Aujourd’hui, Jésus ne vient pas flatter nos illusions de tranquillité : il parle de feu, de baptême dans la douleur, de divisions jusque dans les familles. Et pourtant, c’est bien le Prince de la paix qui parle. Ce paradoxe apparent dit quelque chose de profond sur la mission du Christ : une paix vraie ne peut naître que d’un amour qui brûle tout ce qui trahit la vérité.
Jérémie dans la citerne
Le prophète Jérémie (Jr 38, 4-6.8-10) est en grand danger. À cause de sa fidélité à la Parole de Dieu, il dérange les puissants. Il est jeté dans une citerne boueuse pour y mourir lentement. Ce geste illustre parfaitement la logique du monde face à ceux qui osent dire la vérité : on préfère les faire taire.
Mais Dieu veille. Un étranger, Ebed-Mélek, prend la défense du prophète. Et le roi, touché par cette intercession courageuse, ordonne que Jérémie soit sauvé. Cette scène révèle déjà ce que le Christ vivra : le juste rejeté, méprisé, mais porté par la fidélité d’un petit reste.
Le feu que Jésus veut allumer
Dans l’Évangile de Luc (Lc 12, 49-53), Jésus déclare : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »
Ce feu, c’est l’amour brûlant du Père, l’Esprit Saint, la Parole vive qui purifie et éclaire. Mais ce feu n’est pas confortable. Il brûle ce qui est mensonge, hypocrisie, tiédeur. Il provoque des ruptures là où l’on refuse la vérité.
Le Christ annonce aussi son baptême, celui de la Passion : il sait que la croix l’attend, et son cœur est en tension jusqu’à ce que tout soit accompli. C’est à travers ce feu qu’il révèle le véritable chemin de la paix : non pas l’absence de conflit, mais la naissance d’un monde nouveau.
Paix véritable, feu nécessaire
Ce paradoxe — feu et paix — n’est pas une contradiction. C’est la vérité de l’Évangile. Le feu de Dieu est un feu d’amour, mais il dérange. Il sépare ce qui est vrai de ce qui est faux, ce qui est humble de ce qui est orgueilleux.
La paix du Christ ne se négocie pas. Elle est don de Dieu, mais aussi fruit d’un combat intérieur. Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, nous comprenons cette paix comme celle d’un cœur pauvre, livré, offert. Jésus, dès la crèche, vient troubler nos logiques humaines : il désarme les puissants, relève les humbles, met les orgueilleux en difficulté.
La division dont il parle n’est pas sa volonté, mais la conséquence inévitable de la lumière : elle révèle, elle éclaire… et parfois, elle dérange. Mais c’est le seul chemin vers la vraie unité, celle du Royaume.
Porter le feu du Christ avec courage
Aujourd’hui, nous sommes invités à accueillir ce feu : à ne pas avoir peur d’être dérangés, déplacés, transformés. Le Christ ne cherche pas à diviser, mais à purifier. Il vient allumer en nous une lumière qui ne doit pas rester cachée.
Comme Jérémie, soyons fidèles, même si cela nous coûte. Comme le Christ, soyons prêts à embrasser une paix exigeante, construite sur la vérité. Et comme l’Enfant de Bethléem, portons cette lumière avec douceur, persévérance et confiance.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
toi qui es venu allumer un feu sur la terre,
fais brûler en nous l’amour vrai,
celui qui éclaire, qui purifie, qui transforme.Donne-nous le courage du prophète,
la patience du serviteur,
et la paix intérieure de l’Enfant de Bethléem.Que ton Esprit nous embrase
et que ton feu nous rende lumineux pour ce monde.
Amen.
Références bibliques
- Jérémie 38, 4-6.8-10
- Hébreux 12, 1-4
- Luc 12, 49-53
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Je suis venu apporter un feu sur la terre,
et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
Je dois recevoir un baptême,
et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !
Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ?
Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division.
Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées :
trois contre deux et deux contre trois ;
ils se diviseront :
le père contre le fils
et le fils contre le père,
la mère contre la fille
et la fille contre la mère,
la belle-mère contre la belle-fille
et la belle-fille contre la belle-mère. »
Lire les lectures sur AELF – 17 août 2025.
Pour méditer
- Quelles vérités suis-je appelé à accueillir, même si elles dérangent ?
- Quel feu le Seigneur veut-il raviver en moi aujourd’hui ?
- Où suis-je appelé à choisir la fidélité plutôt que le confort ou la paix apparente ?
Comments are closed.