Lectures du dimanche 2 juillet 2023
«Celui qui s’arrête chez nous est un saint homme de Dieu» (2 R 4, 8-11.14-16a)
L’Evangile de ce jour clôt une série de discours que Jésus adressa aux disciples qu’il avait envoyés en mission, et nous apprend ainsi quel attachement il attend de ceux qui veulent se mettre à sa suite. Il ne s’agit pas de facilité, mais plutôt d’héroïsme !
Jésus exige en effet la première place dans le coeur de ses apôtres ; il veut être aimé et servi en priorité. Et cela va très loin : «Celui qui aime son père, sa mère, son fils, sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi.» Il va même plus loin encore dans ses exigences : non seulement il veut être la personne privilégiée, mais il demande qu’on le préfère à soi-même : «Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.» Autrement dit, aller à la suite de Jésus — et cela vaut pour tous c’est le faire passer avant nos goûts personnels, c’est lui sacrifier notre indépendance et nous laisser conduire là où bon lui plaît ; c’est le laisser construire lui-même notre sainteté. Or un tel choix peut s’avérer, selon les circonstances, dur et difficile, équivaloir à accepter la croix, à mourir à soi-même. Et pourtant, souligne Jésus, c’est la seule manière possible de trouver la vie : « Qui veut garder sa vie pour soi la perdra, qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. »
Saint Paul explique ce mystère dans la seconde lecture par ces paroles : «Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous vivrons aussi avec lui.» Cette identification au Christ vise à nous établir dans des relations identiques aux siennes par rapport à Dieu et par rapport aux hommes. C’est le grand commandement : aimer Dieu et aimer son prochain.
Vis-à-vis de Dieu, nous sommes appelés à une attitude toute filiale, puisque que nous percevons Dieu comme Père. Et vis-à-vis des hommes nous sommes invités à une fraternité profonde, puisque nous sommes fils et filles du même Père, et donc frères et sœurs entre nous. Or cela n’est possible qu’en Jésus Christ, avec lui et par lui. C’est pourquoi les sacrifices que nous demande le Seigneur ne constituent aucunement des mutilations de notre amour, mais au contraire des transformations positives de notre manière d’aimer.
Donc, pour vivre à la suite du Christ, ne pensons pas d’abord à des gestes éclatants ni à des efforts surhumains. Pensons plutôt au quotidien vécu chaque jour. C’est là qu’on peut mourir à soi, c’est là qu’on peut suivre le Christ sans jouer la comédie. Ouvrir son coeur, penser d’abord à l’autre alors qu’on a tendance à ne penser qu’à soi. Ne jamais dire : j’en ai assez fait, que les autres se débrouillent, moi je me débrouille bien tout seul ; ne pas se contenter de pousser de grands cris parce qu’il y a des injustices énormes dans le monde, des souffrances insupportables. Mais être sensible aussi aux injustices commises chez nous et autour de nous, et s’efforcer de les corriger. Ouvrir sa porte chaque jour, ouvrir chaque jour son cœur… c’est cela préférer le Christ à tout et à tous ; c’est cela porter sa croix, c’est cela perdre sa vie pour la sauver.
L’amour de Dieu exige de notre part une conduite semblable à celle du Christ. Et si cette attitude nous occasionne parfois des déchirements, des sacrifices, des choix douloureux, des croix à porter, il n’est pas moins certain que c’est dans cette imitation du Christ que nous trouverons finalement la vraie joie, le salut et la vie en plénitude.
C’est pourquoi, frères et soeurs, ouvrons généreusement notre coeur au Seigneur, spécialement durant l’Eucharistie qui nous rassemble aujourd’hui, et demandons lui la grâce de ne jamais rien lui refuser. Il nous le revaudra ! Amen.
2 R 4, 8-11.14-16a / Rm 6, 3-4.8-11 / Mt 10, 37-42
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