Le peuple chrétien n’est pas à l’abri des paradoxes. De nombreux croyants souhaitent encore aujourd’hui une Église puissante, autoritaire et triomphante. La fête de Notre-Dame du Rosaire célèbre justement un triomphe militaire des catholiques contre l’ennemi turc à Lépante en 1571.
Le Paradoxe du Rosaire : Humilité et Puissance
On raconte que l’intercession de la Vierge du Rosaire a contribué à cette victoire décisive. Pour remercier Marie, le pape Pie V a inscrit cette solennité au calendrier liturgique. À l’époque, la vision de l’Église était celle d’une institution forte, diffusant la vérité de manière imposante.
Cependant, les mentalités ont évolué. De nos jours, de nombreux catholiques préfèrent une Église plus humble, qui répand la Bonne Nouvelle avec douceur et compassion. Le Rosaire témoigne de cette évolution.
Au Moyen Âge, la plupart des gens ne savaient pas lire. Incapables de prier avec les psaumes, ils étaient privés de cette forme de piété. Au XVe siècle, les Chartreux et, plus tard, les Dominicains ont structuré une pratique religieuse où chaque psaume est remplacé par un Je vous salue Marie. Cette pratique offrait aux plus démunis un accès à une piété simple, conforme à la volonté du Christ qui se soucie des pauvres.
L’Église a toujours été le lieu où l’humilité et l’orgueil coexistent. La mémoire de Notre-Dame du Rosaire exprime ce paradoxe. D’une part, elle célèbre une victoire militaire; d’autre part, elle témoigne d’une prière humble et accessible aux plus simples.
Aujourd’hui, les fidèles ont l’opportunité de méditer avec Marie, en se laissant inspirer par la prière du Rosaire. Peu importe leur manière de témoigner, la Vierge Marie éclaire toujours les cœurs qui se tournent vers elle avec sincérité.
La Parole de Dieu: une force transformante
La Parole de Dieu dans l’évangile d’aujourd’hui pourrait faire le bonheur des psychologues. Lorsque l’homme demande: «Et qui est mon prochain?», Jésus retourne la question, incitant l’homme à se sentir concerné en premier lieu. Jésus ne lui offre pas simplement une réponse, mais une véritable leçon de vie: «Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits? (…) Va, et toi aussi, fais de même.» (Lc 10, 29.36-37).
Jésus appelle à un changement radical de perspective. Plutôt que de se centrer sur lui-même, l’homme est invité à se décentrer et à orienter son regard vers les autres: «De qui puis-je être le prochain?»
En quelques mots, Jésus mène cet homme à une découverte profonde de la vérité.
Dans la lettre aux Galates, Paul exhorte avec force à revenir à l’essentiel. Il défend l’authenticité de l’Évangile avec un ton véhément: «On ne remplace pas le message du Christ comme une vieille chemise!» Pour Paul, altérer l’Évangile revient à réduire le Fils de Dieu au rang de n’importe quel prophète ou illuminé.
Interrogeons-nous: Quelle est la place de la Parole de Dieu dans notre vie?
La Parole de Dieu nous interpelle. Qu’est-elle devenue pour nous aujourd’hui? Un simple discours vide, que l’on remplace facilement par des théories modernes, ou bien une force puissante capable de transformer nos vies?
Ga 1, 6-12 / Lc 10, 25-37
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
voici qu’un docteur de la Loi se leva
et mit Jésus à l’épreuve en disant:
«Maître, que dois-je faire
pour avoir en héritage la vie éternelle?»
Jésus lui demanda:
«Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit?
Et comment lis-tu?»
L’autre répondit:
«Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de toute ta force et de toute ton intelligence,
et ton prochain comme toi-même.»
Jésus lui dit:
«Tu as répondu correctement.
Fais ainsi et tu vivras.»
Mais lui, voulant se justifier,
dit à Jésus:
«Et qui est mon prochain?»
Jésus reprit la parole:
«Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho,
et il tomba sur des bandits;
ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups,
s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin;
il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit;
il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en route,
arriva près de lui;
il le vit et fut saisi de compassion.
Il s’approcha, et pansa ses blessures
en y versant de l’huile et du vin;
puis il le chargea sur sa propre monture,
le conduisit dans une auberge
et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent,
et les donna à l’aubergiste, en lui disant :
“Prends soin de lui;
tout ce que tu auras dépensé en plus,
je te le rendrai quand je repasserai.”
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain
de l’homme tombé aux mains des bandits?»
Le docteur de la Loi répondit:
«Celui qui a fait preuve de pitié envers lui.»
Jésus lui dit:
«Va, et toi aussi, fais de même.»
Pour les lectures du jour, consultez AELF – 7 octobre 2024.
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