Face au mal qui habite nos cœurs, nous faisons souvent l’expérience de notre impuissance. Comme saint Paul, nous voulons faire le bien, mais nous faisons parfois le contraire. L’Évangile de ce jour nous appelle à reconnaître cette lutte intérieure non comme un échec, mais comme le lieu où Dieu agit et nous libère par sa grâce.
La faiblesse humaine et la grâce qui délivre
Dans la lettre aux Romains (Rm 7, 18-25a), Paul nous livre un aveu d’une grande sincérité :
« Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. » (Rm 7, 19)
L’Apôtre ne parle pas ici d’un désespoir moral, mais d’une expérience spirituelle universelle : la tension entre le désir du bien et la force du mal. Même au plus profond de nous-mêmes, alors que nous voulons aimer et servir Dieu, une autre loi agit — celle du péché, qui nous tire vers l’égoïsme et la peur.
Mais Paul ne s’arrête pas à ce constat. Il s’écrie :
« Qui me délivrera de ce corps voué à la mort ? Grâces soient rendues à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ! » (Rm 7, 24-25)
Le salut ne vient pas de nos propres forces, mais de la grâce offerte en Jésus. C’est elle qui brise l’enfermement du mal, qui transforme la culpabilité en liberté. Reconnaître notre faiblesse devient alors une porte ouverte à la miséricorde : Dieu nous sauve non parce que nous sommes forts, mais parce qu’Il est Amour.
Discerner le bien à la lumière du Christ
Dans l’Évangile de Luc (Lc 12, 54-59), Jésus interpelle la foule avec une lucidité dérangeante :
« Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel, mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? » (v. 56)
Il nous invite à discerner les signes des temps, c’est-à-dire à lire notre vie, nos blessures et les événements du monde à la lumière de Dieu. Le Christ ne condamne pas : il éveille la conscience. Son appel à « juger par vous-mêmes ce qui est juste » n’est pas une accusation, mais une invitation à la conversion intérieure — à regarder nos relations, nos choix et nos désirs sous le feu de la vérité et de la paix.
Cette conversion n’est pas une punition, mais une guérison. Elle commence par la réconciliation :
« Mets-toi en accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin… » (v. 58)
Là où le mal divise, le Christ invite à reconstruire le lien, à devenir artisans de paix, à guérir les blessures en nous et autour de nous.
Dans la lumière de Bethléem
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, la victoire sur le mal ne se joue pas dans la puissance, mais dans la petitesse confiante. L’Enfant nous enseigne la douceur qui désarme, la pauvreté qui libère, l’humilité qui guérit.
Se libérer du mal en soi, c’est laisser le Christ naître et croître dans notre cœur. C’est accueillir sa lumière dans nos zones d’ombre, sans fuir ni désespérer.
Dieu ne supprime pas le combat intérieur : il y entre avec nous. Le feu de sa grâce brûle ce qui nous enferme, pour nous rendre capables d’aimer à nouveau. Ainsi, dans le silence et la prière, nous pouvons dire :
« Seigneur, fais grandir en moi la lumière du Christ. Qu’elle consume le mal et illumine ma vie. »
Mettons-nous aujourd’hui à l’école de la miséricorde. Là où nous voyons notre faiblesse, voyons aussi l’occasion d’aimer davantage. Cherchons la réconciliation, choisissons la vérité, gardons les yeux fixés sur le Christ : il est notre liberté.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui connais le combat de nos cœurs,
fais grandir en nous la lumière de ton Esprit.
Délivre-nous du mal qui nous habite
et rends-nous capables d’aimer comme Toi.
Que la douceur de l’Enfant de Bethléem
purifie nos vies et fasse de nous des artisans de paix.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait aux foules :
« Quand vous voyez un nuage monter au couchant,
vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir,
et c’est ce qui arrive.
Et quand vous voyez souffler le vent du sud,
vous dites qu’il fera une chaleur torride,
et cela arrive.
Hypocrites !
Vous savez interpréter
l’aspect de la terre et du ciel ;
mais ce moment-ci,
pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ?
Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes
ce qui est juste ?
Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat,
pendant que tu es en chemin
mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui,
afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge,
que le juge ne te livre à l’huissier,
et que l’huissier ne te jette en prison.
Je te le dis :
tu n’en sortiras pas
avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 24 octobre 2025.
Références bibliques
- Rm 7, 18-25a
- Lc 12, 54-59
Pour méditer
- Quels sont les “nuages” et les “vents” intérieurs qui m’empêchent de discerner la présence du Christ ?
- Où Dieu m’invite-t-il à me réconcilier aujourd’hui ?
- Comment la grâce de Bethléem agit-elle en moi, même dans ma faiblesse ?




























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