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Société missionnaire de Bethléem
CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Août 24
Étroite porte: vigilance du cœur et accueil du Royaume

Étroite porte: vigilance du cœur et accueil du Royaume

L’évangile de ce dimanche heurte une sensibilité moderne souvent attachée à l’image d’un Dieu indulgent, accueillant, presque permissif. Il semble au contraire annoncer exclusion, fermeture, effort, jugement. Pourtant, si nous le lisons dans l’Esprit du Christ, cette porte étroite ne signifie pas un salut restreint, mais une invitation personnelle à la vérité et à l’amour réel, loin de tout automatisme religieux.

Dans la lecture de l’Ancien Testament : tous convoqués à la joie

Dans Isaïe 66, Dieu fait entendre une promesse universelle : « Je viens rassembler les hommes de toutes nations et de toutes langues. » (Is 66, 18)

La vision du prophète déborde les frontières d’Israël. Le salut ne concerne plus un peuple exclusif, mais toute l’humanité appelée à contempler la gloire de Dieu. Mieux encore : certains de ces étrangers deviendront prêtres et lévites, signe que l’alliance n’est plus liée à une identité ethnique, mais à une réponse de foi.

Dans l’épître aux Hébreux : être corrigé par amour

La lettre aux Hébreux (12, 5-13) nous introduit à une lecture plus profonde de l’épreuve : « Le Seigneur corrige celui qu’il aime. » Il ne s’agit pas d’un Dieu dur ou vengeur, mais d’un Père qui veut la croissance intérieure de ses enfants. Toute vraie marche vers Dieu exige transformation. La correction n’est pas rejet, mais chemin d’affermissement, pour redresser ce qui était faible et affaibli : « Fortifiez vos mains défaillantes et vos genoux qui fléchissent. »

Dans l’évangile : un appel personnel, pas une menace collective

L’Évangile selon saint Luc (13, 22-30) débute par une question typique : « N’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus ne répond pas par des statistiques, mais par un appel pressant : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. » Ici, Jésus ne cherche pas à décourager, mais à dénoncer une fausse sécurité, notamment celle des Juifs de son temps qui se pensaient sauvés d’office, en raison de leur appartenance au peuple élu.

Jésus casse ce raisonnement : « Je ne vous connais pas. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice. » Il ne suffit pas d’avoir “fréquenté” Jésus, encore faut-il marcher selon son cœur, vivre en cohérence. Il y a donc une tension salutaire : l’appel est universel (cf. Isaïe), mais l’entrée dans le Royaume est personnelle et engageante. Elle passe par l’humilité, la vérité de vie, l’amour réel. Ce n’est pas une religion de façade, mais une existence transformée.

L’évangile de la porte étroite a été interprété de manière très rigide à certaines époques, notamment par le jansénisme, ce courant spirituel exigeant, austère, obsédé par la pureté et le petit nombre d’élus.

André Gide en a donné un récit emblématique dans son roman “La Porte étroite” (1909). On y suit Jérôme et Alissa, deux jeunes gens que la lecture rigoriste de ce passage persuade de renoncer à leur amour. Alissa prononce cette phrase :
« La route que vous nous enseignez, Seigneur, est une route étroite, étroite à n’y pouvoir marcher deux de front. »

Ils sacrifient leur bonheur terrestre pour une sainteté mal comprise, et cette voie du renoncement les conduit non pas à la joie du Royaume, mais à la souffrance et à la mort intérieure.

Ce contresens nous alerte. Car le Christ n’est pas venu pour enfermer, mais pour faire vivre. Il n’invite pas au mépris de soi ou du monde, mais à une conversion vraie, joyeuse, habitée par la confiance.

La petite porte de Bethléem

Dans notre spiritualité de l’Enfant de Bethléem, la porte étroite n’est pas un piège cruel, mais la porte basse par laquelle Dieu est entré dans notre monde.
Elle est celle de la crèche, du silence, de l’humilité, là où Dieu se fait petit pour accueillir tous les hommes. Entrer par cette porte, c’est vivre à sa suite, avec un cœur qui ne cherche pas la grandeur, mais la fidélité concrète.

Le vrai message de ce jour n’est pas : « Peu seront sauvés », mais : « Ne nous croyons pas déjà dedans. Cherchons à entrer pour de vrai. »

Chaque jour, nous sommes invités à traverser la porte du Christ avec nos fragilités, notre foi vivante, et un cœur qui aime.

Prière du jour

Seigneur Jésus,
toi, porte étroite mais toujours ouverte,
apprends-nous à entrer avec confiance,
non avec mérite, mais avec foi.

Délivre-nous des illusions de suffisance,
des appartenances creuses,
et fais de nous des chercheurs du Royaume.

Donne-nous un cœur pauvre et vigilant,
capable de t’aimer en vérité,
jusqu’à la table du festin éternel.

Amen.


Références bibliques

  • Isaïe 66, 18-21
  • Hébreux 12, 5-7.11-13
  •  Luc 13, 22-30

 


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    tandis qu’il faisait route vers Jérusalem,
Jésus traversait villes et villages en enseignant.
    Quelqu’un lui demanda :
« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »
Jésus leur dit :
    « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite,
car, je vous le déclare,
beaucoup chercheront à entrer
et n’y parviendront pas.
    Lorsque le maître de maison se sera levé
pour fermer la porte,
si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte,
en disant :
‘Seigneur, ouvre-nous’,
il vous répondra :
‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’
    Alors vous vous mettrez à dire :
‘Nous avons mangé et bu en ta présence,
et tu as enseigné sur nos places.’
    Il vous répondra :
‘Je ne sais pas d’où vous êtes.
Éloignez-vous de moi,
vous tous qui commettez l’injustice.’
    Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents,
quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob,
et tous les prophètes
dans le royaume de Dieu,
et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors.
    Alors on viendra de l’orient et de l’occident,
du nord et du midi,
prendre place au festin dans le royaume de Dieu.
    Oui, il y a des derniers qui seront premiers,
et des premiers qui seront derniers. »

Lire les lectures sur AELF – 24 août 2025.

Pour méditer

  • Suis-je prêt à laisser Dieu me corriger comme un Père aimant ?
  • Est-ce que je cherche la facilité ou la fidélité ?
  • Quelle est pour moi, aujourd’hui, la porte étroite à franchir ?