La vie chrétienne n’est pas un hasard, mais une œuvre à bâtir avec sagesse et discernement. Jésus nous invite aujourd’hui à la vigilance et à la lucidité : saurons-nous investir notre intelligence, notre énergie et nos dons dans ce qui ne passe pas ? Le salut ne s’improvise pas ; il se construit avec la foi, l’amour et une sainte habileté au service du Royaume.
Dans l’Évangile de ce jour (Lc 16, 1-8), Jésus raconte la parabole du gérant astucieux. Un homme, accusé de gaspiller les biens de son maître, se retrouve brusquement congédié. Face à l’urgence, il agit sans tarder : il revoit les dettes des débiteurs pour s’assurer leur amitié. À première vue, son comportement peut surprendre. Mais Jésus, loin d’en approuver la malhonnêteté, admire son habileté et sa rapidité à réagir.
« Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête, car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. » (Lc 16, 8)
Le seigneur ne loue pas la tromperie, mais l’intelligence stratégique, cette capacité à reconnaître une situation décisive et à y répondre sans délai. Jésus invite ainsi les disciples à mettre le même zèle, la même créativité, la même audace — non pas au service d’intérêts personnels, mais au service de l’Évangile.
Dans la logique du Royaume, la vraie habileté consiste à orienter toute notre vie vers Dieu. L’homme prudent n’est pas celui qui accumule, mais celui qui prépare son éternité. Saint Paul le rappelle dans la lettre aux Romains :
« Je n’ose rien mentionner sinon ce que le Christ a accompli par moi, pour amener les nations à l’obéissance de la foi. » (Rm 15, 18)
Pour Paul comme pour le gérant de la parabole, le temps presse. Il ne s’agit pas de retarder, mais de s’engager dès maintenant, avec intelligence et détermination, dans cette grande œuvre du salut.
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, cette “habileté spirituelle” s’enracine dans la simplicité et la docilité du cœur. Jésus n’agit pas par calcul, mais avec une sagesse pleine d’amour. Il voit la réalité avec les yeux du Père, il discerne ce qui conduit à la vie, et il agit sans hésiter pour le bien.
Suivre son exemple, c’est apprendre à penser avec Dieu, à lire les signes des temps avec un cœur éveillé. C’est faire de chaque situation une occasion d’aimer davantage, de servir, de grandir dans la lumière. Le véritable disciple est celui qui met son intelligence et ses talents au service du Royaume, non pour réussir humainement, mais pour agir avec Dieu.
Le Christ nous appelle à une conversion du regard et de la volonté : à devenir des “fils de la lumière” qui agissent avec la même créativité que les “fils du monde”, mais pour une œuvre infiniment plus belle. Il s’agit d’une urgence d’amour : celle de préparer dès maintenant notre rencontre avec le Père. Ne perdons pas de temps à calculer, mais engageons tout notre être dans la joie du don et dans la confiance.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
toi qui nous appelles à bâtir notre salut avec intelligence et amour,
ouvre nos yeux sur ce qui compte vraiment.
Apprends-nous à discerner l’essentiel,
à agir sans peur et sans retard,
à mettre notre intelligence au service de ton Royaume.
Rends nos cœurs souples et habiles dans le bien,
pour que tout en nous serve à t’aimer et à te faire aimer.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait aux disciples :
« Un homme riche avait un gérant
qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens.
Il le convoqua et lui dit :
“Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ?
Rends-moi les comptes de ta gestion,
car tu ne peux plus être mon gérant.”
Le gérant se dit en lui-même :
“Que vais-je faire,
puisque mon maître me retire la gestion ?
Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force.
Mendier ? J’aurais honte.
Je sais ce que je vais faire,
pour qu’une fois renvoyé de ma gérance,
des gens m’accueillent chez eux.”
Il fit alors venir, un par un,
ceux qui avaient des dettes envers son maître.
Il demanda au premier :
“Combien dois-tu à mon maître ?”
Il répondit :
“Cent barils d’huile.”
Le gérant lui dit :
“Voici ton reçu ;
vite, assieds-toi et écris cinquante.”
Puis il demanda à un autre :
“Et toi, combien dois-tu ?”
Il répondit :
“Cent sacs de blé.”
Le gérant lui dit :
“Voici ton reçu, écris 80.”
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête
car il avait agi avec habileté ;
en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux
que les fils de la lumière. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 7 novembre 2025.
Références bibliques
- Rm 15, 14-21
- Lc 16, 1-8
Pour méditer
- Mettons-nous la même énergie dans la vie spirituelle que dans nos affaires terrestres ?
- Comment notre intelligence peut-elle devenir un instrument au service de l’amour ?
- Savons-nous lire l’urgence du Royaume et y répondre aujourd’hui, sans attendre demain ?





























Comments are closed.