À l’approche de Noël, la Parole de Dieu nous conduit au cœur même du mystère chrétien : Dieu ne reste pas à distance, il vient demeurer avec nous. Après la longue généalogie de Jésus, l’Évangile d’aujourd’hui nous révèle comment Dieu choisit d’entrer concrètement dans notre histoire. Non par éclat, mais par proximité. Non par puissance, mais par confiance.
Dans la continuité de la généalogie proclamée la veille, Matthieu nous conduit aujourd’hui aux origines immédiates de Jésus. Il ne s’agit plus d’une succession de noms, mais d’un événement précis, fragile, presque silencieux : une jeune femme enceinte, un homme juste troublé, un ange qui parle dans le secret d’un songe. Tout semble discret, humain, vulnérable. Et pourtant, c’est là que Dieu agit.
Dans la première lecture, le prophète Jérémie annonce un avenir de salut à un peuple éprouvé. La royauté de David semble éteinte, réduite à une souche presque morte. Et pourtant, Dieu promet : « Je ferai surgir pour David un Germe juste » (Jr 23,5). Ce Messie ne viendra pas imposer une domination, mais exercer le droit et la justice. Jérémie lui donne un nom étonnant : « Le-Seigneur-est-notre-justice ». Le salut promis n’est pas d’abord politique ou militaire ; il est relationnel. Dieu restaure son peuple en se rendant fidèle à lui-même.
L’Évangile selon saint Matthieu nous montre l’accomplissement de cette promesse. Jésus naît bien de la lignée de David, mais d’une manière qui dépasse toute attente. Marie est enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, homme juste, choisit la discrétion plutôt que la dénonciation. Et c’est dans ce contexte de fragilité humaine que Dieu se révèle. L’ange donne à l’enfant trois noms, ou plutôt trois manières de comprendre sa mission.
Il s’appellera Jésus, « le-Seigneur-sauve », car il libérera son peuple de ses péchés. Il est aussi Emmanuel, « Dieu-avec-nous » : non un Dieu lointain, mais un Dieu présent, solidaire, proche. Et à travers la promesse prophétique, il est encore le Seigneur notre justice, celui qui rétablit la relation brisée entre Dieu et l’homme. Ces noms ne sont pas décoratifs. Ils disent ce que Dieu fait. Dieu ne se contente pas d’agir de l’extérieur : il entre dans notre condition. Il accepte de dépendre d’un couple, d’un oui discret, d’une obéissance silencieuse. Il choisit de passer par des chemins humains pour accomplir son œuvre de salut.
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, ce mystère est central. Dieu ne sauve pas le monde en le dominant, mais en l’habitant. Il ne s’impose pas ; il se confie. Il ne force pas les portes ; il demande à être accueilli. L’Enfant de la crèche nous révèle un Dieu qui a besoin de l’homme pour rejoindre l’homme. Et ce mystère ne s’arrête pas à Bethléem. Aujourd’hui encore, Dieu cherche à prendre chair dans notre monde à travers nos gestes simples : une parole de pardon, une écoute patiente, un accueil offert, une justice vécue humblement. Dieu continue d’être « avec nous » là où nous acceptons de le laisser passer.
À quelques jours de Noël, la Parole de Dieu nous confie une responsabilité douce et exigeante : permettre à Dieu de naître aujourd’hui. Non par de grands discours, mais par une disponibilité intérieure. Comme Joseph, accueillir ce qui dépasse notre compréhension. Comme Marie, consentir à porter Dieu dans le quotidien.
En ces jours, demandons-nous comment Dieu peut, à travers nous, se rendre proche de ceux qui attendent encore une présence, une justice, une espérance.
Prière du jour
Enfant de Bethléem,
toi qui as choisi de demeurer avec nous,
apprends-nous à reconnaître ta présence
dans les chemins ordinaires de nos vies.
Donne-nous la confiance de Joseph,
la disponibilité de Marie,
et la joie de ceux qui savent
que Dieu ne s’est pas éloigné.
Que nos vies deviennent un lieu
où tu peux encore dire :
« Je suis avec vous ».
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Voici comment fut engendré Jésus Christ :
Marie, sa mère,
avait été accordée en mariage à Joseph ;
avant qu’ils aient habité ensemble,
elle fut enceinte
par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux,
qui était un homme juste,
et ne voulait pas la dénoncer publiquement,
décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet,
voici que l’ange du Seigneur
lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David,
ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,
puisque l’enfant qui est engendré en elle
vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils,
et tu lui donneras le nom de Jésus
(c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve),
car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
Voici que la Vierge concevra,
et elle enfantera un fils ;
on lui donnera le nom d’Emmanuel,
qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla,
il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit :
il prit chez lui son épouse.
Références bibliques
- Jr 23, 5-8
- Mt 1, 18-24






























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