La foi chrétienne n’est pas une impression floue ni une sensibilité passagère : elle est cette force intérieure qui, même dans l’obscurité, continue d’appeler la lumière. Aujourd’hui, l’Évangile nous donne à contempler une scène simple, presque ordinaire : un aveugle assis au bord d’une route, une foule compacte qui avance vers Jéricho, un cri qui s’élève. Et pourtant, dans cette situation apparemment banale, Jésus dévoile la puissance la plus grande qui soit : la foi qui sauve.
La première lecture nous ramène, quant à elle, au temps dramatique des persécutions d’Israël sous Antiochus Épiphane. Une époque où l’on interdisait la Loi, où l’on forçait le peuple à se prosterner devant des idoles, où fidélité signifiait danger de mort. Beaucoup cédèrent, mais certains restèrent debout, refusant de renier l’Alliance. Ils préféraient perdre la vie plutôt que de perdre Dieu. Cette fidélité héroïque n’est pas d’abord un acte de courage, mais une expression de foi : une confiance qui s’accroche à Dieu même lorsque tout pousse à l’abandon.
C’est cette même ténacité intérieure qui brille chez l’aveugle de l’Évangile. Assis au bord de la route, dépendant, ignoré, réduit à tendre la main, il entend soudain que Jésus passe. Et alors surgit ce cri extraordinaire, ce cri qui résume toute la foi biblique : « Jésus, Fils de David, prends pitié de moi ! » On tente de le faire taire, on lui impose le silence des exclus ; mais plus on le rabroue, plus il insiste. Parce que la foi ne se résigne pas. Parce que la foi ne demande pas la permission de vivre. Parce que la foi ne connaît pas la honte de mendier la grâce.
Jésus s’arrête. Il s’arrête toujours pour ceux qui l’appellent. Il ne se laisse détourner ni par le bruit de la foule ni par l’agitation ambiante. Son attention va directement vers celui qui souffre et qui croit. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Cette question n’est pas rhétorique : elle ouvre un espace de relation, elle engage le désir, elle permet à l’aveugle de se tenir debout intérieurement. Et la réponse jaillit, simple et bouleversante : « Seigneur, que je retrouve la vue. » Alors vient cette parole qui traverse les siècles : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. »
La guérison ne touche pas seulement ses yeux, mais tout son être. Il se met à suivre Jésus, non pas par obligation, mais parce que la lumière qu’il a reçue devient un chemin. Et tout le peuple, témoin de la scène, glorifie Dieu. La foi d’un seul rallume la foi de tous.
Dans la lumière de Bethléem, cet Évangile prend un relief encore plus délicat. L’Enfant de la crèche, fragile, pauvre et accessible, nous révèle un Dieu qui se laisse toucher non par la force mais par la petitesse. L’aveugle de Jéricho lui ressemble : il n’a rien à offrir, rien qui puisse impressionner. Sa seule richesse est son cri. C’est cette pauvreté-là qui attire Dieu. C’est cette nudité du cœur que l’Enfant de Bethléem nous demande d’embrasser pour entrer dans la vraie foi : une foi pauvre, simple, nue, mais irrésistible.
Ainsi, les lectures de ce jour nous redisent avec force que la foi n’est pas une sensation fragile mais une décision intérieure ; non pas une émotion, mais une adhésion ; non pas un vague élan spirituel, mais un acte profond par lequel nous nous remettons à Dieu avec confiance. Une foi véritable est une foi qui ose appeler Jésus, qui insiste même quand on la décourage, qui continue à croire même quand les circonstances semblent contraires.
La Parole de Dieu nous invite aujourd’hui à raviver cette foi : à oser demander ce dont nous avons vraiment besoin, à reconnaître nos propres zones d’aveuglement, à refuser d’étouffer les cris qui montent de notre cœur, à nous tourner vers le Christ avec la simplicité de l’Enfant de Bethléem. La prière des petits est celle que Dieu préfère.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui entends le cri des pauvres
et qui t’arrêtes devant ceux que le monde oublie,
affermis notre foi.
Donne-nous la ténacité de l’aveugle de Jéricho,
la confiance des petits de Bethléem,
la fidélité des saints qui ont tout donné pour toi.
Ouvre nos yeux
sur ta présence au cœur de nos obscurités.
Que notre vie devienne une louange
et que notre foi persévérante
nous conduise jusqu’à ta lumière.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Alors que Jésus approchait de Jéricho,
un aveugle mendiait, assis au bord de la route.
Entendant la foule passer devant lui,
il s’informa de ce qu’il y avait.
On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait.
Il s’écria :
« Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! »
Ceux qui marchaient en tête
le rabrouaient pour le faire taire.
Mais lui criait de plus belle :
« Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène.
Quand il se fut approché, Jésus lui demanda :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Il répondit :
« Seigneur, que je retrouve la vue. »
Et Jésus lui dit :
« Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. »
À l’instant même, il retrouva la vue,
et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu.
Et tout le peuple, voyant cela,
adressa une louange à Dieu.
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 17 novembre 2025.
Références bibliques
- 1 M 1, 10-15.41-43.54-57.62-64
- Lc 18, 35-43
Pour méditer
- Quelle foi Jésus veut-il réveiller en moi aujourd’hui ?
- Quel cri dois-je oser lui adresser malgré les résistances ?
- Où suis-je invité à devenir petit pour mieux croire ?





























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