romain n’était crucifié, quel que soit le délit commis. C’était un châtiment réservé à la racaille étrangère, aux rebuts de l’empire. Exalter la Croix comme nous le faisons aujourd’hui aurait été perçu comme un scandale absolu, un blasphème. Et de fait, les premiers chrétiens ont longtemps hésité à la représenter : ce n’est qu’après plusieurs siècles qu’elle deviendra le symbole chrétien par excellence. Mais alors, comment comprendre que nous vénérions aujourd’hui cette croix ? Si Jésus est vraiment le Fils de Dieu, comment expliquer qu’il soit mort comme un criminel ?
L’humilité de Dieu
C’est saint Paul, dans l’hymne magnifique de la lettre aux Philippiens (Ph 2, 6-11), qui nous éclaire. Il nous montre que le Christ, bien qu’étant Dieu, a choisi la voie du dépouillement : il s’est vidé de lui-même, s’est fait homme, puis serviteur, et même esclave. Il a été jusqu’à mourir sur une croix. Ce chemin d’abaissement est un chemin d’amour. Il ne s’est pas contenté de compatir, il a partagé notre sort, jusque dans la honte de la mort.
Par cette abnégation, Jésus a renversé les logiques du pouvoir et de la gloire. Sa croix n’est pas une défaite, mais le sommet de son amour.
Ce n’est pas la honte de l’humanité, mais la gloire de Dieu qui se révèle : un Dieu qui sauve en donnant sa vie.
La Croix comme élévation
L’Évangile de ce jour (Jn 3, 13-17) nous présente la croix comme une élévation : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. » La Croix est donc paradoxalement un lieu de vie, non de mort.
Le Christ élevé sur la croix est celui en qui tout homme peut désormais regarder et croire pour vivre. Il est l’Envoyé du Père non pour juger le monde, mais pour qu’il soit sauvé.
Ce bois infâme devient l’instrument de la rédemption.
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem
Dans notre spiritualité de l’Enfant de Bethléem, marquée par l’humilité de la crèche, la Croix trouve un écho bouleversant. Le même Dieu qui choisit de venir petit, fragile, dans la mangeoire, choisit aussi d’aller jusqu’au bout de l’humilité sur la Croix.
La spiritualité de Bethléem est une école d’amour désarmé, un appel à épouser la logique divine de la petitesse, de la douceur, du don total.
La croix glorieuse, comme la crèche, nous apprend que Dieu ne s’impose jamais par la force, mais qu’il attire par l’amour. Adorer la Croix, c’est reconnaître que la puissance de Dieu s’exprime dans la faiblesse offerte.
Aujourd’hui, en contemplant la Croix, laissons notre cœur s’émerveiller. Louons le Christ qui a transformé l’instrument de supplice en arbre de vie. Suivons-le dans cette logique du don, du pardon, de l’amour jusqu’au bout.
Faisons de notre propre croix un lieu d’offrande et de confiance. Ne fuyons pas la Croix. Portons-la, non comme un fardeau inutile, mais comme un signe d’espérance. En elle, nous savons que l’amour a le dernier mot.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
tu as fait de la croix un trône d’amour.
Apprends-nous à voir, dans nos épreuves,
les germes de vie que tu y as semés.
Rends-nous fidèles, doux et confiants,
même dans l’humiliation.
Par la croix, fais de nous des témoins
de ta paix et de ta lumière.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus disait à Nicodème :
« Nul n’est monté au ciel
sinon celui qui est descendu du ciel,
le Fils de l’homme.
De même que le serpent de bronze
fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 14 septembre 2025.
Références bibliques
- Nb 21, 4b-9 ou Ph 2, 6-11
- Jn 3, 13-17
Pour méditer
- Que signifie pour nous aujourd’hui « exalter la croix » dans nos vies concrètes ?
- En quoi la spiritualité de l’Enfant de Bethléem éclaire-t-elle le mystère de la Croix ?
- Comment vivons-nous notre propre croix : dans le rejet ou dans la confiance ?
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