CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Nov 18

Les colères que Dieu habite

Lectures du vendredi 19 novembre 2021

«Il y eut une grande allégresse dans le peuple, et l’humiliation infligée par les païens fut effacée.» (1 M 4, 58)

Les deux passages bibliques d’aujourd’hui ont pour point d’attention le temple de Jérusalem. Dans la première lecture, c’est la célébration de la victoire de Judas Maccabée, l’un des cinq fils de Mattathias qui avait initié la révolte armée contre l’oppresseur. La victoire acquise est couronnée par la restauration du temple de Jérusalem qui avait été profanée par Antiochus Épiphane : dans une ambiance de fête et de joie, on offre des sacrifices cultuels, on reconsacre l’autel. Dans l’évangile, Jésus vient d’entrer triomphalement à Jérusalem. Accueilli de manière messianique, il se rend immédiatement au temple, et en chasse les vendeurs. Cette brève allusion à un Jésus violent nous permet d’établir un parallèle entre les deux lectures.

En effet, dans les deux cas, la préoccupation est la même : redonner au temple sa raison d’être, c’est-à-dire représenter la demeure de Dieu, l’endroit où le rencontrer. L’édifice avait été détourné de sa vocation. Tant Jésus que Judas viennent poser un geste pour rétablir le respect dû au temple. Antiochus Epiphane avait profané le temple, Judas Maccabée vient le restaurer. Jésus quant à lui ne vient pas redorer l’autel du temple ou épousseter les meubles, toutefois par son geste, il vient rappeler que le temple n’est pas une institution commerciale où les fidèles achètent leur pardon mais la maison de Dieu où l’on vient pour le prier.

Autant dans le livre des Martyrs que dans le récit de Luc, nous voyons une réaction positive succéder à la période de violence. Judas et ses frères ont vaincu leurs adversaires, puis ils rendent grâce. Jésus a expulsé les marchands ; après cela la foule est suspendue à ses lèvres. Ainsi, les deux textes évoquent une certaine violence qui peut gêner, déranger.

Pourtant, nous faisons nous aussi quotidiennement l’expérience de la colère et de la violence : les luttes font partie de la vie. Il n’est pas toujours facile pour nous d’accepter que Dieu soit présent dans les conflits, les disputes ou les violences. Nous aurions plutôt tendance à l’écarter de tout cela, à ne pas l’y mêler. Mais, l’Ecriture nous oblige à constater que pour être présent dans notre histoire, Dieu s’est mêlé de nos bagarres. Non qu’il recherche ou veuille la violence, qui est le fruit de notre refus de Dieu. Non, mais au cœur même de nos bagarres, Dieu est aussi présent, il cherche à intervenir pour faire germer la paix, pour en faire finalement sortir quelque chose de bon et de positif.

1 M 4, 36-37.52-59 / Lc 19, 45-48