Lectures du dimanche 21 août 2022
«Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers.» (Lc 22, 29-30)
À une époque où dans l’Eglise, nous insistons beaucoup sur la miséricorde de Dieu et où nous relativisons parfois les enseignements du magistère, l’évangile de ce dimanche semble détonner. De nombreux prédicateurs enflammés se sont laissés emballés par cet évangile de la porte étroite pour battre un rappel à l’ordre et à la morale. Le jansénisme, convaincu que les élus seraient peu nombreux et que les chrétiens devaient s’approcher de Dieu en tremblant, s’est également largement inspiré de cette page d’évangile. André Gide immortalisa justement cette interprétation janséniste dans un roman publié en 1909, intitulé “La Porte étroite”.
Ce roman nous livre l’histoire d’un jeune couple Jérôme et Alissa, qu’un sermon d’influence janséniste sur cet évangile persuade de mener une vie de refoulement et de renoncement. “La Route que vous nous enseignez Seigneur est une route étroite, étroite à n’y pouvoir marcher deux de front”, déclare Alissa. Dans ce sens, ils décident de renoncer à tout épanouissement de leur amour, pour ainsi par la porte étroite parvenir au Royaume…Dans les pages de son roman, Gide nous laisse toutefois comprendre qu’un tel renoncement, craintif du bonheur ici sur terre, conduit à un chemin de tristesse, de souffrance et de mort.
Dès lors, une telle compréhension de cet évangile ne peut pas être la bonne. En effet, Jésus est venu apporter la vie, la paix et la joie ! Essayons ensemble de dégager quel est l’enseignement de Jésus dans ce passage : l’erreur en lisant ces lignes est de penser que Jésus insiste avant tout sur le petit nombre d’élus. En effet, la pointe de cet évangile enseigne que personne ne peut prétendre passer par la porte et participer au banquet du royaume : non personne ne peut dire qui sera sauvé. Jésus dénonce donc une attitude légaliste et sectaire, telle que celle des Juifs de l’époque de Jésus, pensant détenir, en tant que peuple élu, le monopole du Salut.
Jésus leur répond que la porte est la même pour tous, sans privilège de race, de peuple ou de religion. La manière de mener sa vie et d’agir est bien davantage décisive pour parvenir au salut ! En ce sens, Jésus annonce l’universalité du salut : de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, soit de partout on viendra part au festin dans le royaume de Dieu, pour autant que l’on ait mené une vie conforme aux préceptes de l’évangile…
Is 66, 18-21 / He 12, 5-7.11-13 / Lc 13, 22-30
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