La foi chrétienne est parfois perçue comme une folie. Folie d’aimer sans mesure, de croire sans preuve, d’espérer contre toute espérance. L’Évangile de ce jour nous fait entrer dans cette logique divine, où la persévérance dans la prière devient un acte de confiance absolue. À la manière de l’ami importun, la foi obstinée est celle qui ose frapper à la porte de Dieu jusqu’à ce qu’elle s’ouvre.
Dans la première lecture : le feu de la fidélité
Le prophète Malachie (Ml 3, 13-20a) dénonce la tiédeur et le cynisme du peuple :
« Vous dites : servir Dieu ne sert à rien ! Quel profit avons-nous à observer ses commandements ? » (Ml 3, 14)
Mais Dieu répond par la promesse : « Pour vous qui craignez mon nom, le soleil de justice se lèvera, avec la guérison dans ses rayons. » (Ml 3, 20).
C’est une parole de feu et d’espérance : Dieu ne se laisse pas vaincre par l’indifférence. Il veille sur les justes, même dans l’obscurité de la nuit.
Ce passage prépare le cœur à entendre l’Évangile : la foi persévérante, celle qui ne se lasse pas de prier, fait naître la lumière au cœur des nuits humaines.
Dans l’Évangile : la folie de l’espérance
Dans Luc 11, 5-13, Jésus raconte l’histoire d’un ami qui, en pleine nuit, frappe à la porte d’un autre pour lui demander du pain. Il dérange, insiste, et obtient finalement ce qu’il demande, non pas par amitié, mais à cause de son audace.
« Même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami. » (Lc 11, 8)
Et Jésus conclut :
« Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. » (Lc 11, 9)
Il ne s’agit pas ici d’un caprice spirituel, mais d’un appel à une foi confiante, à une espérance qui ne se résigne pas.
Cette prière sans relâche ne fatigue pas Dieu : elle L’honore, car elle révèle notre dépendance filiale.
La logique du Royaume : folie d’amour et confiance filiale
Dans l’esprit de l’Enfant de Bethléem, cette « folie » n’est autre que celle de l’amour qui ne calcule pas.
Bethléem, lieu de petitesse et de confiance, nous enseigne que la vraie sagesse de Dieu se cache dans les gestes simples et obstinés : un appel répété, un cœur qui persiste à croire, une prière murmurée dans la nuit.
La foi du croyant ressemble à cette main d’enfant qui frappe sans crainte à la porte du Père.
C’est la folie des petits, celle qui ose tout attendre, parce qu’elle a tout remis entre les mains du Père.
Saint Paul dira :
« Il a plu à Dieu de sauver ceux qui croient par la folie de la prédication. » (1 Co 1, 21)
C’est cette même folie qui fait vivre les saints et les missionnaires : espérer, demander, se relever, et continuer à croire que Dieu donnera son Esprit Saint à ceux qui le Lui demandent (Lc 11, 13).
Osons, comme cet ami sans gêne, frapper avec persévérance à la porte du Ciel.
Osons croire que notre pauvreté attire la tendresse de Dieu.
Et surtout, osons garder en nos cœurs ces grains de folie spirituelle — ceux de l’espérance, de la confiance, et du don total à la manière de l’Enfant de Bethléem.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui accueilles nos prières avec patience,
donne-nous la folie des enfants de Dieu,
celle qui espère, qui cherche et qui frappe sans se lasser.
Fais grandir en nous la confiance filiale
dans les prévenances du Père.
Que notre prière soit un chant d’amour,
et notre vie, une offrande humble et persévérante.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Imaginez que l’un de vous ait un ami
et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :
“Mon ami, prête-moi trois pains,
car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,
et je n’ai rien à lui offrir.”
Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :
“Ne viens pas m’importuner !
La porte est déjà fermée ;
mes enfants et moi, nous sommes couchés.
Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose.”
Eh bien ! je vous le dis :
même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,
il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,
et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Moi, je vous dis :
Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ;
à qui frappe, on ouvrira.
Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,
lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
ou lui donnera un scorpion
quand il demande un œuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais,
vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint
à ceux qui le lui demandent ! »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 9 octobre 2025.
Références bibliques
- Ml 3, 13-20a
- Lc 11, 5-13
Pour méditer
- Quelle place la persévérance occupe-t-elle dans ma prière ?
- Ai-je la simplicité d’un enfant qui ose tout demander à son Père ?
- Quels « grains de folie évangélique » puis-je semer dans ma vie quotidienne ?
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