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CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Déc 14
Gaudete ! — la joie qui naît quand le Christ remet nos attentes à leur juste place

Gaudete ! — la joie qui naît quand le Christ remet nos attentes à leur juste place

Au cœur de l’Avent, alors que l’attente pourrait se faire lourde ou impatiente, l’Église nous invite soudain à la joie : Gaudete ! Réjouissons-nous, non parce que tout est déjà accompli, mais parce que le Seigneur est proche. Cette joie n’est pas une émotion passagère ; elle est le fruit d’un discernement intérieur, celui qui reconnaît enfin Celui qui vient vraiment nous sauver.

Depuis deux semaines, nous marchons dans l’attente, semblables à ces voyageurs qui patientent à la gare, scrutant les bus qui arrivent, se demandant à chaque fois : est-ce bien celui-là qui nous conduira à destination ? L’image est simple, mais elle dit quelque chose de très juste sur notre manière d’espérer. Toutes les attentes ne conduisent pas au bon terme. Certaines promettent beaucoup mais s’éloignent du but. D’autres demandent un regard plus attentif pour être reconnues.

C’est exactement la question qui traverse l’Évangile de ce jour. Jean-Baptiste, depuis sa prison, envoie ses disciples vers Jésus avec une interrogation brûlante : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11,3) Cette question n’est ni un doute banal ni une faiblesse de foi. Elle est l’expression d’une attente éprouvée, purifiée par l’épreuve. Jean, le prophète de feu, celui qui avait préparé le chemin, se demande maintenant si le bus qu’il voit passer est bien le bon.

Pour comprendre cette question, il faut entendre le cri plus ancien encore qui traverse la première lecture. Le prophète Isaïe annonce un avenir de joie à un peuple brisé par l’exil et la peur : « Le désert et la terre aride se réjouiront… Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, les oreilles des sourds… » (Is 35,1.5) Il ne s’agit pas seulement d’un retour géographique, mais d’une restauration intérieure. Dieu promet une guérison qui touche le cœur de l’homme, son regard, sa marche, sa capacité de vivre pleinement. La joie annoncée par Isaïe n’est pas décorative : elle naît d’une libération réelle.

Face à la question de Jean, Jésus ne donne pas une définition théorique du Messie. Il ne s’impose pas. Il invite à regarder : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez… » Et il énumère les signes : les aveugles voient, les boiteux marchent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Autrement dit, Jésus répond par la vie rendue possible. Il ne correspond peut-être pas aux attentes politiques ou spectaculaires de son temps, mais il accomplit les promesses les plus profondes de Dieu.

Oui, Jésus a déçu certaines espérances. Il n’a pas libéré Israël de l’Empire romain. Il n’a pas restauré un royaume terrestre. Il n’a pas pris le pouvoir. Mais il est allé beaucoup plus loin : il a libéré l’homme de ce qui l’empêche de vivre. Il a touché les racines de l’esclavage intérieur. Il a ouvert un Royaume qui commence là où le cœur est relevé.

La lettre de saint Jacques, lue aujourd’hui, nous aide à entrer dans cette patience joyeuse : « Prenons patience jusqu’à la venue du Seigneur. » (Jc 5,7) La joie chrétienne n’est pas l’impatience de voir tout arriver tout de suite. Elle est la confiance tranquille de celui qui sait que le bon bus arrive, même s’il faut encore attendre.

Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, cette joie prend un visage très concret. Dieu ne vient pas combler nos attentes de grandeur ; il vient les purifier. Il ne satisfait pas tous nos désirs ; il les oriente vers la vie. L’Enfant de la crèche ne s’impose pas : il attire. Il ne promet pas la gloire immédiate, mais une joie profonde, née de la rencontre avec un amour qui libère.

Alors, en ce dimanche de Gaudete, nous pouvons nous poser cette question simple et décisive : parmi tous les bus qui passent devant nous — promesses, projets, sécurités, illusions — lequel nous conduit vraiment vers la vie ? La joie véritable naît lorsque nous choisissons résolument celui de Jésus et de son Église, même s’il semble plus humble, plus lent, moins spectaculaire.

Car c’est Lui, pourtant, qui conduit au Royaume.

Prière du jour

Enfant de Bethléem,
toi qui viens sans bruit relever nos vies,
apprends-nous la joie qui ne déçoit pas.
Purifie nos attentes, éclaire nos choix,
et rends nos cœurs capables de reconnaître ta venue.
Que notre joie naisse de ta présence
et grandisse dans la confiance.
Amen.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
    Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison,
des œuvres réalisées par le Christ.
Il lui envoya ses disciples et, par eux,  lui demanda :
    « Es-tu celui qui doit venir,
ou devons-nous en attendre un autre ? »
    Jésus leur répondit :
« Allez annoncer à Jean
ce que vous entendez et voyez :
    Les aveugles retrouvent la vue,
et les boiteux marchent,
les lépreux sont purifiés,
et les sourds entendent,
les morts ressuscitent,
et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
    Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

    Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient,
Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean :
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ?
un roseau agité par le vent ?
    Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ?
un homme habillé de façon raffinée ?
Mais ceux qui portent de tels vêtements
vivent dans les palais des rois.
    Alors, qu’êtes-vous allés voir ?
un prophète ?
Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
    C’est de lui qu’il est écrit :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,
pour préparer le chemin devant toi.
    Amen, je vous le dis :
Parmi ceux qui sont nés d’une femme,
personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ;
et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux
est plus grand que lui. »

Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 14 décembre 2025.


Références bibliques

  • Is 35, 1-6a.10
  • Jc 5,7-10
  • Mt 11, 2-11