La prière chrétienne n’est pas un cri perdu dans le vide, mais un acte de confiance profonde. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus nous enseigne que Dieu ne nous ignore jamais : Il écoute, Il porte, Il protège. La parabole de la veuve et du juge injuste révèle un secret essentiel : la persévérance dans la prière n’est pas pour convaincre Dieu, mais pour convertir notre cœur à son amour.
Le Livre de la Sagesse (Sg 18,14–16 ; 19,6–9) nous replonge dans l’histoire d’Israël libéré d’Égypte. Il évoque la nuit où « ta Parole toute-puissante s’élança du ciel » (Sg 18,15), et le passage de la mer Rouge où Dieu « les conduisit à travers des eaux profondes » (Sg 19,7). Ces événements rappellent deux choses essentielles :
- Dieu agit au moment juste, même lorsqu’il semble tarder.
- Dieu prend le parti des faibles, des opprimés, de ceux qui n’ont plus d’appui humain.
La veuve de la parabole que Jésus nous raconte aujourd’hui est l’image même de ce peuple : pauvre, vulnérable, sans défense… mais portée par un Dieu fidèle.
En effet, Jésus raconte une parabole « sur la nécessité de toujours prier sans se décourager » (Lc 18,1). Une veuve — symbole de fragilité, mais aussi de détermination — demande justice à un juge corrompu. Il ne craint ni Dieu ni les hommes, mais finit par céder « pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer ».
Jésus souligne le contraste : si un juge injuste finit par agir, combien plus Dieu, qui est amour et justice, se penchera « bien vite » sur ses élus (Lc 18,7-8). La prière persévérante n’est pas un harcèlement envers Dieu. C’est un acte de foi. C’est croire que Dieu se penche, même quand il semble se taire.
Dans notre spiritualité de l’Enfant de Bethléem, cette page d’Évangile s’éclaire d’une manière toute particulière. La veuve : le visage de la vraie pauvreté : comme l’Enfant de la crèche, la veuve n’a ni sécurité ni pouvoir. Sa seule force est son cri, sa persévérance, son espérance. Elle nous révèle que la vraie prière naît de l’humilité et que Dieu se laisse toucher non par la puissance, mais par la petitesse.
Le juge ne veut pas défendre la veuve ; Dieu, lui, se fait son défenseur. L’Enfant de Bethléem nous montre un Dieu qui se fait petit pour rejoindre les petits. La prière nous dépouille de nos illusions, nous rend simples, confiants, pauvres de cœur. Elle nous apprend à dire comme Jésus : « Que ta volonté soit faite. » Elle nous purifie jusqu’à ce que notre cœur devienne un lieu où Dieu peut venir.
Jésus termine par une question qui traverse les siècles : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi ? » La foi n’est pas un sentiment mais une fidélité concrète : persévérer quand rien ne bouge, espérer quand tout semble fermé, croire que Dieu agit même quand Il est silencieux. C’est la foi des bergers de Bethléem, des pauvres qui veillent dans la nuit.
Aujourd’hui, Jésus nous invite : à reprendre la prière délaissée, à continuer malgré la fatigue ou l’impression de sécheresse, à croire que Dieu agit dans l’invisible, à nous tenir comme l’Enfant de Bethléem : pauvres, confiants, ouverts.
La prière persévérante n’est pas un effort humain héroïque. C’est un abandon quotidien entre les mains du Père.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui accueilles la prière des petits et des pauvres,
apprends-nous à prier sans nous décourager.
Donne-nous un cœur humble, patient et confiant.
Lorsque nos forces faiblissent,
ravive en nous la foi qui s’abandonne à ta tendresse.
Que ta justice soit notre espérance
et ta présence notre paix.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples une parabole
sur la nécessité pour eux
de toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville
un juge qui ne craignait pas Dieu
et ne respectait pas les hommes.
Dans cette même ville,
il y avait une veuve qui venait lui demander :
“Rends-moi justice contre mon adversaire.”
Longtemps il refusa ;
puis il se dit :
“Même si je ne crains pas Dieu
et ne respecte personne,
comme cette veuve commence à m’ennuyer,
je vais lui rendre justice
pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” »
Le Seigneur ajouta :
« Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !
Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus,
qui crient vers lui jour et nuit ?
Les fait-il attendre ?
Je vous le déclare :
bien vite, il leur fera justice.
Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 15 novembre 2025.
Références bibliques
- Sg 18, 14-16 ; 19, 6-9
- Lc 18, 1-8
Pour méditer
- Quelle prière ai-je abandonnée trop vite ?
- Où ai-je besoin aujourd’hui d’une confiance nouvelle en Dieu ?
- Comment puis-je prier avec un cœur plus pauvre, plus simple ?





























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