Lectures du jeudi 14 septembre 2023
«Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.» (Ph 2, 6-7)
A l’époque de Jésus, la croix était le supplice le plus atroce et le plus honteux, réservé aux pires criminels. De plus, jamais un citoyen romain n’était crucifié, quel que soit le délit qu’il ait commis. Ainsi, la crucifixion était vraiment réservée à la pire des racailles : les criminels étrangers. Exalter et vénérer la Croix, comme nous le faisons aujourd’hui, aurait été considéré à l’époque comme un blasphème, un non-sens. Les premiers chrétiens éprouvèrent d’ailleurs un certain malaise face à la croix, puisqu’il faudra attendre plusieurs siècles avant qu’elle ne soit représentée dans les lieux de culte et qu’elle ne devienne le symbole chrétien par excellence.
Une question brûlante se pose alors à nous : si le Christ est Dieu, comment expliquer alors qu’il soit mis à mort comme le plus vulgaire des renégats ? Saint Paul, dans la magnifique hymne aux Philippiens, que nous lisons aujourd’hui, répond de manière admirable à notre question. Le Christ qui était de condition divine a choisi la voie du dépouillement et de l’humilité la plus totale. De Dieu qu’il était, il s’est fait homme. Homme parmi les hommes, il s’est voulu le serviteur de tous. Serviteur parmi les serviteurs, il s’est abaissé à la dernière place en choisissant de mourir sur une croix. En embrassant notre condition humaine jusqu’à l’humiliation la plus totale, la Christ a clairement manifesté son amour infini pour nous, pour tous les humains. Manifester l’amour de Dieu pour l’humanité, tel est le sens de la croix, dressée au centre de la vie chrétienne.
Par l’amour infini du Christ, la croix est aussi devenue signe du salut, car par elle, la vie a vaincu la mort. “Voici le bois de la Croix qui a porté le salut du monde : venez, adorons”, chantons-nous à juste titre le vendredi saint. Oui, aujourd’hui vénérons cette croix du scandale qui pour nous est devenue l’arbre de la Vie. Oui vénérons cet instrument de supplice, qui grâce à Celui qui accepta d’en faire un signe d’amour est devenue pour nous source de lumière et d’espérance, source du salut. Amen.
Nb 21, 4b-9 ou Ph 2, 6-11 / Jn 3, 13-17
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